Venu pour la première fois à la fête de l’Humanité, non pour « y ouvrir des huîtres ou y faire cuire des moules » comme il l’a fait pendant des décennies, mais pour y dédicacer un livre , François Liberti poursuit son œuvre de transmission de la mémoire militante et par-dessus tout, de celle de sa ville, Sète, « une ville riche de ses migrations » aime-t-il à le répéter.
« Tout cela est totalement nouveau pour moi. Je me balade partout, je parle de mon livre, je le signe. Je le fais avec beaucoup de plaisir », confie-t-il. Après quelques séances de signature au stand des Éditions Arcane 17 au Village du Livre, l’ancien maire de Sète a répondu à l’invitation de ses camarades gardois. La présentation de son livre « Au service de l’humain » a donné lieu à un débat au pied levé avec Vincent Bouget, la tête de liste communiste à la mairie de Nîmes et Frédéric Gilli, économiste, auteur d’une tribune parue dans le monde le 10 septembre interpellant les « façons de gouverner » et d’un ouvrage intitulé « Perspectives de la France en 2050« , qui avait également participé à un débat cet été avec Sylvain Carrière aux Amfis de Valence sur le thème de l’adaptation des villes aux changements climatiques.
Cet échange a montré les similitudes entre ces deux villes, Sète et Nîmes, si fières de leurs cultures respectives, mais dont l’héritage ouvrier et immigré est occulté au profit d’une vitrine touristique, d’une culture « blingbling » ou purement folklorique qui contribue à transformer des « villes à vivre » en « villes à vendre ». François Liberti ne cesse de rappeler cette mémoire populaire pour en comprendre la véritable richesse : « À Sète, tout le monde vient d’ailleurs, d’Italie, d’Espagne, du Maghreb, mais aussi d’autres régions comme les Aveyronnais venus bâtir le port. Et même maintenant, les retraités qui viennent nombreux de partout contribuent eux aussi à la culture et l’identité de la ville ».
Dans les deux villes également, les enjeux à relever d’urgence pour faire face aux défis climatiques : inondations, submersion marine, réchauffement de l’étang, incendies… Ce n’est pas sur la droite et son extrême climatonégationniste qu’on peut compter pour le faire. « À Nîmes, on est percuté de plein fouet par le changement climatique et aucun quartier n’est épargné. Même si on ne le ressent pas pareil selon qu’on est au 4e étage d’un HLM des années 50 où il fait 45° ou dans une villa, tout le monde partage la préoccupation du futur, du futur commun et c’est sur ce sentiment qu’il faut construire de nouveaux projets et de nouvelles solidarités. »
Tout en invitant les élu·es -actuel·les ou futur·es – à ne jamais penser les solutions sans les habitants ou à leur place, l’économiste Frédéric Gilli qui a travaillé sur les deux territoires confirment les propos des militants : « si nous ne sommes pas capables d’arriver à faire de nos diversités (de genre, de territoires, d’origines, de couleurs, de peau, de confession, d’envies, d’idées, de valeurs…) des richesses, on va mourir ». Parce que face à la raréfaction des ressources et des espaces, «on va tous se faire la guerre les uns contre les autres dans la mesure où ce qui arrive devant nous, ce sont de grands bouleversements » . Selon lui, il va falloir « produire autrement, aménager et partager différemment, et construire de nouvelles solidarités. On a besoin d’être ensemble pour essayer d’attraper un petit bout de futur. » D’où l’importance d’un imaginaire politique dans lequel la diversité puisse se projeter, ce à quoi les témoignages de François Liberti apportent une belle contribution.
