Traditionnelle conférence de presse de début d’année, le président du conseil départemental entre « une forte volonté » et « un mental d’enfer » donne le ton : « l’essentiel c’est de garder le moral, l’optimisme et de se dire, on va avancer. »
Budget contraint, mais optimisme maintenu donc, Kléber Mesquida trace la voie pour 2025. Malgré une situation financière tendue, le président du Département de l’Hérault a affiché sa détermination lors de ses vœux à la presse, le 14 janvier. « On va avancer ! » a-t-il déclaré, et il a bien insisté sur la poursuite des projets en cours sans en engager de nouveaux pour 2025.
Parmi les priorités, la construction de 3 nouveaux collèges, la poursuite du déploiement du très haut débit dans 286 communes et le développement du dernier tronçon du Lien entre Saint-Gély et Bel-Air. Le Département investit également dans des projets touristiques, tels que l’Oenotour, le futur Conchylitour et un Géoparc candidat à l’UNESCO qui s’imposera même s’il n’est pas labellisé.
Cependant, ces initiatives s’accompagnent de contraintes budgétaires : « les carences de l’État, les manques de dotations et les baisses de TVA c’est 51 M€ en 2024, et les droits de mutation à titre onéreux… c’est moins 52 M€ ce qui fait 103 millions d’impact budgétaire très inquiétant, » explique Kleber Mesquida. Situation complexe que le président avoue « n’avoir jamais connue en 30 ans au département. » Et « le reste à charge est de 225 millions d’euros. Je demande à l’État de nous en donner que la moitié et on n’embêtera plus personne », insiste-t-il. Malgré tout, les aides sociales (APA, AAH, RSA) restent prioritaires, représentant la moitié d’un budget de 1,8 milliard d’euros.
« J’en veux beaucoup à Bruno Le Maire d’avoir caché l’état des finances de la France. »
Interrogé par Plurielle info sur ses attentes envers Éric Lombard, le nouveau ministre de l’Économie, Kléber Mesquida a préféré s’en prendre frontalement à son prédécesseur, Bruno Le Maire. Très direct et avec un « un mental d’enfer », il livre sans détour son point de vue : « j’en veux beaucoup à Bruno Le Maire d’avoir caché l’état des finances de la France. »
D’entrée de jeu, le ton est donné : « il avait des notes de Bercy, ce qu’on appelle des notes blanches et il n’en a jamais parlé », déclare Kléber Mesquida. Ce qu’il lui reproche ? Une gestion opaque et un silence coupable face à une situation financière qu’il qualifie de catastrophique. Pour illustrer ses propos, l’élu met en avant un chiffre : 3228 milliards d’euros, soit le montant total de la dette française il y a 2 mois. Sur cette somme colossale, il précise que « dans ces 3228 milliards, 210 milliards sont imputables aux collectivités territoriales, sauf que les collectivités territoriales, les communes, les départements, les régions, nous, quand on emprunte chaque année, on rembourse nos annuités. L’État emprunte chaque année pour son déficit et pour payer les annuités précédentes. »
Un déficit qui explose sous Bruno Le Maire
Kléber Mesquida s’est également attardé sur l’évolution de la dette publique, détaillant la progression vertigineuse des emprunts successifs : « Entre 2007 et 2012, l’État a emprunté 611 milliards, entre 2012 et 2017, 442 milliards, et depuis 2017 Bruno Le Maire étant aux manettes, 971 milliards, c’est-à-dire près de la moitié de l’état d’endettement aujourd’hui de la France. »
Selon le président du département de l’Hérault, cette explosion de la dette traduit une gestion financière irresponsable. « On voit bien qu’il y a quelque chose qui a été complètement déréglé », ajoute-t-il. L’élu pointe également du doigt le budget 2024, symbole à ses yeux de cette dérive : « Sur le budget de l’État, celui qui était proposé c’est 455 milliards de dépenses, 311 milliards de recettes. Donc déjà cette année, ils accentuent le déficit de 144 milliards environ, ils ne sont pas à quelques milliards près. »
« Je comprends qu’il se soit réfugié en Suisse »
Mais c’est bien sa conclusion qui est peut-être prémonitoire. Kléber Mesquida lance une pique à l’encontre de l’ancien ministre : « oui je le dis, Bruno Le Maire, je comprends qu’il se soit réfugié en Suisse parce que les conditions d’extradition sont compliquées quand vous êtes en Suisse. » Une accusation cinglante ou un constat réaliste, l’avenir le dira.
« Comment personne n’a pu se rendre compte de cette situation », conclut-il. Un avertissement clair lancé à un gouvernement Bayrou déjà sous pression, face à une dette abyssale et une confiance citoyenne en berne.
