La gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) provoque une tension croissante entre le gouvernement et une partie du monde agricole.
Après un week-end de mobilisations en léger recul, la Coordination rurale annonce un durcissement des actions, tandis que l’exécutif maintient sa stratégie sanitaire.
La DNC est une maladie virale bovine, non transmissible à l’homme, qui se propage principalement par des insectes piqueurs. Réapparue début décembre en Ariège puis dans les Hautes-Pyrénées, elle a conduit les autorités à appliquer un protocole strict : création de zones réglementées de 50 km, interdiction de déplacement des animaux et abattage total des troupeaux dès qu’un cas est confirmé.
300 bovins euthanasiés en Occitanie
Près de 300 bovins ont ainsi été euthanasiés en Occitanie le 6 décembre. Face à la contestation, la ministre de l’agriculture Annie Genevard se rend ce lundi 15 décembre en Haute-Garonne pour lancer une campagne de vaccination élargie. Huit départements sont concernés et environ un million de bovins doivent être vaccinés. Pour le ministère, la vaccination constitue aujourd’hui « la mesure centrale » pour enrayer la propagation du virus selon l’entourage de la ministre.
Les syndicats agricoles contestataires défendent une autre approche. Un protocole expérimental, déposé à la préfecture du Gers par une intersyndicale, propose un abattage ciblé des seuls animaux positifs, une surveillance PCR hebdomadaire et une vaccination massive au-delà des zones réglementées. Ils dénoncent un abattage jugé disproportionné et destructeur pour des troupeaux constitués sur plusieurs années.
La FNSEA soutient la ligne gouvernementale
La mobilisation s’est traduite par 27 actions recensées et environ 1 000 manifestants, selon le ministère de l’intérieur, avec de nombreux blocages routiers dans le Sud-Ouest. Les affrontements survenus en Ariège, marqués par l’usage de gaz lacrymogènes, ont renforcé le ressentiment des éleveurs, peu confrontés jusqu’alors à la répression policière.
Sur le plan politique, les critiques dépassent le monde agricole. La France insoumise s’est prononcée contre l’abattage systématique, position qu’elle avait déjà adoptée dès le mois de juillet où elle défendait un plan d’action en 7 points comprenant également la vaccination générale, la quarantaine renforcée et d’indemnisation à hauteur des préjudices (reconstitution des cheptels, pertes d’exploitations, les frais sanitaires, soutien psychologique) . À l’inverse, la FNSEA soutient la ligne gouvernementale, qu’elle juge conforme aux pratiques européennes.
Le préfet de l’Ariège a par ailleurs démenti toute réquisition ou radiation de vétérinaires refusant de participer aux abattages, qualifiant ces informations de fausses. Alors que d’autres dossiers sensibles, comme la PAC ou l’accord UE-Mercosur, arrivent dans l’agenda européen, le bras de fer autour de la DNC révèle un malaise plus large : celui d’un monde agricole qui réclame des réponses sanitaires efficaces sans sacrifier la viabilité de ses exploitations.