Jour de conseil de métropole, l’occasion était parfaite pour inaugurer avec humour la 32e ville de la métropole de Montpellier : Lez-Béton. Alors que Cyril Meunier, maire de Lattes, parle dans l’oreille du Président Delafosse avant qu’il n’affronte ses oppositions sur la ZFE, Stephane Herb envisage non pas une prise de la Bastille, mais bel et bien la prise de la métropole. « L’Agora Métropolitaine » est lancée !
Rubalise de signalisation en guise d’écharpes d’élu·es, l’alerte est donnée. Le 8 octobre 2024, le conseil de la Métropole de Montpellier a adopté le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal-Climat (PLUi-Climat) avec une majorité de 69 voix pour, 12 contre et 7 abstentions. Dans ce plan il est prévu l’urbanisation de 750 hectares supplémentaires, dont l’opération « Ode à la mer ». Une bagatelle de 4 500 logements entre Lattes et Pérols qui devrait accueillir près de 8 000 nouveaux habitants, soit l’équivalent d’une petite ville. Les opposant·es, qui dénoncent la création de cette « 32e ville », ont finalement décidé de la baptiser Lez-Béton, ce 13 février 2025.
[VIDEO] Stéphane Herb et François Masselot, présentation de L’Agora Métropolitaine :
Flash-back : avant son élection en juin 2020, Michaël Delafosse dénonçait publiquement un projet commercial « Ode à la Mer ». Il en critiquait l’opacité et affirmait qu’aucune cession de terrain à la foncière Frey ne serait réalisée sous sa mandature. Il se voulait rassurant pour les électeur·trices sensibles à la lutte contre l’artificialisation des sols et à la préservation du tissu commercial du centre-ville de Montpellier. Quatre ans plus tard, sous sa gouvernance, le projet « Ode à la Mer » existe toujours, sous une nouvelle forme. Il s’inscrit dans un urbanisme métropolitain en pleine expansion. La question pourrait se poser ainsi : le projet est-il devenu inévitable sous la pression des acteurs économiques et institutionnels, ou bien son maintien résulte-t-il d’un pragmatisme assumé face aux besoins de logements et de développement économique de la métropole ?
En tout état de cause, les conséquences potentielles en termes de transport, d’assainissement, de gestion de l’eau et d’îlots de chaleur urbains s’emballent. Stéphane Herb, président de l’association Latt’agora, s’inquiète : « on continue à artificialiser des terres et à densifier la métropole, alors que les lignes de tram sont déjà saturées. »
Une démocratie locale renforcée
Face à ce qui apparait comme des incohérences politiques, la création de l’Agora Métropolitaine est une initiative citoyenne regroupant des associations et des habitantes et habitants de la Métropole de Montpellier, décidé·es à franchir une étape décisive matière de démocratie locale renforcée. Pour Stephane Herb, il est hors de question en 2026 de « laisser les baronnies locales agir en toute impunité. » L’initiative présentée a pour objectif de « faire de la métropole un espace proche des citoyens », explique Myriam Bui-xuan, conseillère municipale de Clapiers. Pour Claire Cathala, présidente de Vedas Agora, il faut retrouver un équilibre décisionnel et stopper « le rôle uniquement subalterne des différentes villes de la métropole face à Montpellier. »
Engagement citoyen contre l’urbanisation excessive
Le collectif a fondamentalement dénoncé la politique d’urbanisation actuelle. Stéphane Herb, président de Latt’agora, a alerté à plusieurs reprise sur les risques environnementaux liés au projet Ode à la Mer et plus largement sur la densification excessive de la métropole. « Aujourd’hui, on y est. On sait que la mer monte, que les épisodes méditerranéens vont être de plus en plus catastrophiques, et pourtant, on continue de bétonner », explique Stéphane Herb. François Masselot, conseiller municipal de Clapiers, fait une comparaison immédiate de la situation de Montpellier à celle de Valence en Espagne, récemment frappée par des inondations massives après une artificialisation excessive des sols.
Stéphane Herb dénonce aussi une gouvernance métropolitaine verrouillée par les mêmes responsables politiques depuis plus de cinquante ans, sous influence des promoteurs immobiliers, « ce sont eux qui dictent la politique d’aménagement de la métropole ». L’association Agora Métropolitaine exige une plus grande transparence et à un engagement démocratique renouvelé. Au-delà des enjeux environnementaux, les membres du collectif s’opposent également au cumul des mandats et demandent que les élus « fassent leur vrai job », sans être contraints par des intérêts financiers. Cette mobilisation marque une nouvelle étape dans la contestation des choix urbanistiques opérés par la Métropole, avec en ligne de mire une remise en question du modèle de développement impulsé depuis l’ère Georges Frêche.
L’Agora Métropolitaine annonce le lancement de sa Convention Citoyenne Métropolitaine, pour une co-construction destinée à programmer les solutions innovantes aux enjeux urbains, sociaux et environnementaux afin de reprendre en main la collectivité en jouant collectif. L’Agora réunit déjà plusieurs communes, parmi lesquelles Clapiers, Saint-Jean-de-Védas, Juvignac, Lattes, Lavérune, Fabrègues, Grabels et Pignan. L’initiative continue de s’étendre, appelant toutes celles et ceux qui souhaitent contribuer à la transformation de la Métropole à rejoindre la démarche. Objectif affiché : les prochaines élections municipales. Toutes les personnes intéressées peuvent s’inscrire et rejoindre le mouvement via l’adresse mail suivante : agora.citoyenne.metropolitaine@gmail.com.
