La France insoumise (LFI) a lancé officiellement sa campagne mercredi pour les élections municipales de 2026 à Montpellier. Derrière Nathalie Oziol, députée de l’Hérault, et trois co-chefs de file, Rhany Slimane, Livia Jampy et Antoine Bertrand, le mouvement se dit uni, prêt et porteur d’un projet de rupture. En dénonçant la politique de Michaël Delafosse, qualifié de « macroniste local », les insoumis·es entendent rassembler autour d’un programme de transformation sociale, écologique et démocratique.
Même s’ils ferraillent et se bagarrent entre eux, les insoumis·es ont cette capacité à produire « une intelligence collective » fédératrice, respectueuse du programme « l’avenir en commun », capable de convertir leurs actions en résultat puissant dans les urnes.
Leur credo : unité, méthode démocratique et rupture. Leur cible : le maire sortant Michaël Delafosse, qualifié de « macroniste local », perdu dans « une communication sur Instagram » entre narcissisme et autosatisfaction. Leur ambition : fédérer une majorité populaire en construisant l’alternative d’une vraie gauche au service des habitant·es de la ville.
Une méthode insoumise revendiquée
La séquence commence par un mot d’ordre clair : « La France insoumise est rassemblée et prête pour la campagne municipale. » Deux assemblées municipales, deux textes rédigés collectivement et quatre chefs de file désignés au consensus. Une manière de faire de la politique que Nathalie Oziol distingue volontiers de la « magouille des partis traditionnels » : « Chez nous, pas de guerre de personnes. Nous travaillons au consensus. C’est l’intelligence collective qui œuvre. »
Oziol, Slimane, Bertrand, Jampy, se présentent comme quatre militant·es bien ancré·es dans la stratégie de l’union populaire, avec un programme en construction, mais évidemment axé sur la justice sociale, la bifurcation écologique et une nouvelle pratique démocratique. « On ne veut pas confisquer le pouvoir, on veut permettre une intervention populaire permanente », insiste la députée insoumise.
Offensive contre Delafosse et le système local
Mais au-delà de la méthode, la conférence de presse devient rapidement une charge structurée contre la majorité sortante. « On ne peut pas laisser au pouvoir ceux qui ont créé les problèmes de cette ville », attaque Rhany Slimane. À ses yeux, la politique municipale actuelle n’est que la prolongation locale des logiques néolibérales d’Emmanuel Macron : marketing territorial, métropolisation, gentrification, austérité budgétaire et abandon des quartiers populaires. Son message est direct : « on ne veut plus d’un maire de la Comédie, on veut un ou une maire à plein temps, qui s’occupe vraiment des gens. »
« Le maire sortant a été élu avec 8 000 voix, c’est une légitimité faible, il le sait et gouverne pour ceux qui ont intérêt à sa politique », dénonce encore Rhany Slimane, et sans compter le contexte de crise sanitaire qui a mis au pouvoir en 2020 des maires-Covid.
Les quatre colistiers accusent également le maire socialiste de reprendre les codes et les mots de l’extrême droite, en évoquant notamment sa position sur la laïcité, les opérations de police ou le refus de suspendre le jumelage avec la ville israélienne de Tibériade. « Quand on emprunte les idées de l’extrême droite, on ne lutte pas contre elle, on la renforce. »
L’urgence sociale, écologique et démocratique
Du logement à la gestion des déchets, en passant par la rénovation thermique ou la gratuité des piscines en cas de canicule, les sujets locaux sont abordés en détail. Antoine Bertrand, attaché territorial et spécialiste des politiques publiques, alerte sur l’urgence climatique et le mal-logement : « Montpellier est une des métropoles les plus ensoleillées de France, mais rien n’est mis en place pour faire face à la canicule. » Il plaide pour un « plan d’urgence logement » et une lutte renforcée contre la spéculation foncière. « Aujourd’hui, les classes populaires comme les classes moyennes ne peuvent plus se loger à Montpellier. » Une ville trop chère, trop bétonnée, trop vendue aux intérêts privés. Et où, selon Nathalie Oziol, « la population est tenue à l’écart des décisions locales. »
Sur la gestion des déchets, le collectif appelle à sortir du clivage caricatural pro- ou anti-incinérateur, et réclame une vision plus large. « On ne peut pas réduire cette question à une solution métropolitaine technocratique, déléguée à des industriels qui obéissent à la logique de rentabilité », affirme la députée. LFI plaide pour une régie publique des déchets et une vraie politique de réduction à la source. « La politique zéro déchet, ce n’est pas juste de l’écologie, c’est une politique contre le capitalisme. »
Une main tendue, mais pas à n’importe quel prix
LFI laisse entrevoir la possibilité d’une alliance avec d’autres forces de gauche, notamment les écologistes, dont plusieurs élu·es ont rompu avec la majorité municipale. « On se retrouve sur les projets routiers, sur la bétonisation, sur la bifurcation écologique », reconnaît Nathalie Oziol. Mais la condition est claire : pas de reniement sur le programme. « On tend la main, mais sans oublier que nous sommes la première force politique à Montpellier. »
Et la tête de liste ? Pas encore désignée, assure le quatuor, qui promet un nouveau processus démocratique. Cependant, Nathalie Oziol s’impose comme figure naturelle : élue dès le premier tour en 2022 avec près de 60 % des voix, omniprésente localement, elle incarne la possibilité d’une rupture crédible, à l’écoute et proche des citoyen·nes.
Une campagne longue, mais déjà lancée
À quelque mois du scrutin, les insoumis·es entendent construire patiemment leur campagne : porte-à-porte, inscriptions sur les listes électorales, travail programmatique avec les collectifs. « Nous allons ramener dans le jeu politique celles et ceux que la politique a trahi·es », résume Livia Jampy, syndicaliste étudiante.
