[EDITO] Les propos scandaleux tenus par Caroline Yadan à l’Assemblée Nationale concernant le supposé antisémitisme de la France Insoumise pose un problème de fond, au-delà de la sanction qu’ils appellent. On pourrait penser d’abord au mensonge en politique, mais il s’agit d’un autre bien plus grave, car tous les mensonges n’ont pas la même signification ni la même portée.

Prétendre voir des antisémites là où ils ne sont pas, et plus précisément en celles et ceux qui refusent de considérer les gens en fonction de leurs origines, leur ethnie ou leur religion, et par conséquent qui n’intègrent même pas la notion de “juif “dans leur cadre de pensée politique, n’est-ce pas une manière de valider cette conception raciale ou confessionnelle de la société, celle-là même qui produit le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie, mais aussi le sionisme, l’islamisme et le suprémacisme blanc ?

Pourquoi diable les Insoumis·es “haïraient-iels les “juifs”, comme on l’entend en boucle ? Elleux dont l’approche humaniste de la société exclut tout sentiment de haine et qui défendent au contraire l’égalité des droits, la coopération et la solidarité, l’harmonie des humains entre eux et avec la nature, et bien sûr la paix, le tout résumé et détaillé dans leur programme : l’avenir en commun.

Les haineux voient leurs adversaires à leur image. Ils projettent leurs hideuses obsessions, car ils n’arrivent pas à concevoir que l’on puisse penser le présent et l’avenir autrement qu’avec leurs catégorisations surannées, dopés qu’ils sont au sentiment de supériorité et certains que la civilisation est incarnée par le monde blanc occidental et capitaliste. Tout ce qui s’oppose à leur vision doit se taire ou disparaitre .

Il y a un siècle, la campagne contre les “judéo-bolchéviques” préparait l’avènement du nazisme avec la complicité de la collaboration pétainiste. Qu’en sera-t-il du matraquage politique et médiatique d’aujourd’hui contre les Insoumis·es traité·es d’ “islamogauchistes”, éjecté·es de “l’arc républicain” et accusé·es d’antisémitisme ?

Alors que tout le monde feint d’oublier que le parti de Le Pen père fut fondé par d’anciens nazis, alors que le Premier ministre brandit l’épouvantail de la “submersion migratoire” sous les applaudissements du RN, alors que Trump et sa clique déversent la haine à haute dose et que Netanyahu qui avait déclaré en 2015 que « Hitler ne souhaitait pas exterminer les juifs » continue la persécution des Palestinien·es en Cisjordanie, il faut lire d’urgence l’essai de Umberto Eco “Reconnaitre le fascisme” pour remettre les pendules à l’heure des vraies menaces qui pèsent sur la démocratie et la paix du monde.