vendredi 14 mars 2025 • 16h27

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Rencontres Nationales des Quartiers Populaires : espace politique pour exercer une citoyenneté productrice de solutions

Toulouse Eric Coquerel et Farida Amrani Février 2025 - Photo - JP Vallespir
Toulouse Eric Coquerel et Farida Amrani Février 2025 - Photo - JP Vallespir

Les troisièmes Rencontres Nationales des Quartiers Populaires, organisées sous l’impulsion d’Éric Coquerel à l’origine du mouvement depuis novembre 2018 à Épinay-sur-Seine se sont ouvertes à Toulouse  avec un objectif clair : rassembler habitant·es, militant·es et citoyen·nes engagé·es pour lutter contre les inégalités et les discriminations que subissent les quartiers populaires. 

Ces territoires, souvent situés aux abords des grandes villes, sont marqués par la précarité et l’accès inégal aux droits fondamentaux. Depuis la première édition, l’événement s’est affirmé comme un espace de mobilisation et de réflexion collective. « Outil des dits quartiers populaires », il s’inscrit dans la continuité des combats de LFI menés contre l’islamophobie, les violences policières et les politiques de stigmatisation.

« On considère trop souvent, ces habitantes et ces habitants comme des ennemis de l’intérieur »,  lance le député insoumis en précisant que Bruno Retailleau l’actuel ministre de l’Intérieur veut en réalité s’assurer « qu’il ne s’agirait que de Français de papiers. »

Éric Coquerel rappelle notamment la participation de La France insoumise à la grande marche contre l’islamophobie en novembre 2019, ainsi que son engagement aux côtés des familles et des collectifs dénonçant les brutalités policières quand d’autres responsables politiques de gauche participaient avec la droite, l’extrême droite et Gérald Darmanin à un rassemblement de policiers déclarant : « le problème de la police : c’est la justice ».

Le néocolonialisme intérieur

Au cœur de ces rencontres, la question de la « Nouvelle-France » est centrale. Selon le député de Seine-Saint-Denis, cette notion fait écho aux vagues successives de travailleurs immigrés qui ont contribué à la richesse nationale, qu’ils soient d’origine polonaise, italienne, espagnole ou portugaise. Mais il pointe un changement de paradigme : aujourd’hui, ces nouveaux arrivant·es, issu·es des anciennes colonies françaises, subissent une forme de néocolonialisme qui s’exprime notamment par les discours sur la « reconquête républicaine » et une marginalisation accrue. Eric Coquerel note : « cette semaine, nous avons vu une Assemblée nationale, des macronistes à l’extrême droite, se lever et applaudir un Premier ministre qui osait parler des submersions, reprenant ainsi les propos finalement de quelqu’un comme Zemmour ».

Quels leviers d’action pour une véritable justice sociale ?

Face à la montée d’un autoritarisme teinté de racisme décomplexé, amplifié par l’extrême droite et relayé jusqu’à l’Assemblée nationale, ces Rencontres réaffirment la nécessité d’un front populaire pour défendre les droits des habitant·es des quartiers populaires. Les élections municipales doivent permettre à ces territoires de peser dans les choix politiques locaux et de se doter de leviers d’action pour une véritable justice sociale.

Dans un esprit de solidarité et de combat, Éric Coquerel a conclu son introduction en saluant l’engagement de celles et ceux qui, depuis la première édition, participent à la construction d’un mouvement révolutionnaire ancré dans la réalité des quartiers, car il n’y a pas de mouvement révolutionnaire sans les « damnés de  la terre ». « Vive les quartiers populaires, vive la Nouvelle-France », a-t-il lancé, appelant à une mobilisation continue pour faire entendre la voix de celles et ceux qui, chaque jour, luttent contre les discriminations et l’injustice sociale.

L’engagement de Farida Amrani

Députée de l’Essonne, Farida Amrani raconte le début de son engagement politique alors que, mère de trois enfants, elle participait à une association de parents d’élèves à Évry. Le représentant de la municipalité a éconduit une délégation de parents en affirmant que c’est la municipalité qui décide de la mise en place des nouveaux rythmes scolaires et pas les parents, ajoutant « Si vous n’êtes pas contente, vous n’avez qu’à vous investir en politique ». Dont acte ! Farida monte une liste aux élections suivantes et fait son entrée au conseil municipal dans l’opposition à cette majorité arrogante. La morale de cette histoire est que rien ne se fera de positif pour les quartiers populaires sans l’engagement de leurs habitant·es.

C’est bien ce que sont invité·es à faire les participant·es à ces rencontres venu·es de toute la France : travailler thème par thème à produire des idées et propositions. Répartie·es en 45 tables d’une dizaine de personnes chacune, désignant son ou sa  référent·e, iels « phosphorent » pour répondre à des questions précises : comment investir la démocratie dans les quartiers populaires ? Lutter contre les discriminations : faire des villes inclusives, services publics et biens communs. Comment garantir la tranquillité de toutes et tous ? Écologie populaire : comment engager la bifurcation écologique ? Logement : comment révolutionner l’habitat ?

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