Le message politique, relayé notamment sur les réseaux sociaux, avec le hashtag #GestionRigoureuse illustre un exemple classique de communication institutionnelle et promotionnelle, presque extravagante.
Son objectif : valoriser la gestion municipale à travers un chiffre, ici l’« indice de pilotage comptable », présenté comme gage de bonne gouvernance. Mais une bonne comptabilité ne fait pas forcément une bonne politique, même si c’est un bon début…
Label de qualité ou indicateur technique ?
Décryptage. Certes la note est flatteuse, mais peu parlante pour le grand public. Il faut comprendre que le score de 95,24/100 à l’Indice de pilotage comptable (IPC) est mis en avant comme un label de qualité. Or, cet indice, bien qu’objectivement calculé par les services de l’État (la Direction générale des finances publiques), reste juste un indicateur technique. Il évalue la fiabilité des procédures budgétaires et comptables d’une commune (respect des délais de paiement, régularité des écritures, capacité à bien suivre sa trésorerie, etc.), mais en aucun cas, il n’évalue l’efficacité des politiques publiques ni leur impact sur les habitant·es.
Autrement dit, c’est un simple indicateur de bonne gestion administrative, pas de bonne gestion politique. Avoir une bonne note ne signifie pas forcément que les choix budgétaires sont justes, équitables ou pertinents pour la population. Cela signifie simplement qu’ils sont bien répertoriés, organisés, et c’est la moindre des choses à attendre d’une mairie.
Un petit ton auto-congratulatoire assumé
« Bien gérée, bien notée », « score exceptionnel », « bien au-dessus de la moyenne », « Castelnau est entre de bonnes mains »… Le vocabulaire est soigneusement choisi pour associer la note à la compétence des élus, sans nuancer le propos ni expliquer ce que recouvre réellement cette note.
Le post, le tweet, le X , l’Insta ou ce que vous voudrez, parlent même d’un « cap » et d’une « vision »… sans jamais en préciser le contenu. L’expression « l’État, impartial et exigeant, atteste de notre rigueur » cherche à cristalliser le message dans une forme d’objectivité institutionnelle globale. Mais en réalité, l’IPC mesure une partie du travail des services municipaux, pas l’ensemble des politiques locales.
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Quid de la mise en scène des élus ?
En signant à deux, avec Frédéric Lafforgue, maire de Castelnau-le-Lez, en photo et Thierry Dewintre, 3e Adjoint aux finances et aux commerces de proximité, le message personnalise le succès. Certes, ils remercient au passage les agents municipaux, dont l’implication est bien réelle dans la bonne tenue des finances locales, mais qui sont ici largement instrumentalisés pour légitimer une communication politique. Personne ne doute que ces mêmes agents talentueux feront un travail tout aussi rigoureux et compétent, quelle que soit la majorité aux commandes.
Une stratégie électorale à peine voilée ?

Municipales 2026 à l’horizon, on devine une stratégie d’image en vue des prochaines échéances. L’accroche, le slogan ou la pub de ce mois de mai 2025, c’est d’injecter dans la tête des habitant·es, l’idée que Castelnau est bien gérée, et que cela découle bien évidemment d’un leadership fort, tout en identifiant visuellement un homme providentiel.
« Une bonne comptabilité ne garantit pas une bonne gestion. » Richard Corvaisier
Une carabistouille de Frédéric Lafforgue et de son équipe de COM’, que son opposant écologiste Richard Corvaisier a rapidement démasquée. Il démonte le « bon IPC » brandi par le maire actuel. « Une bonne comptabilité ne garantit pas une bonne gestion, » réagit le conseiller municipal d’opposition (Les Écologistes), face la sur-communication de cet indice de performance comptable de la ville. Et il clarifie son point de vue : l’IPC « ne dit rien sur l’opportunité des dépenses » ni sur « l’efficience des achats ». Même l’observateur Julien Miro, macroniste, autrefois dans la majorité parle des « Fake News du maire de Castelnau-le-Lez sur une prétendue appréciation de l’État sur sa gestion.»
Richard Corvaisier dénonce une « illusion d’un bon score comptable » qui masque une réalité de « gaspillage budgétaire » : 40.000 € pour un SUV de fonction en 2020, 185.000 € versés en 2021 à une société ayant attaqué la ville, plus de 400.000 € engagés dans la Maison du Numérique, projet estimé à 5 millions d’euros et mal ficelé, 3 millions € pour un parc acheté au prix fort en 2023, et un voyage de trois jours au Québec en 2024 pour le premier adjoint. L’ élu d’opposition critique aussi une « gestion opaque et verrouillée » et réclame l’accès aux documents budgétaires. « L’argent public doit servir l’intérêt général, pas des caprices ou des effets d’annonce. »

Normalement, comme Richard Corvaisier ou Julien Miro, nul ne se laisse berner par ce type de communication utilisée par Frédéric Lafforgue, qui repose sur un habillage technocratique pour faire passer un message politique. En valorisant un indicateur administratif, le maire cherche subrepticement à renforcer sa légitimité et à promouvoir sa gestion comme modèle de rigueur. Si la note obtenue est indéniablement bonne, elle ne saurait résumer à elle seule la complexité de la gestion d’une commune : elle ne dit rien des choix budgétaires, des inégalités sociales, des projets urbanistiques ou des priorités en matière d’écologie ou de culture.
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