Ils ne sont pas éco-anxieux, mais « éco-furieux ». Ils veulent des communes pour tous, « l’écologie n’est pas la lutte de l’homme blanc sur son vélo. » À Lunel, les Jeunes Écologistes sont enthousiastes avec « Communs Communes » : un manifeste de rupture, écrit à plusieurs mains, pour enrichir la politique locale à gauche. Entre lutte sociale, urgence climatique et démocratie directe, une génération affûtée est prête pour 2026.
Neila Semmar, Clément Choulet, et Julien Pacioni étaient à Lunel, samedi 14 juin, à l’initiative de Raphaël Valette du groupe « les écologistes du Lunellois ». Occasion d’échanger avec les habitant·es afin de rendre concrets les sujets du quotidien et de présenter un récent ouvrage : « Communs Communes », rédigé collectivement par les Jeunes Écologistes.
Il s’agit d’un manifeste rédigé collectivement en vue des Municipales de 2026, mettant en avant les grandes idées d’une politique locale. Droit au logement et dignité de tous sont au cœur de l’ouvrage. Il s’agit également de penser une ville pour les jeunes en favorisant les « lieux de vie », mais aussi l’école et les services publics, ou encore lutter contre l’étalement urbain, et assurer des transports pour tous par la gratuité.
Pourquoi avez-vous rédigé ce manifeste ? « Nous en avons eu l’idée il y a un an, nous pensons que dans l’écologie politique, l’échelon local est extrêmement important, et au vu de la défiance qu’ont les citoyennes et citoyens envers les personnalités politiques, le champ local est le dernier où la confiance est là, où il y a un espoir. C’est une manière de les emmener vers une écologie politique où plein de choses sont possibles grâce à l’écologie. Alors, depuis un an nous avons interrogé des citoyen·es, des élu·es, nous avons fait des commissions que nous avons rédigées puis analysées afin d’en sortir les idées directrices. Ce manifeste est la vision instantanée des Jeunes Écologistes sur l’échéance municipale. Nous traversons la France pour le présenter et tenter d’inspirer avec des idées progressistes, écologistes, et fondamentalement de gauche. »
Écologie et lutte sociale : des enjeux intrinsèquement liés
Quand on questionne les Jeunes Écologistes sur leurs priorités, la réponse est sans détours : « Chez les Jeunes Écologistes, on essaie de ne pas hiérarchiser nos priorités, car luttes sociales, écologistes, ou antidiscriminatoires sont liées », répond Julien Pacioni. « Bien sûr, si on devait en trouver trois ça serait la lutte contre le dérèglement climatique et la crise écologique en général, mais aussi la lutte sociale qui touche les jeunes, les personnes issues de l’immigration, les femmes, et bien sûr la lutte contre les discriminations, quelles qu’elles soient : envers les personnes issues de l’immigration, les personnes racisées, les minorités, les personnes LGBT, l’antisémitisme, l’islamophobie et le validisme (discrimination des personnes invalides) ».
On parle d’éco-anxiété, en fait il faut être « éco-furieux » !
La « vague verte » que l’on a pu observer chez les jeunes ces dernières années est-elle toujours d’actualité ? « Il y a eu une vague verte, notamment en 2019 avec les Européennes et la grande marche sur le climat, nous appartenons à une génération qui est plus sensibilisée par rapport au climat, mais dans la société capitaliste actuelle et la société de consommation dans laquelle nous vivons, on ne leur donne pas les moyens de lutter et on ne leur montre pas quels sont les réels enjeux et les problèmes de notre société. On parle d’éco-anxiété, en fait il faut être « éco-furieux » ! Parler d’anxiété cela voudrait dire qu’on est inquiet sans vraiment savoir de quoi ni pourquoi alors qu’on sait ce qui cause les crises climatiques, sociales, alors nous voulons que l’on donne à la jeunesse les armes politiques et intellectuelles pour lutter contre ces dernières ».
« L’écologie n’est pas la lutte de l’homme blanc sur son vélo »
Pensez-vous que l’on peut concilier les luttes écologiques et les luttes sociales ? « C’est important ! On nous reproche d’avoir une écologie punitive et ce n’est pas le cas! Nous savons que les personnes qui vont être les plus touchées par le réchauffement climatique, ceux qui vont le plus subir la baisse de la biodiversité et la hausse des températures sont les plus pauvres, et qu’en revanche ce sont les classes les plus riches qui polluent le plus. Les riches vont profiter de la crise, et à l’inverse les classes les plus modestes, qui ont une part incomparablement moindre dans celle-ci vont en subir le plus les conséquences. Pour nous écologies et lutte sociales sont liées, le plus complexe est d’arriver à le faire comprendre, et le discours relayé par certains médias ne nous y aide pas forcément ».
Neila Semmar ajoute : « Il est pour nous très important, quand nous parlons d’écologie, de privilégier les questions sociales et ne pas la réduire à une affaire de privilégiés. L’écologie n’est pas la lutte de l’homme blanc sur son vélo, c’est aussi celle de ceux qui n’ont pas forcément les moyens d’aller travailler à vélo parce qu’ils habitent trop loin de leur lieu de travail. C’est une question et une exigence qu’on doit avoir : toujours lier lutte écologique et luttes sociales. »
On a fait des rencontres à Lunel
Plurielle info a également suivi le tour de ville mené par Raphaël Valette, ponctué d’échanges d’idées très intéressantes avec la population lunelloise, qui n’a pas manqué de faire réagir ses invités.
Selon Julien Pacioni, « il y a un réel potentiel des écologistes à Lunel. Nous pensons que cette ville a les moyens de basculer à gauche, ou du moins d’avoir des élus d’opposition de gauche. De nombreuses mesures peuvent s’appliquer ici, comme on a pu le voir, les gens ne sont pas réticents au changement et ne voient pas l’écologie comme une problématique de privilégiés. Il y a une réelle volonté citoyenne à Lunel de changer les choses, et on espère que cela va se concrétiser aux prochaines élections municipales. »
Neila Semmar confirme : « c’est une ville qui ne porte pas directement nos questions, mais nous avons donné les vraies solutions en matière d’écologie aux sujets qu’ont soulevés les habitant·es. En plus on a rencontré des gens particulièrement sympathiques bien que ne partageant pas forcément nos idées, chose importante et à noter ! »
