[TRIBUNE] En pleine écriture pour mon intervention hebdomadaire pour le cessez-le-feu et la paix à Gaza, je pars ce matin à la pêche aux infos. Je lance ma ligne dans les eaux de France Info. Mince, cela ne mord pas : rien à propos de Gaza ! Me voilà bredouille.
Enfin presque : l’indépendance de la presse en France a perdu 4 places et se retrouve au 25e rang mondial. « Peut mieux faire », commente Thibault Bruttin, directeur général de Reporters dans Frontières. Je fais quand même une autre touche : « l’aviation israélienne a bombardé à nouveau la Syrie cette nuit« . Il paraît que c’est pour défendre la minorité druze chiite.
Tiens, Israël défend les chiites ? D’habitude, les chiites sont ses ennemis irréductibles qu’il s’agisse de la République islamique d’Iran ou du Hezbollah au Liban. Bon, bizarre, mais en tous cas, rien, absolument rien sur le génocide en cours à Gaza. Information trop banale, sans intérêt sans doute ? Il va me falloir trouver des eaux plus poissonneuses.
Je tente ma chance dans les médias alternatifs. Ma ligne à peine lancée, cela mord à l’hameçon. « Un navire de la Flottille de la Liberté, du nom de « Conscience » a subi une attaque de drones armés dans les eaux internationales, au large de l’île de Malte ». Le navire humanitaire, gravement endommagé par un incendie, se rendait à Gaza pour tenter d’y apporter de la nourriture et des médicaments. Heureusement, l’équipage s’en est sorti indemne. De méchantes langues accusent Israël d’être à l’origine de l’agression. Israël agit en toute impunité, hors de son territoire, affirment-elles. À moins qu’Israël envisage d’annexer Malte aussi ? Les Chevaliers de l’Ordre de Malte n’ont-ils pas occupé Jérusalem au XIe siècle ?
Et puis, le droit humanitaire international est malmené ces derniers temps. Il serait même mort si l’on en croit Ione Belarra, secrétaire générale de Podemos, qui a déclaré, le 12 avril dernier : « Le droit international s’est consumé avec le corps du jeune Palestinien brûlé vif dans sa tente à l’hôpital Al-Aqsa par l’état terroriste et génocidaire d’Israël. »
Bon, la pêche est encore maigre, je vais tenter ma chance ailleurs. Je relance ma ligne : « Macron a annoncé qu’il reconnaitrait la Palestine au mois de juin« . J’espère que c’est au mois de juin 2025, parce qu’avec lui, on ne sait jamais. C’est quand même une bonne nouvelle, disons moins mauvaise que les autres. C’est ce que je pensais jusqu’à ce que je tombe sur un édito d’Awad Abdel Fattah, co-coordinateur de la Campagne pour un seul État démocratique. Ce responsable palestinien rappelle que cette annonce de Macron n’empêche pas la France et l’Union européenne de continuer à livrer des armes et de poursuivre sa coopération avec Israël. Gonflé quand même ce type ! Soupçonner notre cher président de la République d’être un Tartuffe !
Ma partie de pêche tourne au désastre ! Je change de coin, une nouvelle fois, mais c’est la dernière ! Là, je patiente un peu ; que cela ne morde pas tout de suite, ce serait bon signe ! Ma nouvelle prise sera bonne, j’en suis sûr !
Finalement, cela mord plus vite que je ne l’espérais. Qu’ai-je donc pêché cette fois-ci ? Je mouline ! je mouline ! C’est du gros, c’est du lourd ! Bon sang, qu’est-ce que cela peut être ? Sa tête émerge ! Oh non ! Pas ça ! Pas lui ! c’est du Retailleau !
Le 30 avril, il a lancé deux procédures de dissolution à l’encontre de l’association antifasciste « La Jeune Garde » et du collectif « Urgence Palestine » ! Sa manière à lui, sans doute de fêter le Travail, comme au temps du Maréchal Pétain. De mauvais esprits, encore eux, ont beau lui dire que le 1er Mai, il s’agit de la Journée internationale des Travailleurs et des Travailleuses, il n’en a cure. Rien ne l’arrête. Il veut remonter dans ses filets « Urgence Palestine ». Diable, quels mortels pêchés ont été commis ? J’interroge le porte-parole d’Urgence Palestine Omar Alsoumi. Je précise : Omar sans H et sans D.
« Dans tout ce qui nous est reproché, il n’y a pas la moindre condamnation judiciaire. Il y a simplement une procédure en cours à l’encontre d’un militant qui a utilisé le terme « intifada », terme qui signifie en arabe « soulèvement ».
Notre ministre de l’Intérieur les accuse aussi d’actes de violence, ce qu’Urgence Palestine réfute. Mon esprit tordu me rappelle que de nombreux·ses député·es insoumis·es, en raison de leur soutien à la cause de la Palestine et de la Paix, sont menacé·es de mort par des militants d’extrême-droite. Ainsi, Thomas Portes a-t-il déposé six plaintes. On lui a récemment promis de le décapiter devant son domicile. Mais le Parquet, tout comme le ministre de l’Intérieur, semblent sourds ; ils restent muets comme des carpes ! Apparemment la violence de l’extrême-droite n’existe pas.
