C’est un échange enflammé qui en dit long sur les silences diplomatiques français. Mercredi 11 juin 2025, François Bayrou a sombré dans la rhétorique de soupçon.
Alors que huit militants, dont quatre Français, restent détenus illégalement en Israël après l’arraisonnement du navire Madleen dans les eaux internationales, François Bayrou, Premier ministre presque par intérim, s’est illustré par une réponse jugée insupportable jusque dans les rangs de l’Assemblée.
Interpellé par Mathilde Panot (LFI) lors des questions au gouvernement, Bayrou a dénoncé « une instrumentalisation » de la part des militants pacifistes, dont Greta Thunberg et l’eurodéputée Rima Hassan. Une sortie qui a provoqué la colère des député·es insoumis·es, qui ont quitté l’hémicycle.
La rhétorique de soupçon
Pour la présidente du groupe LFI, le gouvernement « manque à tous ses devoirs, légalement, moralement, diplomatiquement ». Elle accuse Bayrou de reprendre « les éléments de langage de Nétanyahou ». En cherchant à disqualifier les militants comme s’ils avaient « obtenu l’effet qu’ils voulaient », François Bayrou bascule dans une rhétorique de soupçon : la faute ne serait plus au blocus israélien ni aux arrestations arbitraires, mais à ceux qui les dénoncent. Ce renversement moral, qui fait porter aux victimes la responsabilité de leur sort, trahit une diplomatie française en état de sidération.
Le gouvernement tente de masquer son inaction derrière une posture de « pression discrète ». Emmanuel Macron a bien évoqué un « scandale humanitaire » et assuré avoir « passé tous les messages ». Pour Mathilde Panot « ils [l’équipage du navire Madleen] ont fait plus en 10 jours que vous [Bayrou] en 20 mois. »
Quelle diplomatie ?
Mais les faits sont têtus : aucun rappel de l’ambassadeur israélien, aucune condamnation ferme de l’arrestation de citoyens français dans les eaux internationales, aucun geste de protection visible à l’égard de Rima Hassan, élue du Parlement européen. Le comble de la mauvaise foi est atteint lorsque Bayrou prétend incarner « la seule solution possible et digne » en misant sur la voie diplomatique. Quelle diplomatie ? Celle qui se tait, recule, s’aveugle, et se refuse à confronter un allié historique même quand il foule aux pieds le droit international ?
À force de vouloir ménager Israël, le gouvernement français abdique sa souveraineté morale. Les mots de Mathilde Panot sonnent alors comme une alerte devant la presse : « Quand vous êtes chef d’un gouvernement… vous ne reprenez pas la propagande du gouvernement d’extrême droite israélien ». Bref ! En répondant par le mépris et la suspicion, Bayrou ne défend pas la France : il l’éteint.
[VIDEO] Mathile Panot, François Bayrou : 11 juin Assemblée nationale :
