jeudi 20 mars 2025 • 14h36

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La culture n’est pas un luxe ni une variable d’ajustement

Conférence de presse des secteurs du spectacle et de la culture - Photo - Rayan Bell
Conférence de presse des secteurs du spectacle et de la culture - Photo - Rayan Bell

Mardi 18 mars, la CGT Spectacle et l’intersyndicale des organisations du spectacle subventionné tenaient une conférence de presse à Montpellier, afin de mettre en garde sur les conséquences des coupes budgétaires prévues dans le domaine de la culture dans l’Hérault. En prévision, des ‘’milliers d’emplois supprimés ‘’ des ‘’ artistes qui se retrouveront au RSA ‘’, et des ‘’collégiens privés d’éducation culturelle »…


À quelques jours de l’examen du budget 2025 par le conseil départemental, la suppression annoncée des financements « non obligatoires », soit une réduction de 12,4 millions d’euros, suscite une grande inquiétude. Spectacle vivant, festivals, et associations culturelles : tou·tes seraient affecté·es par cette mesure qualifiée d’ »incompréhensible » par les syndicats et les professionnel·les. Cathy Gracia, représentante de la CGT Spectacle, souligne : ’’Aucun autre département n’a décidé de couper 100% de ce qu’il était possible de couper sur le secteur culturel ‘’.

« Cette année, tous les dispositifs culturels seront balayés »

Les résidences de création artistique, le prêt de matériel scénique aux associations, les aides aux festivals, ainsi que le soutien au fonctionnement de certains théâtres et salles de spectacle seront purement et simplement supprimés. Mais au-delà de ces suppressions directes, la CGT lance l’alerte sur des répercussions plus larges, à savoir la baisse de l’attractivité de la région, la perte sèche de milliers d’emplois, et surtout, la progression de l’obscurantisme qui va de pair avec le recul de la culture. Car les syndicalistes rappellent qu’elle « est le meilleur antidote contre le racisme, l’antisémitisme et le communautarisme » et qu’à ce titre, la culture ne peut être considérée comme un luxe dont on pourrait se débarrasser en période de crise.

Une décision strictement politique

C’est pourtant bien avec cet argument de la crise, et plus précisément de la baisse des dotations de l’Etat, que le président du département de l’Hérault, Kléber Mesquida, a justifié ces coupes drastiques, ajoutant que 140 millions d’euros d’emprunt sont nécessaires pour 2025. Benjamin Karchen, représentant de la CGT des agents du Conseil départemental, ne l’entend pas de cette oreille : « On nous a emmenés sur le terrain de la question économique, et c’est vrai que quand on tente de nous l’imposer comme une évidence, on se retrouve face à un mur. Les élus nous disent : « Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ? » On leur répond : « Nous voulons que vous fassiez de la politique ! »

Doubles discours

Les syndicats dénoncent aussi le double discours du gouvernement, entre les engagements pris et la réalité des décisions budgétaires. Cathy Gracia, élue au syndicat CGT spectacle, rappelle que la ministre de la Culture Rachida Dati et François Sauvadet, président des Départements de France, ont signé le 11 mars dernier, un « engagement commun en faveur de la culture » qui promet de « renouveler et de renforcer la coopération entre état et départements ». De même, Cathy Gracia voit mal comment le département de l’Hérault pourrait tenir les engagements culturels qu’il a affichés pour la période 2023-2028 avec le budget tel qu’il se profile pour son examen le 24 mars.

Face à ces contradictions, les syndicats espèrent encore pouvoir rencontrer les responsables départementaux avant cette échéance et peser sur les décisions. En attendant, une mobilisation de l’ensemble des professionnels du secteur est prévue le 20 mars, comme ils l’ont fait en février, pour éviter le pire et sauver la culture.

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