Montpellier Municipales 2026 : la sécession des écolos est-elle consommée ?

Montpellier Municipales 2026, la sécession des écolos est-elle consommée ? - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO
Montpellier Municipales 2026, la sécession des écolos est-elle consommée ? - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO

Ils sont hyper-démocrates. Mais tellement. Les Écologistes de Montpellier actent la rupture avec Michaël Delafosse et se préparent pour 2026. Tous·tes ? Pas vraiment. Explications.

Au lendemain de leur Assemblée Générale du 23 juin, les écologistes entérinent leur rupture avec la majorité municipale de Michaël Delafosse. Dans un communiqué offensif, les élu·es et militant·es dénoncent une politique d’affichage écologique, un urbanisme débridé hérité de l’ère Frêche et une gouvernance jugée arbitraire, voire autoritaire.

Lors de cette AG, deux motions s’affrontaient : « Écologistes pour Montpellier » et « Rassembler pour une alternative écologiste sociale et citoyenne ». C’est la motion « Rassembler pour une alternative écologiste sociale et citoyenne », celle qui acte la rupture avec les socialistes, qui a été adoptée par 68,62% des suffrages contre 31,37%.

Les 12 premiers candidat·es écologistes sont désigné·es dans un ordre précis : 1 Jean Louis Roumegas, 2 Julia Mignacca 3 Guillem Vern, 4 Coralie Mantion, 5 Nordine Maktoubi, 6 Isabelle Dangerfield, 7 Hugo Daillan, 8 Lucie Mendes, 9 Jean François Verot, 10 Mbarka Boualleg, 11 Said Bouya, 12 Claire Engel.

Des élus dans le rouge

À première vue, tout semble normal, mais un climat de défiance interne se distille avec en fond des tensions financières potentiellement explosives, ou plutôt exclusives. Au cœur du malaise, le système de réversion à son parti d’un pourcentage de ses indemnités qui est une pratique contractuelle courante dans les formations politiques. Problème, les écolos restés chez Delafosse ne paient plus leurs mensualités, depuis plusieurs années. Selon, semble-t-il, une information envoyée aux adhérent·es, Bruno Paternot doit plus de 10 000 €, Marie Massart, plus de 12 000 €, Manu Reynaud idem, Stéphane Jouault, plus de 4 000 €, Mustapha Laoukiri, plus de 4 900 €, et tous·tes sont débiteurs·trices vis-à-vis du parti de ces sommes au 30 avril 2025, soit bien avant l’assemblée de juin qui les a mis en minorité et qui pourrait démontrer qu’iels n’ont jamais eu l’intention de se soumettre au choix des adhérents. Des sommes qui augmenteront, si mai, juin et certainement juillet restent impayés et s’accumuleront sur l’ardoise de chacun, sauf pour Manu Raynaud exclu, qui resterait redevable de sa dette antérieure. Ces élu·es sont donc dans le rouge et leurs dettes, symptôme d’une crise morale profonde, ces pro-socialistes utilisent-iels leurs dettes comme un outil stratégique ? « Ces comportements-là me déçoivent et me surprennent» confie un responsable chez Les Écologistes, en ajoutant : « ce qui est prioritaire à Montpellier, c’est qu’il y a une décision qui a été votée à l’assemblée générale, j’attends de tous les gens qui se revendiquent encore du parti qu’ils suivent cette décision. »

L’arme d’un désaccord stratégique

La direction régionale du parti tente bien de recouvrer les créances, mais l’impayé se confond ici avec un désaccord stratégique et peut devenir un moyen d’évitement. Étonnement, ne figurent pas dans la liste des 12 : Jouault, Laoukiri, Massart, Paternot. La subtilité, c’est qu’ils ne peuvent pas être sur la liste, car pour se présenter, il faut être à jour de ses cotisations et reversements. Le non-versement des sommes dues rend de facto impossible leur intégration à la liste. Mais a priori, la « team Massart » continue malgré tout de faire vivre leur motion, ( communication, site, réseaux sociaux ), comme s’ils préféraient se tenir à distance de la nouvelle dynamique. Trop convaincu·es que leur motion « Écologie pour Montpellier », qui veut clairement une alliance avec Delafosse,  bien que rejetée en assemblée le 23 juin dernier, demeure la seule voie possible.

Et c’est là que Les Écologistes s’affirment comme hyper-démocrates car ils tiennent à respecter rigoureusement la proportionnelle c’est à dire à garantir des places aux 31,37%, des « pro-Delafosse ». Les têtes d’affiche attendues s’étant mises hors jeu pour des questions de non respect des règles de reversement , « ils envoient des seconds couteaux de la motion minoritaire », nous confie un cadre du parti. Ces quatre remplaçant·es présent·es dans la liste des 12, ont un profil moins exposé et iels incarnent peut-être un entrisme silencieux, dont il faudra savoir mesurer les effets.

Question de méthode et de ligne politique

Contactés sur les impayés et cette recomposition des écologistes montpelliérains, Marie Massart, qui est un peu la cheffe de file de la motion minoritaire « Écologistes pour Montpellier », a bien voulu nous répondre. Pourquoi Marie Massart, vous n’êtes pas candidate parmi les 12 premiers noms désignés par les écologistes pour 2026, c’est une stratégie, c’est un problème de dette  ? « Ce n’est ni une stratégie de retrait, ni une conséquence de dettes de reversement, mais une question de méthode et de ligne politique. Fixer 12 candidats aujourd’hui, avant même d’avoir travaillé sur un projet ou fait un bilan du mandat, pour nous ça n’a pas de sens. »

Elle insiste : « On a joué le jeu de l’AG parce qu’on nous l’a imposé, mais nous, on pense que ce n’était pas le bon moment. » Sur le fond, Marie Massart assume une ligne différente : « se retrouver sur une liste avec des gens qui disent qu’on fait une politique antisociale, anti-écologique et productiviste, pour nous, ce n’est pas acceptable. » Et sur la question des reversements  ? Elle reconnaît un contentieux en cours : « on est en discussion avec le niveau régional, ce sont des questions administratives encore ouvertes, mais ça n’a rien à voir avec le fait d’être candidat. » Elle évoque aussi des frais engagés pour le groupe, des dépenses de communication et des arbitrages en attente. L’argent serait « mis de côté », en attente de résolution. Mais malgré le désaccord, pas question de claquer la porte. Elle reste loyale au parti et attachée à une stratégie de rassemblement : « je suis triste qu’on en arrive là. Mais je suis fière de ce qu’on a fait. On continue à agir. Ce n’est pas toujours parfait, mais on est dans le concret. »

« Ce n’est pas une dette, c’est un rapport de force »

Sollicité, aussi, Manu Reynaud réfute toute dette impayée : « Je ne dois plus rien au parti depuis mon exclusion, et je défie quiconque de prouver le contraire. », assure-t-il. Selon lui, les sommes évoquées relèvent d’un contentieux ancien sur le financement d’actions de communication du groupe, que le parti aurait refusé de prendre en charge. « Ce n’est pas une dette, c’est un rapport de force interne, ce n’est pas une question d’argent : c’est une stratégie pour nous disqualifier. » Et pour tous ses camarades restés à ses côtés « c’est une question administrative qui est en cours de règlement et si certains veulent l’instrumentaliser libre à eux, mais on voit le niveau de hauteur politique de l’échange et du débat. » Le 2e adjoint de Michaël Delafosse dénonce une instrumentalisation d’autant plus flagrante, selon lui, qu’elle surgit opportunément au moment du lancement de la campagne. « C’est étonnant, c’est maintenant qu’ils réclament, alors que ça fait deux ans qu’ils refusent de nous voir. » Plus largement, il interroge la légitimité même de l’Assemblée générale du 23 juin. « Il n’y a pas de militants dans la motion majoritaire. Ce sont des adhésions de complaisance. »

Lui dit être fier de l’action menée dans la majorité municipale. « Je suis extrêmement fier des politiques publiques que nous avons portées à Montpellier. Je ne vois pas comment je pourrais me retrouver sur une liste dont la tête passe son temps à nous taper dessus. » Il affirme avoir toujours contribué au parti « jusqu’à mon exclusion », et reconnaît que ses arguments peuvent être inaudibles : « la bataille est perdue d’avance : à la fin, tout le monde retient juste qu’on est des affreux qui n’ont pas payé. »

Enfin, avec amertume, il conclut sur une note d’attachement : « moi, c’est mon parti. Je suis écologiste. Et j’ai autant ma place que les autres… Et j’y retournerai ! »

Lunel 1er mai prises de parole - Photo - Guilhem Landier

Lunel : 1er Mai revendicatif et convivial autour de la justice sociale

Navire Sea Shepherd - Photo - Shepherd

« Mal à la mer » envie de large, envie de mobilisations et d’actions

Nathalie Oziol députée de l'Hérault Montpellier Janvier 2025 - Photo - JP Vallespir

Nathalie Oziol : « les habitantes et les habitants sont les premiers experts de leur quartier »

Share via
Copy link