Gestion des eaux : un enjeu majeur du territoire

Étang de Thau depuis la ville de Sète - Photo PLURIELLE.INFO
Étang de Thau depuis la ville de Sète - Photo PLURIELLE.INFO

Notre territoire a la chance de s’être doté d’un comité des usagers de l’eau du Bassin de Thau, outil indispensable pour veiller à l’équilibre écologique et à notre santé. Ce comité aussi actif que vigilant est présidé par l’insoumis frontignanais Henri Loison. Voici le communiqué que le comité a publié le 13 aout, suite à une rupture de canalisation à Marseillan. Il fait le point des risques que fait courrir l’artificialisation des sols dans l’agglomération et tire le signal d’alarme car à travers le cas de Marseillan, c’est tout le bassin de Thau qui est concerné.

« Lors de l’enquête publique concernant la modification du PLU de Marseillan, nous avions attiré l’attention du Commissaire Enquêteur sur les difficultés suivantes mettant en danger l’équilibre environnemental fragile de la zone concernée: artificialisation des sols, cycle de l’eau, traitement des eaux usées. Nous avons été informé d’un incident majeur sur le réseau des eaux usées de la commune de Marseillan , ci-dessous les faits :  « Dimanche 11 août 2024, une rupture de canalisation en charge des eaux usées a eu lieu sur le refoulement du poste du 15ème, qui transfère les eaux de la zone urbaine Est de Marseillan-Plage (y compris l’intégralité du camping Le Castellas).

Actuellement, selon une première estimation, 10 % des volumes pompés sont déversés dans le milieu naturel. Des équipes d’astreinte de Veolia interviennent pour limiter l’impact. Les services de l’agglomération de Sète ont été avertis.

Le sol lagunaire a toujours posé problème pour les canalisations ; sa teneur en sel en est en partie responsable« .

Nos observations lors de l’enquête publique au regard de cet incident majeur, devraient interroger les pouvoirs publics, Préfet de l’Hérault et ses services, l’agence de l’eau Rhône/Méditerranée/Corse, l’agence nationale de la biodiversité, la Mission Régionale d’Aurorité Environnementale.  Bien entendu, les coûts financiers seront encore une fois à la charge des usagers/contribuables du service concédé à VEOLIA/SUEZ. »

Le comité rappelle ensuite dans son texte  les observations détaillées qu’il avait apportées dans le cadre de l’enquête publique pour la modification du Plan Local d’Urbanisme de la commune de Marseillan. Extraits.

« Dans le département de l’Hérault, de nombreuses communes du littoral méditerranéen engagent des opérations immobilières très importantes, qui ne répondent pas aux besoins réels des populations.

Du fait d’un tourisme omniprésent, les territoires ruraux et littoraux font face à une urbanisation envahissante, sacrifiant les populations locales et les acteurs économiques au profit d’activités non essentielles, qui se caractérisent par un affaiblissement des tissus industriels, agricoles et des services.

Ces politiques de développement urbain ne tiennent pas compte des réalités locales, de la protection de l’environnement et de certains objectifs internationaux édictés pour faire face au réchauffement climatique. Le Bassin de Thau est un exemple de ces orientations qui vont à l’encontre de l’intérêt général. Le cas présent, de modification du Plan Local d’Urbanisme de la commune de Marseillan, est révélateur de cet état de fait.

Ainsi, divers points attirent l’attention de notre Comité.

1) L’artificialisation des sols : L’artificialisation est définie dans l’article 192 de la loi Climat et résilience comme « l’altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d’un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage ».

Cette définition, générale, s’applique également à l’échelle des projets, par exemple dans le cadre des évaluations environnementales. La surface du projet de 52 hectares est un élément à retenir face à la problématique de l’artificialisation des sols. Ainsi, la perte de terres agricoles à forte valeur agronomique, l’artificialisation de près de 16 ha ne sont pas sans conséquence pour le milieu naturel, en particulier quand dans le passé la commune a déjà connu une baisse notable des surfaces agricoles (38% entre 2000 et 2010).

Dans ces conditions, il nous semble nécessaire de protéger, voire de développer le secteur agricole afin de gagner de nouvelles terres cultivables, adaptées au réchauffement climatique, en particulier face aux épisodes de sécheresse connus ces deux dernières années.

Le projet présenté n’a aucune ambition pour consommer moins d’espaces et protéger des espaces naturels. Il est aussi difficile d’admettre la disparition d’espèces vivantes, oiseaux, reptiles, amphibiens, insectes ainsi que de leurs habitats (cf Mission Régionale d’Autorité Environnementale).

2) La ressource en eau : La Mission Régionale d’Autorité Environnementale précise que la modification du PLU est située sur deux aquifères présentant un enjeu départemental à régional fort en termes de ressource pour l’alimentation en eau potable et pour l’agriculture : – la masse d’eau souterraine « Sables astiens de Valras-Agde », en état quantitatif médiocre, classée en zone de répartition des eaux (ZRE) du fait d’un déséquilibre prélèvements/ressources ; /…/ le représentant de « Eau Bas Languedoc » a fait part de ses inquiétudes pour alimenter les populations dans le futur, si les périodes de sécheresse deviennent habituelles. « Eau Bas Languedoc » est le principal Syndicat qui alimente le Bassin de Thau; d’ailleurs, les grandes communes du Bassin de Thau, Sète et Frontignan, sont dans l’incapacité d’alimenter leurs populations en eau potable sans « Eau Bas Languedoc » .

Il est envisageable, dans une période proche, que des restrictions d’eau soient imposées aux communes de notre Bassin de Vie, et qu’un partage équitable soit établi; il en sera de même pour les activités économiques et Marseillan n’échappera pas à ces mesures restrictives.

3) Assainissement des eaux usées : La Commune de Marseillan fait partie de Sète Agglopôle Méditerranée qui est compétente en matière de traitement des eaux usées.

Depuis plusieurs années, le Bassin de Thau est confronté régulièrement à des pollutions du milieu naturel par des rejets d’eaux usées non traitées, (crise sanitaire puis économique pour la filière conchylicole de décembre 2022, incident non analysé précisément de décembre 2023). Nous avions, en 2016, attiré l’attention des pouvoirs publics sur les dysfonctionnements répétés du traitement des eaux usées sur l’ensemble des communes du Bassin de Thau, en particulier, des réseaux en très mauvais état, des équipements mal entretenus et des schémas directeurs d’assainissement inexistants.

En 2024, la situation ne s’est pas améliorée malgré des dizaines de millions investis dans la station d’épuration des eaux usées de Sète Eaux Blanches, par exemple. /…/ D’ailleurs, la ministre déléguée à la transition écologique, en réponse à un député qui lui posait une question sur la sécurité sanitaire du Bassin de Thau, a répondu que de nouvelles mesures seront imposées à Sète Agglopôle Méditerranée en matière de traitement des eaux usées, pour respecter la légalité et garantir la sécurité sanitaire des populations.

Nous insistons qu’en matière de traitement des eaux usées, les rejets dans le milieu naturel d‘eaux non traitées, tel que l’étang de Thau via la mer méditerranée et canaux, se traduisent en premier lieu par une crise sanitaire puis par une crise économique de la filière conchylicole.

Ainsi, les effets sont d’abord une atteinte à l’environnement et une mise en danger de la vie d’autrui, puis une crise économique dont sont victimes les conchyliculteurs. »

Le comité avait donc émis un avis défavorable à la modification n°5 du PLU. L’actualité lui donne amplement raison.

Pour contacter le comité ou y adhérer, écrire à : usagers.eaubassindethau@gmail.com
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