Fermetures en cascade, emplois supprimés : le social en état d’urgence dans l’Hérault

Montpellier Mobilisation secteur Action Sociale 26 juin 2025 - Photo - JPV PLURIELLE INFO
Montpellier Mobilisation secteur Action Sociale 26 juin 2025 - Photo - JPV PLURIELLE INFO

Mobilisation réussie, plus de 200 manifestant·es jeudi Place de la Comédie à Montpellier pour dénoncer l’effondrement du secteur de l’Action Sociale orchestré par les pouvoirs publics. Les syndicats CGT Action Sociale, CGT Adages, les Unions Locales CGT, Sud Santé Sociaux et Révolution Permanente étaient présents.

L’intersyndicale apporte son soutien technique, financier, communication au mouvement. C’est une réelle chaîne de solidarité qui s’organise autour de ces salariés qui luttent pour ne pas perdre leur emploi. Les heures des associations sont comptées. Un drame social et humanitaire est à craindre pour leur public vulnérable. Les annonces de fermeture tombent les unes après les autres. C’est une quarantaine de salariés qui risquent de se retrouver sur le carreau et des centaines de personnes qui ne seraient plus accompagnées.

Pourtant les déclarations du Conseil Départemental se voulaient rassurantes et inclusives :« la solidarité est une compétence essentielle. Le département est soucieux de toutes ces personnes en difficulté, il ne cesse de batailler pour leur apporter un mieux vivre » lâche Sylvie Pradel, vice-présidente en charge de l’insertion et de l’économie solidaire. Si le département a du mal à joindre les deux bouts, la métropole, elle, se porte bien d’après Michaël Delafosse. Le 24 juin, jour des comptes administratifs 2024, le Maire se félicite d’une « utilisation des budgets à bon escient ». Le tableau moins glorieux que dépeint Alenka Doulain, élue d’opposition du groupe Mupes (Montpellier union populaire écologique et sociale) semble prendre tout son sens dans le constat d’abandon du secteur social par les pouvoirs publics. Elle dénonce une politique élitiste de la métropole excluant les quartiers populaires.

« Des territoires perdus » Didier Besson

Ce démantèlement est dans la lignée de la politique gouvernementale. « Les APS34 sont un service public », rappelle la CGT. Le 1er septembre, ils perdront 3 pôles d’activités dans les zones d’éducation prioritaires parmi les plus précarisées de France, notamment, La Devèze à Béziers et l’île de Thau à Sète.

« Des territoires perdus qui seront très longs à réinvestir, des équipes qu’il faudra prendre le temps de reconstituer non sans difficulté » déclare Didier Besson, Président des APS34 rejoint par son confrère des ADPS30, Jean Marie Angelini. Tous deux déplorent un « choix politique du département » et une situation financière aux conséquences dramatiques pour ces territoires hautement précarisés.

[VIDEO] Sophie Vidal, un point sur la situation :

Pour l’EVS des Sabines et le Centre social de la croix d’argent gérés par ADAGES est aussi venue la dernière séance. Le Conseil d’Administration a annoncé le 26 juin en Comité Social Économique (CSE) extraordinaire que le rideau tombera, « au 31 décembre, si aucune solution de financement n’est trouvée ». Cohésion sociale, apprentissage de la langue française, raccrochage scolaire, prévention, insertion, maintient et ouverture de droit, accès à l’emploi, aux soins, aux activités culturelles ou de loisirs, soutien éducatif, scolaire, chantiers émancipateurs : autant de missions qui ne seront plus assurées.

Les salariés du Caes Marconi rejoignent le mouvement. Elles sont 3 là où elles étaient encore 9 le mois dernier, avant que le plan de licenciement ne les frappe. Elles sont encore sous le choc de l’appel reçu hier de leur Conseil d’Administration faisant suite à la réception du communiqué de presse de la CGT Action Sociale Est Hérault : « Le Caes fermera ses portes au 31 décembre 2025 » confie une des travailleuses sociales, à José Théron, secrétaire général du syndicat CGT. Résultat : 95 migrants accueillis sur le site perdront tout chance d’être accompagnés.

Ces suppressions de postes et arrêt d’activité « sont des conditions que nous connaissons chez nos camarades d’Arcelor Mittal », avance Julie la porte-parole de Révolution Permanente. Les Plans Sociaux Économiques étaient jusque-là le fait de l’industrie et du commerce. Ils touchent maintenant les associations du social et du médico-social.   « Ces fermetures de pôles sont un évènement inédit dans notre secteur », annonce Max Muller salarié de l’Aps34 et syndiqué CGT Action Sociale Est Hérault.

Quelques élus se joignent à la lutte : Nathalie Oziol, députée LFI de l’Hérault, se tient devant le barnum de la CGT, ainsi que l’attaché du député Sylvain Carrière, Romain Prélot. Ils proposent d’interpeller communes et département par courrier, les invitant à assumer leur responsabilité.

Le pouvoir d’éviter la catastrophe

Régis, sans domicile fixe, prendra le micro et rappellera le désintérêt croissant du gouvernement pour la condition des plus précaires et l’importance de la CGT dans les luttes sociales. Le public des APS est présent aussi. Le jeune porte-parole annoncera être touché par le traitement réservé « aux travailleurs sociaux par le Conseil Départemental et le Gouvernement ». Il est suivi depuis 6 ans par APS34. Plus tard il voudrait « être travailleur social … Dans la rue, nos éducateurs sont les seuls qui ne nous laissent pas mourir ».

Comme 80 % des jeunes sans-abri issus des services de la protection de l’enfance, il est lui aussi sans domicile fixe avec pour seule ressource l’accompagnement des APS34. Pour lui et ses camarades, pour les habitants des zones prioritaires de l’Hérault et les 95 migrants du Caes Marconi, les financeurs ont le pouvoir d’éviter la catastrophe.

Prochaine mobilisation prévue le 4 juillet à 10 heures devant le Conseil Départemental de l’Hérault. Il est possible de soutenir les grévistes d’APS 34, avec ce un lien vers leur caisse de grève : https://www.cotizup.com/soseducs

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