Hérault -3% : une politique culturelle solidaire maintenue malgré les coupes budgétaires

Hérault 24 mars 2025 Assemblée départementale - Photo - PLURIELLE INFO
Hérault 24 mars 2025 Assemblée départementale - Photo - PLURIELLE INFO

Dans un contexte financier contraint, le département de l’Hérault semble confirmer pour 2025 son engagement en faveur d’une culture accessible à tous.

C’est un président calme, mais intérieurement courroucé, qui tacle ce 24 mars une presse qu’il qualifie à sa façon de vénale : « les médias sont en grande partie responsables de ce trouble-là. Ce qui les intéresse c’est de vendre du papier, de vendre de l’audimat et plus ils créent des polémiques et plus ils sont contents. Il y a des journalistes que je croise régulièrement qui ont fait des articles qui ont mon numéro, et qui ne m’ont même pas demandé si c’était vrai ou pas. »

Remarque intéressante, sachant qu’il serait arrivé au Président du département de lâcher en comité restreint : « avec tout le pognon qu’on leur donne, ils pourraient au moins, bien faire le boulot. » Selon nos sources, Kleber Mesquida parlait là d’un titre de presse appartenant à la famille Baylet. Donc, à l’occasion sur ces questions de budget, il sera riche d’enseignement pour les Héraultais·es d’avoir un peu ou beaucoup de transparence sur les relations financières du département avec la presse locale. Mais revenons à la culture !

Pourcentages -100% -48% -3%…

Quel était donc ce trouble et qu’est-ce qui était vrai ou faux ? En janvier 2025, Kléber Mesquida, président du conseil départemental de l’Hérault, a annoncé la suppression complète des subventions non obligatoires dédiées à la culture, une décision qui a suscité de vives réactions parmi les professionnels du secteur. Face aux critiques, le président a précisé que le budget culturel serait réduit de 48 % et non de 100 %, en maintenant les financements pour les médiathèques, les écoles de musique et les actions sociales liées à la culture.

Aujourd’hui face aux contraintes financières, les élu·es ont souligné l’importance du dialogue avec les intercommunalités (EPCI). Dix d’entre elles ont accepté de prendre en charge localement certaines conventions culturelles. Grâce à ce transfert de charges, « la baisse réelle du budget culture 2025 serait limitée à 3 %, » précisera avec rythme et éloquence Zita Chelvi-Santin, mais sans aborder les incertitudes pesant sur les années à venir.

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Gabriel Blasco salue la mobilisation du secteur culturel

Gabriel Blasco, élu communiste au département a salué ce travail collectif : « nous, élus communistes, on se félicite sincèrement du travail effectué qui a permis d’arriver à ce budget tant au niveau des élus… que par la mobilisation du secteur culturel. Il a su par sa mobilisation rendre visibles les risques réels auxquels étaient confrontés ces professionnels et par la mobilisation ils ont réussi à faire bouger les choses. » Mais Kleber Mesquida répond : « je ne peux pas moi dire que c’est grâce à eux, si on est arrivé là, c’est grâce au travail d’équipe fait par l’administration et par l’ensemble des élus qui ont contribué. Ce n’est pas parce qu’on a subi des pressions. Si on n’avait pas pu le mettre en œuvre, et bien on aurait rien pu faire voilà ! »

Culture : 9 144 967€

Le budget 2025 de la culture pour le département s’élève donc à 9,14 millions (9 144 967€). Le rapport a été adopté à une large majorité, avec trois abstentions. Le prochain enjeu sera de consolider ces engagements dans un contexte où les ressources des collectivités seraient toujours plus sous tension. (À noter qu’en 2024 le budget du département s’élevait à 1,8 milliard €, et il réservait 12,4 millions € à la culture.)

La vice-présidente Marie-Pierre Pons a rappelé les fondements de la politique culturelle du Département : épanouissement personnel, cohésion sociale, développement territorial et soutien à la citoyenneté. Elle porte une culture solidaire et de proximité. Et face aux inquiétudes suscitées par le budget culture 2025, la vice-présidente a défendu une politique culturelle tournée vers les plus fragiles. En ouverture, elle a évoqué avec émotion un projet d’opéra mené avec des enfants placés en maison d’enfants, symbole d’une culture émancipatrice et inclusive.

« La culture nourrit les capacités humaines, elle est un ferment de citoyenneté », a-t-elle rappelé. La lecture publique reste au cœur des missions obligatoires, avec l’animation de 235 bibliothèques et de 80 centres de documentation dans les collèges, ainsi qu’un fonds documentaire de 550 000 titres. Sa ligne reste claire : celle d’une culture au service du lien social et de l’égalité d’accès.

Colère devant le Conseil départemental de l’Hérault

En attendant les décisions finales qui peuvent encore bouger et les détails des répartitions, les professionnel·les restent sur le qui-vive. Quelques dizaines de professionnels de la culture ont manifesté pour dénoncer un désengagement des financements non-obligatoires et un manque de concertation. L’intersyndicale appelle à durcir la mobilisation cet été.

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