Ce samedi 9 août, à Prades-le-Lez, autour d’une même table, responsables écologistes et agriculteurs de la Coordination Rurale de l’Hérault ont troqué les procès d’intention contre un dialogue direct. L’idée : dépasser les clichés, mettre à plat les désaccords et trouver des terrains d’entente sur l’eau, la PAC, la protection des terres et l’avenir du monde agricole.

Une première urgence, c’était de tourner la page des caricatures, chose faite ! D’entrée, les représentants de la Coordination Rurale ont tenu à clarifier leur position : pas question d’être assimilés à l’extrême droite, un amalgame qu’ils jugent injuste et lié à l’histoire ancienne du syndicat. Les écologistes présents, venus notamment de la ruralité héraultaise et du Lunel Collectif, partagent cette volonté d’en finir avec les étiquettes faciles qui dressent les uns contre les autres.

Cibler les contradictions

Parmi les points de friction, le double discours reproché à la FDSEA et à son secrétaire général, Jérôme Despey, également président de la Chambre d’agriculture de l’Hérault. Localement, un ton protecteur envers les agriculteurs ; à Paris, une ligne souvent plus favorable à l’agro-industrie. Une posture jugée incohérente par plusieurs participants, qui y voient un frein à la défense d’une agriculture à taille humaine.

Se reconnaître alliés

Loin de l’image d’ennemis irréconciliables, les écologistes assurent être les « meilleurs alliés » des paysans qui travaillent la terre en respectant les sols, l’eau et la biodiversité. Ils rappellent qu’ils ne sont ni au pouvoir à l’Assemblée nationale ni à Bruxelles, et qu’ils militent pour des lois mieux adaptées aux réalités locales, protégeant à la fois la santé des agriculteurs et celle des consommateurs.

Sur les produits phytosanitaires, le ton est mesuré. « Je sais que ça peut être nocif pour moi, ça me coûte, et ça ne me fait pas plaisir d’aller traiter, mais chaque métier a ses risques », confie Laurent Crouzet, viticulteur et co-président de la Coordination Rurale. Un constat qui illustre l’équilibre précaire entre impératifs économiques, santé publique et protection de l’environnement.

Des accords clairs

À l’issue des échanges, plusieurs convergences se dégagent :

• rejet commun des méga-bassines puisant dans les nappes profondes, au profit de solutions partagées comme les retenues collinaires ;
• demande d’une PAC régionalisée, attendue depuis quarante ans, pour soutenir les petites exploitations ;
• nécessité de revenus dignes, avec des débouchés locaux ;
• lutte conjointe contre la bétonisation et le mitage urbain ;
• exigence que les importations respectent les mêmes normes que la production locale.

Un front commun à construire

Dans un contexte de dérèglement climatique, de salinisation des sols, de pénurie de main-d’œuvre et de pressions réglementaires jugées déconnectées, tous s’accordent sur un point : l’urgence d’unir les forces au niveau local. L’idée d’une alliance durable entre paysans et écologistes fait son chemin, comme un rempart contre l’inaction nationale et européenne.

De part et d’autre, on se promet de maintenir le dialogue. Une première phase de travail réussie pour Laurent Crouzet comme pour Christophe Sabatier, SGA CR34, même sentiment pour Les Écologistes : Nicolas Desagher, Lise Florès et Yann Geshors. Car, ici, la conviction est partagée : pour que la terre continue de nourrir, mieux vaut s’écouter que s’affronter.