Die-in, le 14 décembre 2024, un hommage allongé sur la route pour dire « STOP aux violences motorisées ». Entre Montpellier et Castelnau-le-Lez, le mercredi 4 décembre, une grand-mère a été mortellement renversée par un automobiliste, alors qu’elle traversait un passage piéton avec son petit-fils. La voie, pourtant limitée à 50 km/h, est régulièrement empruntée à des vitesses excessives.
« Est-ce aux enfants d’être prudents, ou aux adultes de cesser d’être dangereux au volant ? » Dominique Ripert
Pour Nicolas Gou, Président de la Ligue contre la violence routière de l’Hérault : « ce n’est pas un simple fait divers, c’est un phénomène de société qui se reproduit beaucoup trop souvent. » Ce drame, qui endeuille une nouvelle famille, s’inscrit dans une série d’accidents sur des piétons de la métropole, comme à Près d’Arènes en février, avenue de Toulouse en août ou encore devant une école maternelle en septembre. Aurore Chesnay de Vélocité rappelle que « 42 % des piétons tués le sont alors qu’ils se trouvent sur un passage protégé. »
En interview, Nicolas Gou confie que des mesures concrètes sont urgentes comme la mise en place des radars de 3e génération. Pour Richard Corvaisier, Conseiller municipal d’opposition à Castelnau-le-Lez « il faut arrêter d’être dans le déni. » Quant à Manu Reynaud, adjoint de Michaël Delafosse, il prône un mouvement de type « #MeToo des violences routières. »
La réalité du danger est omniprésente, insidieusement intégrée dans notre quotidien, et les mots de Dominique Ripert, de l’association Montpellier à pied, sonnent comme un cri d’alerte et une prise de conscience qu’il faut déclencher : « Cette violence motorisée est si largement banalisée, elle devient si acceptable que l’on demande souvent aux enfants d’endosser la responsabilité des comportements dangereux des adultes. Est-ce aux enfants d’être prudents ou aux adultes de cesser d’être dangereux au volant ? »
[VIDEO] Prises de parole des 3 associations à l’origine de ce rassemblement : Vélocité Grand Montpellier, La ligue contre la violence routière de l’Hérault et Montpellier à Pied, le samedi 14 décembre 2024
Selon Nicolas Gou, il est impératif d’agir sur plusieurs fronts : « aujourd’hui, il faut clairement une prise de conscience des usagers … que ce soit par la vitesse, le téléphone au volant, l’alcool ou les stupéfiants. »
[VIDEO] Interview Nicolas Gou Président de LCVR34 :
Pour aller vers des mobilités apaisées, Richard Corvaisier plaide pour un changement de regard. Il appelle à affronter la réalité de la violence routière : « il faut regarder les situations dramatiques en face, sans être dans le déni, et prendre en compte les difficultés des piétons, des personnes âgées, des personnes en situation de handicap et des cyclistes. » Le responsable politique revient sur l’importance de rappeler les règles de partage de l’espace public, et insiste sur le rôle clé des élu·e·s : aménagements, sensibilisation et répression.
[VIDEO] Interview Richard Corvaisier, Conseiller municipal d’opposition à Castelnau-le-Lez :
Pour Manu Reynaud : « l’espace public appartient d’abord aux piétons ». Lors de cette mobilisation, il défend un changement de mentalité radical : « nous sommes d’abord toutes et tous piéton·ne·s dans l’espace public » et peut-être faudra-t-il un « #MeToo de la violence routière » pour en prendre conscience et repenser la place de la voiture en ville.
[VIDEO] Interview Manu Reynaud, adjoint du maire de Montpellier et conseiller métropolitain :
« Marcher, c’est la liberté, mais il faut pouvoir le faire en sécurité », explique Dominique Ripert. Lors de cet hommage rendu à Montpellier, elle insiste sur la nécessité de rééquilibrer l’espace public : « il faut réduire la place des véhicules motorisés. C’est inéluctable pour l’avenir, pour la santé. »
[VIDEO] Interview Dominique Ripert, secrétaire de l’association Montpellier à Pied :
La « violence motorisée »
Quelques semaines auparavant, le 15 octobre à Paris, Paul Varry, jeune cycliste de 27 ans, était tué par un automobiliste, aujourd’hui mis en examen pour meurtre. Les faits, qualifiés de volontaires par la justice, avaient provoqué une onde de choc nationale. Cet acte avait mobilisé des dizaines de milliers de personnes dans plus de 300 villes le 19 octobre, dénonçant la « violence motorisée » et réclamant des mesures urgentes.
En 2024, cette violence sur les routes reste un fléau, de nombreuses associations, comme la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), exigent des politiques plus audacieuses. Parmi les solutions proposées figure la généralisation des zones à 30 km/h, des aménagements limitant la vitesse, un renforcement des contrôles et des sanctions accrues. Ces mesures doivent s’inscrire dans une vision ambitieuse de « ville sans accident », adoptée avec succès à Oslo et en cours de mise en œuvre à Lyon.
En réponse à ces drames, une mission nationale de quatre mois a été lancée pour lutter contre les violences routières. Par ailleurs, la plateforme stopviolencesmotorisees.org appelle les citoyens à signer une pétition et à témoigner.
