Stop à l’embrouille, stop à la folie autoroutière, c’est l’ambiance portée par les associations et les responsables politiques présent·es à Montpellier ce début novembre en conférence de presse pour dire : « il faut un moratoire de 10 ans sur les projets routiers et autoroutiers pour préserver l’environnement. »
Des projets à stopper en urgence. Une proposition de loi déposée le 15 octobre 2024 par les député·es LFI-NFP exprime l’exigence d’un moratoire de 10 ans sur les projets de nouvelles autoroutes et voies rapides, mesure emblématique du programme du Nouveau Front Populaire. Une initiative qui prend racine dans une préoccupation croissante pour la biodiversité, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la promotion de mobilités alternatives. Ce texte législatif porté par le groupe LFI-NFP sera défendu à l’occasion de sa niche parlementaire le 28 novembre prochain. Le Contournement Ouest de Montpellier (COM) est l’un de ces projets et soulève des contestations et des enjeux environnementaux de plus en plus évidents.
« Quand on construit une nouvelle route, on ne crée pas des solutions, on crée de nouveaux problèmes », explique samedi 9 novembre Anne Stambach-Terrenoir, députée de la Haute-Garonne, en citant l’ancien président de l’Autorité environnementale. Pire, « les contournements routiers sont dépassés par l’induction du trafic ». Et c’est tout l’effet pervers de l’extension d’une infrastructure routière qui entraîne une hausse des flux de circulation, au lieu de réduire les embouteillages. Elle attire davantage de véhicules, et aggrave les bouchons et la pollution.
[VIDEO] Intervention d’Anne Stambach-Terrenoir, députée de la Haute-Garonne :
Montpellier : une autoroute déguisée en projet urbain
Pour René Revol « c’est un combat qui est essentiel ». Le vice-président de la métropole souligne avec inquiétude la naissance de cette autoroute déguisée en projet urbain, un projet qui ressemble à un trahison par rapport à la planification initiale, qui prévoyait un aménagement modeste de deux voies, et non une autoroute. Ce qui est grave pour René Revol, c’est que le COM va devenir un axe autoroutier, pour « desservir un flux national de camions et de voitures », et détourner les transports de l’A75 en direction de Montpellier pour entourer la ville.
[VIDEO] Intervention de René Revol, vice-président de la métropole de Montpellier et maire de Grabels :
Plus déroutante est la posture de Fanny Dombre-Coste qualifiée de « députée municipale » par Nathalie Oziol, clarifiant ainsi que l’ancienne première adjointe de Michaël Delafosse demeure dans la continuité de ses fonctions à la mairie de Montpellier, au détriment de sa mission parlementaire. Elle trahit le programme électoral sur lequel elle a été élue. Fanny Dombre-Coste est « la seule à écrire une question au ministre pour lui demander d’accélérer ce projet écocide » note Nathalie Oziol, députée insoumise de l’Hérault. Un choix qui pourrait être qualifié de lobbying pour le Groupe Vinci. Tout comme Jean-François Soto, maire de Gignac et président de la Communauté de communes Vallée de l’Hérault, qui qualifie le COM de « commande de l’État indispensable ». Il évoque même « une avancée territoriale pour les générations futures ». Julie Frêche, vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole, en charge des Transports, se félicite peut-être en pensant pouvoir « inscrire le COM dans un système multimodal. » Plus réaliste ou alarmiste sans le vouloir, le Président de la CCI de l’Hérault André Deljarry y voit un périphérique : « une véritable rocade autour de Montpellier, digne de la 7e ville de France. » Des rhétoriques dans la dernière plaquette de communication éditée par Vinci, qui éludent pourtant les enjeux écologiques pressants et la croissance démesurée de la circulation que cette infrastructure va encourager. Ce gargarisme verbal occulte tous les détails pratiques sur les dérives budgétaires, l’absence d’échéances claires face aux retards accumulés et les effets réels des préemptions foncières sur les habitants concernés. La tension entre authenticité politique et influence des grands groupes privés, incarnés ici par Vinci, pose une question fondamentale sur l’avenir de la planification écologique.
Plus osé encore, sondage à l’appui, Vinci clame une adhésion massive de 92% des sondé·es favorables au COM, un chiffre qui paraît bien arrangeant pour les promoteurs, mais qui nécessite une prise de distance tant sur l’échantillonnage restreint et ciblé que sur les valeurs injonctives des questions posées. Nathalie Oziol qualifie l’enquête (réalisée par téléphone du 16 au 26 septembre 2024, auprès d’un échantillon de 809 personnes) de biaisée et appelle à un questionnement plus honnête : « Posez la question suivante aux gens : êtes-vous d’accord qu’une dix voies passe sous vos fenêtres à Montpellier demain ? On verra où sont les 92 % ».
[VIDEO] Intervention de Nathalie Oziol, députée de l’Hérault :
Un projet qui ne doit pas commencer !
Pour Sylvain Carrière, Député de l’Hérault : « il y a des victoires possibles et ce projet-là du Contournement Ouest de Montpellier contrairement à ce qu’a pu me répondre le ministre en commission du développement durable, il y a quelques jours, ce projet n’a pas débuté ! Donc le meilleur moyen pour ne pas avoir à l’arrêter, c’est de ne pas le commencer. » Quand on parle des zones à faibles émissions (ZFE), déjà en place dans la métropole de Montpellier censées réduire la pollution, « il est inacceptable de voir parallèlement des projets autoroutiers de cette ampleur se développer. » C’est précisément ce paradoxe que les député·es insoumis·es ont dénoncé, entouré·es des écologistes comme Stéphane Herb, des associations qui incarnent l’opposition pour un autre COM et du 2e adjoint à Michaël Delafosse, Manu Reynaud, l’un des rares élus de la majorité, vent debout contre Salvador Nunez, directeur opérationnel chez VINCI qu’il accuse de « faire de la politique sur le territoire. »
[VIDEO] Explications avec Sylvain Carrière, Député de l’Hérault :
https://www.facebook.com/plurielleinfo/videos/1986577741865426
