Lors d’une conférence de presse tenue le 1er avril 2025 à l’Assemblée nationale, Sylvain Carrière, député de la France insoumise de l’Hérault, dénonce les ZFE, comme une écologie technocratique qui pénalise les plus modestes.
« On a mis la charrue avant les bœufs », le député insoumis de l’Hérault s’inscrit dans une stratégie politique cohérente : dénoncer les angles morts sociaux des politiques environnementales. Son propos sur les zones à faibles émissions ZFE, bien que critique, n’est pas à une simple posture contestataire. Sylvain Carrière développe une alternative législative articulée autour d’un moratoire, d’une réforme des critères de classification des véhicules et d’un accompagnement des ménages.
15 millions de personnes en situation de précarité de mobilité
La ZFE une approche technocratique, pensée « d’en haut », sans prise en compte des réalités sociales. Pour le député LFI, la gouvernance écologique actuelle est complètement déconnectée des contraintes économiques vécues par les classes populaires et les zones périurbaines. Sylvain Carrière remet ainsi en cause le déploiement des ZFE sans que ne soient offertes des alternatives de transport public viables, accessibles et suffisantes. Il note que cette politique est précipitée et que « des millions de Françaises et de Français sont oubliés. »
Le droit à la mobilité
15 millions de personnes en situation de précarité de mobilité (chiffres de l’association Wimoov), ce n’est pas une opinion, c’est un fait. Pour lui, le constat est clair : les ZFE, en restreignant la circulation des véhicules anciens ou non classés, risquent d’aggraver cette précarité.
Le député de l’Hérault veut défendre les droits sociaux. Il affirme que « le droit à la mobilité » devrait être garanti à toutes et tous, au même titre que le droit au logement ou à la santé.
Moratoire, refonte et alternatives : une posture constructive
Contrairement à d’autres groupes politiques comme Les Républicains (LR) et le Rassemblement National (RN).qui prônent la suppression pure et simple des ZFE. Sylvain Carrière propose un moratoire conditionné à l’existence d’alternatives concrètes. Cette nuance lui permet de se démarquer à la fois des positions maximalistes de l’extrême droite, jugées « hypocrites » selon ses mots, et de la position rigide du gouvernement.
Trois axes structurent sa proposition : le moratoire sur les ZFE, le temps de mettre en place une offre de transport adaptée ; la refonte de la vignette Crit’Air, jugée injuste, car basée uniquement sur l’âge et le carburant du véhicule, sans considérer d’autres facteurs polluants comme le poids ou le freinage ; le soutien à la transition, avec le rétablissement de la prime à la conversion et le développement du rétrofit, solution technique et écologique peu exploitée en France.
Le « Tour de France » des ZFE
En annonçant un tour de France des ZFE, Sylvain Carrière porte une action militante, au plus près des territoires concernés. Une volonté de démontrer, de prouver qu’une autre politique est largement possible. L’appropriation citoyenne du débat environnemental est essentielle pour une co-construction écologique des mobilités. Il refuse une écologie punitive pour les plus modestes.
Sylvain Carrière affirme la continuité politique de la France insoumise, en rappelant son opposition dès la loi d’orientation des mobilités (LOM) de 2019. Il n’y a pas ici un virage opportuniste, mais une position constante, contrairement à des formations comme le Rassemblement national accusées de se saisir récemment du dossier ZFE sans avoir soutenu, en amont, les alternatives nécessaires.
De fait, la LOM constitue le socle juridique des ZFE-m, et c’est précisément ce cadre que La France insoumise remet en cause, non par rejet de l’objectif environnemental, mais par contestation de sa méthode et de ses effets sociaux . « Aujourd’hui, avec la vignette comme elle est définie, vous avez une aberration par exemple avec une Clio 2 qui ne va plus pouvoir circuler librement dans les métropoles alors qu’à côté de ça, un SUV qui sera bien plus lourd et bien plus polluant lui pourra continuer à circuler, » souligne Sylvain Carrière
Il est à noter que selon une note de la direction générale du trésor dévoilée par le média Contexte, la suppression des ZFE pourrait avoir des conséquences financières significatives pour la France. La perte serait estimée à plus de 3 milliards d’euros d’aides européennes. En effet, le respect des engagements environnementaux étant une condition pour le versement des fonds du Plan national de relance et de résilience (PNRR).
