À l’ordre du jour de la dernière assemblée citoyenne de Nouvelle Page à l’Espace Victor Meyer : présentation des mesures phares du programme et des premier·es candidat·es à la votation citoyenne. Entre les deux, quatre brèves interventions des représentantes des organisations politiques désireuses d’apporter leur contribution à cette dynamique citoyenne .

Premier constat :  On est loin des réunions électorales où on vient adouber par applaudissement le futur édile qui ne manquera pas de se présenter comme sauveur de la ville et qui constituera seul sa liste sur casting avec force promesses. Mercredi 1er octobre, pas moins d’une dizaine de citoyen·nes se sont succédé pour présenter la synthèse des groupes de travail thématiques qui débattent depuis plusieurs mois pour élaborer des propositions alternatives aux politiques affairistes inégalitaires, voire écocidaires, qui sévissent dans la ville depuis 25 ans.

Le fil rouge de l’éthique et de la démocratie

Exercice difficile, car les groupes ont été hyper productifs et leurs « rapporteur·trices », parfois en duo, ne sont pas des professionnel·les de la politique. Ielles ne disposent pas comme d’autres de services de com ou d’agences conseil. « On a tenté de fait la synthèse de 45 pages de propositions », précise Laura Seguin. En plus, chaque point présenté suscite inévitablement dans la salle des échanges que Stella Morenas et Pauline Dulaurier étaient en charge d’animer en respectant les temps impartis minutés. C’était bien le but : tester les mesures phares et vérifier qu’on n’est pas passé à côté de quelque chose d’important ou d’une idée de génie.
Le travail apparaît sérieux. Pas question dans ces réflexions de remettre au lendemain des élections la résolution des antagonismes même si le principe de l’obligation de concertation préalable à tout projet permet de ne rien « figer dans le marbre ». Ce sera inscrit dans la déontologie de la liste, tout comme la mise en place d’assemblées de quartier et d’une commission d’éthique, indique Régis Catinaud. Dans une ville marquée par les multi-condamnations de son premier magistrat, on n’est jamais assez précautionneux. Pour l’heure, il s’agit d’élaborer les pistes solides d’intervention publique au plus près des besoins des habitant·es, au-delà des mots d’ordre vagues (comme « stopper la bétonisation ») et des déclarations d’intentions.
Pour le coup, la démocratie n’est pas proclamée comme une valeur abstraite, mais mise déjà au cœur de la construction du programme et de la liste. Elle est le fil rouge qui traverse tous les thèmes exposés : le logement, l’urbanisme, la mobilité, la sécurité, la solidarité, la culture et le sport, les activités économiques et l’emploi… mais aussi la gestion de l’eau ou des déchets où les usagers ont leur mot à dire et ne pourront le faire qu’à la condition de revenir à leur gestion en régies publiques.

Quand les questions de la salle atteignent un niveau de détail ou de technicité peu compatible avec un débat à plus de 100 voix, leurs auteur·trices sont invitées à rejoindre le groupe thématique correspondant. L’objectif est de finaliser le programme et de le budgéter pour la fin novembre. Deux mois donc pour approfondir les analyses et clarifier ce qui ne l’est pas.

La votation citoyenne au grand jour

Petite déception à l’annonce des tractations entre partis politiques qui ont renoncé, à la demande des écologistes qui s’en sont expliqués lors de cette assemblée citoyenne, à soumettre leurs candidat·es à la votation citoyenne, un « bémol à la dynamique », et pour l’ancien maire François Liberti, « un obstacle que nous saurons surmonter ». Cela n’a heureusement pas entamé la détermination des candidat·es non encarté·es qui se sont jetés à l’eau pour se présenter à leurs concitoyen•nes.
Dans une grande diversité d’âge et de profils, chacun•e présente son parcours et ses motivations. Professeur·e des écoles ou commerçant, agent hospitalier ou chercheur·euses, anciens ou néo sétois – et parfois même anciens partis loin pour travailler et revenus – ielles ont pour point commun d’être attaché·es aux valeurs sociales, humanistes, écologistes et antiracistes de la gauche, toutes très engagé·es dans la vie associative. Plusieurs le sont aussi dans l’économie sociale et solidaire, et même dans l’habitat participatif… preuve que toutes ces personnes expérimentent dans leur vie personnelle d’autres modes de production, d’action et même de propriété que ceux qui dominent dans la société. Plusieurs retraité·es ont exprimé leur volonté de mettre leur expérience au service de la démarche, tout en se déclarant prêt·es à se retirer pour « laisser la place aux jeunes ». En tout, 17 candidates se présentent pour 8 « sièges » de membres de la future liste à pourvoir, sachant que celles qui ne seront pas retenues le 11 octobre pourront se représenter à la votation suivante.

« Je souhaite instaurer un autre rapport à la politique »

Cette première votation ouverte à tou·tes, tant pour candidater que pour voter, doit également désigner sa tête de liste. Une seule personne s’est portée candidate, la conseillère municipale et communautaire Laura Seguin. Le fait qu’aucune organisation politique ou autre personnalité n’ait jugé utile de se présenter exprime un large consensus sur sa personne, en dépit du lieu commun machiste selon lequel une femme ne pourrait être maire de Sète. Les temps changent et c’est heureux.
Sereine, Laura Seguin a déroulé ses motivations à postuler à une telle responsabilité. « Sociologue dans un organisme de recherche publique sur l’environnement et l’eau, mon métier consiste à rendre compréhensibles ces sujets souvent conflictuels, pour qu’ils puissent être débattus et donner lieu à des décisions partagées. J’accompagne régulièrement collectivités et élus dans des démarches de démocratie participative, convaincue que les habitant.es ont leur mot à dire sur les choix qui les concernent ». Rappelant que son engagement citoyen a commencé à Sète avec l’action contre le projet d’une marina de luxe quai d’Alger, et s’est prolongé en 2020 dans la liste Alternative Sétoise qui l’a conduite à être élue d’opposition à la Ville et à l’Agglomération depuis 2020, elle a relevé les avancées concrètes à mettre à l’actif de cette opposition qui n’a pas désarmé en cours de route. « Je candidate à la tête de liste de Nouvelle Page pour mettre mon expérience d’élue, mes compétences professionnelles en matière de participation et de transition écologique, et ma connaissance du terrain au service de cet élan collectif. »

Avant tout femme de dialogue et de détermination, elle souhaite « se faire l’écho des attentes des Sétois·es » et « instaurer un autre rapport à la politique : écouter, débattre, rassembler nos idées, même différentes, pour avancer ensemble » avec des objectifs concrets : «  agir pour que plus personne n’ait à quitter Sète faute de logement accessible, pour que la ville ne soit pas un aspirateur à voitures, et pour montrer qu’une ville tournée vers l’écologie est une ville plus juste et plus agréable », une ville qui « redonne aux habitants le pouvoir de décider. »

À la fin de la réunion, on se bouscule aux tables pour s’inscrire aux distributions de tracts et pour la tenue des deux bureaux de vote. C’est parti !