[EDITO] La médecine n’a jamais eu pour vocation de se faire l’instrument d’intérêts privés. Et pourtant, dans les méandres de l’aménagement urbain, certains n’hésitent pas à brandir la blouse blanche comme un alibi imparable à l’urbanisation.
La Clinique du Parc, établissement médico-chirurgical installé dans un écrin de verdure sur les rives du Lez, se retrouve aujourd’hui au cœur d’une manœuvre qui ferait frémir jusqu’au serment d’Hippocrate. « Notre futur clinique a besoin de vous!!! » Oui, comme cela avec trois points d’exclamation. Et le groupe Clinipole ose tout avec cet appel : « Soutenez le déplacement de la Clinique du Parc sur le site de Sablassou ! ».
Le clou du spectacle que donne à voir cette affichette est bien l’injonction finale : « Chaque voix compte !! Mobilisons-nous pour l’avenir de notre clinique ! » Non, ce n’est pas une blague… Voilà qu’une campagne surgit, comme si la clinique était menacée et la santé en danger !!! Or le vrai sujet, ce sont des projets immobiliers et les orientations d’aménagement et de programmation (OAP) de Sablassou.
Par qui est orchestrée cette campagne ? La mairie, le Conseil d’Administration de la clinique, le promoteur ? Ou les trois…. ? Bref ! Que les affichettes placardées ici et là aient pu être poussées par des « motivations » internes, complaisantes avec une droite affairiste au pouvoir jusqu’en 2026, c’est peut-être possible ? On espère juste que les salarié·es n’ont pas eu à subir trop de pressions pour participer à cette mascarade et aller (soit en numérique, soit en physique), se confier au commissaire-enquêteur, sur des motivations qui ne seraient pas les leurs. Normalement, en toute logique et avec rigueur, comme l’avait fait Thierry Davin, commissaire-enquêteur avant Philippe Bosch, l’ensemble des commentaires téléguidés devrait être écarté. Seuls les auteurs en resteraient abusés.
Reste un bénéfice possible d’une droite castelnauvienne qui jouera son rôle à la perfection, en se gloussant d’une « participation » en faveur du déplacement de la clinique à Sablassou. Où est le Frédéric Lafforgue du 5 septembre 2024 qui déclarait « j’ai la volonté d’arrêter l’urbanisme, d’y mettre un stop ! ». Certes il avait prévenu en comparant l’urbanisme de la ville à « un tanker difficile à arrêter. » Il ne faudrait pas que ce tanker bousille tout Castelnau.
Rappelons aussi que la médecine est encore une profession encadrée par l’éthique, et que l’Ordre des médecins aurait peut-être tout à dire sur ce détournement du serment d’Hippocrate à des fins de manipulation collective. Forcer dans un lieu de soins la conscience des patient·es pour appuyer une stratégie de lobbying, l’énormité du procédé laisse pantois.
Que l’on défende des projets, que l’on discute d’aménagements, que l’on débatte des orientations publiques, soit. Mais qu’on laisse la médecine hors de ces calculs. À moins que certains, au fond, aient définitivement oublié pourquoi ils avaient un jour prêté serment.
