Image saisissante ce week-end sur la carte météo de la France : 84 départements en vigilance orange canicule. Du jamais vu, selon la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.
Une cellule interministérielle de crise place Beauvau s’impose et la multiplication de ces vagues de chaleur n’est plus un simple épisode estival : c’est un symptôme.
Dans plusieurs communes les écoles fermeront en début de semaine. Météo-France annonce une poursuite des températures accablantes, avec des pics à plus de 40 °C enregistrés dès ce dimanche dans l’Aude, la Drôme ou l’Ardèche. Cette chaleur hors norme n’est pas un hasard. Elle est le reflet d’un climat déréglé, rendu instable par la montée globale des températures, mais aussi par le possible affaiblissement d’un régulateur majeur : l’AMOC.
Poursuite de la vague de chaleur en France d’un niveau caniculaire sur les deux tiers de l’Hexagone.
🌡️ Le paroxysme de ces très fortes chaleurs sera atteint entre mardi et mercredi.
➡️ Informations https://t.co/PgmRZy37Qr pic.twitter.com/0CwWPLAIix
— Météo-France (@meteofrance) June 29, 2025
Un courant invisible, mais vital
L’Atlantic Meridional Overturning Circulation (AMOC) est un immense tapis roulant océanique qui transporte la chaleur des tropiques vers l’Atlantique Nord. Il joue un rôle déterminant dans le climat de l’Europe. Le Gulf Stream, que l’on connaît mieux, n’en est qu’un maillon. Or, ce système pourrait vaciller. Sous l’effet du réchauffement climatique, la fonte des glaces du Groenland libère d’énormes quantités d’eau douce, qui freinent la descente des eaux salées et froides, moteur du courant (IPCC, 2021). Les chercheurs alertent : son effondrement, autrefois considéré comme lointain, pourrait survenir plus tôt que prévu (Boers, Nature Climate Change, 2021).
Chaos climatique : freezer-frying pan
Ce scénario n’induirait pas une simple baisse des températures. Il provoquerait une instabilité extrême. L’Europe de l’Ouest, paradoxalement, pourrait connaître des hivers polaires, jusqu’à −18 °C à Paris, tout en subissant des canicules intenses l’été, avec des températures dépassant les 43 °C. Un chaos climatique résumé par les chercheurs en une formule glaçante : freezer-frying pan, du congélateur à la poêle (van Westen & Baatsen, 2025).
L’explication : si l’AMOC s’effondre, la banquise s’étend vers le sud, et accentue le froid hivernal par effet de réflexion solaire. En parallèle, le courant-jet se déstabilise, il renforce les tempêtes et les contrastes thermiques. Nouvelle équation : des hivers glacials, des étés brûlants, et un climat européen rendu erratique. Certains climatosceptiques pourraient enfin revoir leurs postures et abandonner leur costume de lobbyistes.
Les canicules à répétition comme celle de ce début d’été ne sont donc pas des anomalies ponctuelles, mais des signaux d’un déséquilibre plus large. Et les infrastructures, écoles, logements, systèmes de santé ne sont pas prêts à encaisser de tels chocs.
Le risque climatique n’est plus théorique. L’effondrement de l’AMOC, aussi incertain soit-il dans son calendrier, appelle une certitude : le modèle actuel est à réinventer dès maintenant. Il ne s’agit plus d’anticiper demain, mais de répondre à l’urgence d’aujourd’hui.
