Dans une intervention de près d’un quart d’heure à l’Assemblée nationale, le député insoumis David Guiraud (Roubaix-Wattrelos) a livré une charge frontale contre la politique budgétaire du gouvernement de Macron.
2e séance, questions au gouvernement, approbation budget 2024, mardi 10 juin 2025 à 15h00, David Guiraud présente un réquisitoire chiffré, structuré, et sans concession, qu’il résume ainsi : « par son budget, le gouvernement pille son propre peuple ». Dès l’ouverture, le député martèle une conviction : « si la population comprenait parfaitement notre système budgétaire, il y aurait une révolution demain matin ». Son discours s’emploie justement à décortiquer ce système, chiffres à l’appui, pour démontrer ce qu’il qualifie de « pillage fiscal » orchestré au profit des plus riches.
Croissance record des recettes fiscales, malgré un déficit abyssal
David Guiraud interroge cette contradiction : « comment l’État peut-il être autant en déficit alors qu’on n’a jamais récolté autant d’impôts de notre histoire ? » Selon le député, les recettes fiscales nettes de l’État sont passées de 295 milliards d’euros en 2017 à 325 milliards en 2025, un record historique. À cela s’ajoute une explosion des recettes de TVA, qui culminent à 222 milliards prévus pour 2025, contre 163 milliards en 2017.
Mais ces recettes massives n’apparaissent pas dans le budget de l’État, dénonce-t-il. En cause : un double transfert massif de TVA, d’abord vers la sécurité sociale (58 milliards en 2024), ensuite vers les collectivités locales (53 milliards), pour compenser, explique-t-il, des cadeaux fiscaux accordés aux entreprises et aux ménages les plus aisés, comme la suppression de la taxe d’habitation ou de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises).
2 TVA sociales et aucune baisse d’impôt réelle pour les classes populaires
David Guiraud qualifie cette architecture budgétaire de « double TVA sociale », estimée à plus de 110 milliards d’euros en 2024. Il rappelle que cette mécanique a été soulignée dès 2019 par la Cour des comptes : l’État compense les baisses de cotisations patronales en transférant à la sécurité sociale une part croissante de la TVA, impôt indirect considéré comme le plus injuste car non progressif.
« Sauf pour les plus riches, il n’y a eu aucune baisse d’impôts sous Macron », car ces allègements, suppression de l’ISF, flat tax, niches fiscales, ont été financés, par une pression accrue sur la consommation des classes moyennes et populaires.
Des niches fiscales au service des plus aisés
Le député insoumis illustre son propos par deux exemples issus des rapports de la Cour des comptes. Le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile (6,7 Md€) bénéficie en moyenne à hauteur de 2 426 € pour les 10 % les plus riches, contre seulement 838 € pour les 10 % les plus pauvres. Même inégalité pour l’abattement fiscal sur les retraites : moins de 8 € par ménage modeste, contre plus de 900 € pour les plus aisés.
Une politique de classe assumée
Selon le député du Nord, ces choix budgétaires sont l’expression d’une « politique de classe », où les efforts sont toujours exigés des mêmes : « tous les Français ont payé plus d’impôts, sauf les plus riches », affirme-t-il, en citant une note du Trésor de 2024. Le taux d’imposition réel des 10 % les plus riches aurait même reculé, passant de 17,5 % à 15,2 %.
Face à ce qu’il décrit comme un « cambrioleur d’État » déguisé en comptable sérieux, David Guiraud en appelle à la lucidité populaire : « il n’y a qu’un assistanat, et c’est celui des riches ». Puis il prévient, en écho à sa première phrase : « prenez conscience de la colère que votre politique va créer ».
[VIDEO] David Guiraud : « si la population comprenait parfaitement notre système budgétaire, il y aurait une révolution demain matin »
