EXISTENTIEL, ELLE, adjectif : Qui appartient à l’ordre de l’existence; qui concerne l’existence en tant que réalité vécue personnellement et concrètement ; angoisse existentielle. Voilà un mot sésame qui  procure beaucoup d’émotion et  de frissons, mais rarement pour de bonnes raisons.

Dans sa tentative de définir le fascisme dans ses formes actuelles,  Frédéric Lordon retient comme un de ses marqueurs « une doctrine civilisationnelle-hiérarchique, prolongée en horizon apocalyptique, gros de menaces « existentielles ». Selon lui, la « prolifération du mot « existentiel » » est un signe patent de résurgence fasciste.

« Il est le concentré paranoïaque du fascisme. Et la clé de ses autorisations à la violence : car s’il y a « menace existentielle », alors il est posé une question « de vie ou de mort « , et dans ces conditions de « péril vital « , tout est permis. Tirer à la mitrailleuse sur les canots de migrants sera permis puisque le Grand remplacement est notre anéantissement. Génocider les Gazaouis et procéder au nettoyage ethnique des survivants est permis puisque la Palestine en elle-même est une « menace existentielle » pour Israël. Comme la Russie nous le sera s’il faut envisager une guerre extérieure pour faire oublier le pétrin intérieur ». Ecrite le 19 février dernier, cette prédiction de Frédéric Lordon a été confirmée le 4 mars par l’allocution présidentielle.

Ce qui est notable, c’est que celleux qui propagent en permanence cette idée d’un péril « existentiel » lié à des groupes d’humains (dont l’humanité est toujours contestée) sont les premiers à nier la menace, bien réelle, que la crise climatique ou la course aux armements font peser sur l’existence de toute vie sur la planète.