Vergèze : la verrerie menacée, La France Insoumise plaide pour une nationalisation temporaire

Gard Verrerie Owens Illinois à Vergèze point presse - Photo - JPV PLURIELLE INFO
Gard Verrerie Owens Illinois à Vergèze point presse - Photo - JPV PLURIELLE INFO

Le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard, s’est rendu mardi 22 avril à la verrerie de Vergèze (Gard) pour rencontrer les organisations syndicales, aux côtés des députés insoumis, Nathalie Oziol, Raphaël Arnault, de l’ancien député Sébastien Rome et de Nadia Belaouni, conseillère municipale à Aimargues.

Une visite de terrain destinée à apporter un soutien politique aux salariés menacés par la fermeture annoncée du site industriel par le groupe américain Owens Illinois (O-I).

Une usine viable, mais condamnée ?

La verrerie de Vergèze, qui emploie 164 salarié·es, se trouve dans une inquiétude absolue depuis l’annonce récente d’un plan de fermeture. Pourtant, les syndicats insistent : l’usine est économiquement rentable, dotée d’équipements modernes et stratégiquement située à proximité immédiate de la source Perrier, principal client de l’usine. « Ce site fonctionne, il est viable économiquement, écologiquement responsable, et il n’y a aucune justification rationnelle à sa fermeture », note Manuel Bompard. Trois quarts des bouteilles produites ici servent à l’embouteillage de l’eau Perrier, propriété de Nestlé Waters.

Au-delà des emplois directs, la fermeture toucherait près de 300 salarié·es indirectement lié·es à l’activité du site. Une mauvaise nouvelle redoutée dans un département où le taux de chômage dépasse déjà les 10 %.

[VIDEO] Point presse avec Manuel Bompard LFI et Yoann Goupille CGT :

Pression sur le gouvernement et piste de nationalisation

Face à cette situation, les représentant·es de La France insoumise entendent jouer leur rôle d’opposition. « Nous allons interpeller le gouvernement à l’Assemblée, demander que toutes les pistes soient étudiées pour préserver l’activité », promet Manuel Bompard. À commencer par celle d’un repreneur, jugé crédible si du temps est accordé aux salarié·es pour organiser la transition.

Mais le temps presse : « une fois que le four est éteint, c’est comme une aciérie, le redémarrage est difficile », alerte Sébastien Rome. D’où la proposition d’une nationalisation temporaire du site par l’État, évoquée publiquement lors de cette visite. Objectif : préserver le savoir-faire, éviter la rupture de production, et offrir une fenêtre pour identifier un repreneur potentiel, au premier rang desquels figure logiquement Nestlé, dont l’usine est quasi totalement intégrée à la chaîne logistique du groupe suisse.

[VIDEO] Sébastien Rome, ancien député de l’Hérault :

Nestlé en embuscade ?

Au-delà des effets d’annonces, il y aurait une autre bataille, dit-on en coulisses, entre Nestlé et O-I  : la question de la qualité des eaux de source, qui fragilise actuellement le label « eau minérale naturelle » de Perrier. Certains observateurs soupçonnent un accord implicite entre Nestlé et O-I pour faire pression sur l’État et préserver ce précieux label, quitte à sacrifier la verrerie. Même si par ailleurs la marque « Maison Perrier », née en 2024, offre une gamme de boissons pétillantes, distinctes des eaux minérales, mais tellement plus bancables si elle demeure adossées à une source « d’eau minérale naturelle. »

« Il ne faut pas être naïf. Si la production locale de bouteilles disparaît, les bouteilles de Perrier viendront d’ailleurs, par camions, avec un impact écologique désastreux », insiste Bompard. Et de rappeler que les discours gouvernementaux sur la souveraineté industrielle resteront lettre morte si aucune mesure concrète n’est prise pour défendre un site aussi emblématique que celui de Vergèze.

Vers une mobilisation plus large ?

Le secrétaire CGT du site, Yoann Goupille, appelle à la mobilisation : « on ne lâchera rien. On ira jusqu’au bout pour sauver l’usine et les emplois. » Dans les 2 heures de rendez-vous avec LFI, des pistes alternatives, comme une société coopérative (SIC), en complément de la solution Nestlé ou de la nationalisation ont été évoquées. Mais il prévient : « on attend toujours que Nestlé se manifeste officiellement. Pour l’instant, c’est le silence. »

À ce jour, la procédure de Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) n’est pas encore enclenchée, mais pourrait débuter dès la fin de semaine. Un délai qui devrait permettre d’organiser la riposte, médiatique, politique et sociale. Les élu·es insoumis·es ont promis de relayer la voix des salariés au sein des institutions, mais aussi d’être présent·es « à chaque mobilisation, aux côtés de celles et ceux qui luttent pour sauver leur outil de travail. »

Pour La France insoumise, cette bataille locale incarne un enjeu national : celui de la souveraineté industrielle, de la transition écologique et de la défense des territoires. Durant la rencontre en cette fin avril, le constat a été fait que les équipes gardoises de O-I maîtrisent « un savoir-faire verrier unique, fruit de décennies d’expérience », alliant haute technicité, production à flux tendu et exigence écologique. Reste à savoir si le gouvernement, et Nestlé accepteront d’ouvrir réellement le dialogue. À suivre…

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