Montpellier : la mairie du like oublie-t-elle la mairie du cœur ?

Huit familles, dont quinze enfants dorment sur le parvis de l’hôtel de ville de Montpellier - Photo - DR
Huit familles, dont quinze enfants dorment sur le parvis de l’hôtel de ville de Montpellier - Photo - DR

Huit familles, dont quinze enfants, dorment depuis trois nuits sur le parvis de l’hôtel de ville de Montpellier. Expulsées le lundi 27 octobre d’un bâtiment désaffecté du 501 rue de la Croix Lavit, qu’elles occupaient depuis deux ans, ces familles soutenues par l’association Solidarité Partagée et le collectif Une école un avenir n’ont reçu, à ce jour, aucune solution de relogement.

La scène se déroule à quelques jours de la trêve hivernale, dans une ville où il manque déjà près de 1 000 places d’hébergement d’urgence. L’expulsion, ordonnée par François-Xavier Lauch, le préfet de l’Hérault, aurait été menée sans heurts apparents, mais ses conséquences humaines restent lourdes. « la première nuit a été difficile, il fait froid », confie une mère de famille, entourée d’enfants scolarisés à Montpellier.

Mardi et mercredi soir, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées devant la mairie pour demander un abri immédiat. Le collectif Une école un avenir a lancé une pétition dénonçant « la défaillance d’un État qui ne répond plus à ses obligations légales en matière de protection des personnes vulnérables ». Le collectif demande à la mairie d’ouvrir un lieu d’accueil temporaire et a créé un groupe Whatsapp d’organisation logistique.

Montpellier laisse des enfants dormir dans la rue

Sur place, mercredi 29 octobre au soir, Pierre Renard infirmier au CHU de Montpellier témoignait d’une tension palpable. Interrogé, il raconte : « il y avait entre quatre-vingts et cent personnes, qui se sont relayées devant la mairie… J’ai pris la parole pour condamner avec la plus grande fermeté le fait que la mairie de Montpellier laisse des enfants dormir dans la rue. » Parmi les élus venus dialoguer, Michel Calvo, adjoint socialiste à la cohésion sociale et à la lutte contre l’exclusion, « il nous a dit que ce n’était pas de leur ressort, que la compétence relevait de la préfecture. »

Mais pour Pierre Renard, insoumis et membre de la CGT, très engagé dans les luttes sociales pour protéger les plus fragiles et leur redonner dignité, cet argument ne tient pas : « la préfecture, ce n’est pas notre problème, notre problème c’est qu’il y a des enfants dehors. J’ai proposé d’ouvrir un gymnase, avec un engagement associatif pour encadrer les lieux. Refus catégorique. La mairie a peur que cela devienne un squat. » Après une longue discussion, aucune solution n’a émergé. Un nouveau rassemblement est prévu samedi à 11h devant la préfecture.

L’humanité n’est pas une compétence optionnelle

Dans cette affaire, la mairie de Montpellier et la préfecture se renvoient la responsabilité. Le maire, Michaël Delafosse, rappelle que « l’hébergement d’urgence relève de l’État » et qu’« une collectivité ne peut s’y substituer ». La préfecture affirme avoir orienté deux familles vers l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration), et selon le Midi Libre, il aurait été précisé par cette même préfecture : « les autres étant en situation irrégulière n’ont pas été mises à l’abri. »

Au fond, la véritable intempérie n’est pas celle du ciel, mais celle de la misère. Une tempête sociale que Montpellier, comme tant d’autres grandes villes, ne semble plus vouloir affronter autrement qu’à coups de communiqués. Une évidence s’impose : l’humanité n’est pas une compétence optionnelle. Ouvrir un gymnase ou réquisitionner un local vide n’exige pas seulement un arrêté municipal, mais une volonté politique et un peu de cœur. Or, à force de multiplier les stories sur Instagram et de se mettre en scène en reporter dans le tramway, le maire de Montpellier (en fonction jusqu’en mars 2026) semble avoir oublié que la mairie est avant tout une maison commune. Celle où nul ne devrait dormir dehors, surtout pas des enfants. L’épisode des familles expulsées sans relogement en est la démonstration crue : la ville à hauteur d’enfants n’était sans doute qu’un slogan de communication.

Pour rappel, en cas de danger grave et imminent pour la santé ou la sécurité publique, le maire peut réquisitionner des bâtiments vacants, conformément à l’article L.2212-2 du Code général des collectivités territoriales. Alors certes, une mairie ne peut pas tout faire seule, l’État reste compétent pour l’hébergement d’urgence, mais elle a un rôle décisif de proximité : repérer, alerter, héberger temporairement et coordonner la solidarité locale.

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