Sébastien Rome : « Créer du collectif pour résister aux idées de l’extrême droite »

Sébastien Rome - Photo - PLURIELLE INFO
Sébastien Rome - Photo - PLURIELLE INFO

La Fronde populaire « face à l’agenda politique de Bolloré, LVMH et du Rassemblement national », c’est le rendez-vous qui est proposé ce 30 novembre dans l’Hérault à Montarnaud. Interview avec Sébastien Rome.

Ancien député de l’Hérault et membre de La France insoumise, Sébastien Rome s’engage aujourd’hui dans des actions citoyennes pour contrer la montée de l’extrême droite. Il revient sur l’importance du lien entre politiques et citoyen·nes, sur la stratégie du Rassemblement National et les solutions collectives à construire.

Plurielle : Pourquoi faut-il maintenir la relation entre le politique et les citoyen·es, particulièrement dans un contexte où le monde semble glisser vers des idéologies fascisantes ?

Sébastien Rome : Ce qu’on a vu, c’est énormément de personnes qui se sont rassemblées au mois de juin et qui n’ont pas forcément envie de s’impliquer dans des organisations politiques, mais qui ont envie de s’impliquer face à l’extrême droite. Ces personnes-là sont prêtes à se mobiliser, à faire des actions, à se rassembler. Des initiatives comme la Fronde populaire leur permettent justement de se projeter dans « comment » mettre en œuvre des idées progressistes et humanistes pour les faire gagner. Aujourd’hui, les enjeux sont lourds : écologiques, sociaux, mais aussi les libertés publiques. Les libertés publiques sont menacées et sans une unité populaire, il sera impossible de résister. »

Plurielle : Le Rassemblement National (RN) est-il devenu, selon vous, un instrument du capital ?

SR : Oui, c’est exactement ça. Prenons l’exemple de l’entreprise Bolloré, qui mène une stratégie claire en ralliant le patronat français. LVMH, Hachette et d’autres grandes entreprises s’alignent dans ce conglomérat. Emmanuel Macron, usé, ne sert plus les intérêts du capital. Le relais est désormais passé à Marine Le Pen, comme on l’a vu lors des débats sur le budget. L’extrême droite adopte aujourd’hui une position classique de la droite traditionnelle, s’alliant avec des figures comme Éric Ciotti. Leur programme est centré sur la défense des intérêts du capital. Face à cette alliance, il ne reste que nous pour incarner une véritable alternative. »

Plurielle : Est-ce que la société de consommation renforce l’individualisme et la peur ? Quels en sont les impacts et comment y répondre ?

SR : On a créé une société de consommation et d’hyperconsommation qui individualise les rapports sociaux. L’autre devient un concurrent : sur le marché du travail, pour le logement… En générant artificiellement la pénurie, on pousse les individus à s’opposer. La réponse doit passer par la création de collectifs. À chaque fois que l’on construit des initiatives collectives, on montre leur efficacité. C’est ainsi qu’on peut résister aux idées de l’extrême droite. Il s’agit de rassembler, de faire ensemble, de recréer du lien social pour dépasser les divisions que l’extrême droite exploite.

Plurielle : La Fronde populaire, que vous portez, est-elle une manière d’« être intelligent ensemble » ?

SR : Oui, je pense que c’est effectivement penser et agir ensemble. Cela passe par une résistance collective et une prise de conscience. Quand on discute avec des électeurs du Rassemblement National, on entend souvent : « on va se débarrasser des Arabes et tout ira bien ». C’est le discours de surface. Mais si on creuse, on découvre que les choses sont plus nuancées et qu’un dialogue est possible.

Beaucoup d’électeurs du RN ont intégré l’idée qu’il n’y a pas d’alternative, qu’il faut se résoudre à une guerre de tous contre tous, à taper sur les plus petits pour survivre. Mais l’histoire de France prouve qu’on peut faire autrement. La Sécurité sociale est née dans une France pauvre, après-guerre, grâce à une vision collective. Il est possible de vivre ensemble autrement, de construire autre chose que cette division permanente.

Vers une résistance collective et humaniste

Pour Sébastien Rome, face aux stratégies de division, des solutions existent. Elles passent par la mise en œuvre de projets collectifs, la reconstruction du lien social et l’affirmation de valeurs humanistes. La Fronde populaire veut en être une illustration : un espace de réflexion et d’action.

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