Sondage IFOP sur l’islam ou comment alimenter la panique identitaire

Groupe Ifop institut français d'opinion - Photo - IFOP
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Encore un sondage IFOP sur l’islam. Et il interroge. S’il fournit des données à évidemment ne pas toutes évacuer (sans que ce ne soit nouveau : j’y reviendrai), il pose plusieurs problèmes sérieux.

Tout d’abord, rappelons que dès 2018, les enquêtes de l’Observatoire de la laïcité notaient une plus forte religiosité chez les Français de confession musulmane (mais aussi, et de façon plus forte, chez ceux de confession protestante évangélique). Ensuite, il faut noter que le sondeur n’est pas neutre : son directeur d’étude a été longtemps un proche assumé d’un groupe politique favorable à une « nouvelle laïcité », plus identitaire, défavorable aux minorités.

De plus, la revue qui a commandé le sondage est elle-même orientée et axe sa ligne éditoriale sur une opposition large à l’islam et pas simplement à ce qu’elle appelle les « nazislamistes« . Ensuite, le récit qui est fait dans ce sondage d’un recours -que nous avons aussi constaté depuis longtemps- à l’islam, avec des termes comme « réislamisation menaçante« , « tentation islamiste généralisée », est, de fait, très nettement orienté.

Il repose, qui plus est, sur un échantillon assez faible et qui sur-représente mécaniquement les profils les plus croyants, et, surtout, qui n’inclut pas uniquement des Français de confession musulmane, mais aussi des personnes étrangères résidant en France. Or, la présence de profils non français, parfois immigrés récents, influe fortement sur les niveaux de religiosité, de conservatisme ou de rapport à la loi observés.

L’étude enchaîne ensuite des comparaisons historiques fragiles et utilise des catégories floues ou sans définition préalable à la question, ce qui agrège des réalités très différentes, pour ne parler au final que « d’islamisme ». Surtout, l’analyse fait comme si ces évolutions étaient essentiellement internes à l’islam, en évacuant le contexte sociologique (pourtant déjà souligné par la Commission Stasi… en 2003) : le passé colonial non-traité, les discriminations, la ségrégation sociale, l’absence de suffisante mixité sociale, la non-inclusion dans l’Histoire nationale et la stigmatisation médiatique… Bref, des facteurs que l’on sait propices aux replis identitaires.

Ainsi, si certaines données peuvent être utiles, encore faudrait-il que ce soit, cette fois-ci, pour agir vraiment à la racine des causes des replis, pas pour avoir un énième discours d’exclusion qui ne fait que les favoriser.

Ainsi, au lieu de laisser marteler « tout va mal » sans rien proposer, il faut rappeler que la laïcité ne doit jamais nourrir de paniques identitaires. Elle garantit liberté de conscience, égalité de droits et cohésion. Elle suppose pour cela d’être traduite par des actes concrets. On ne peut pas reprocher à des Français de confession musulmane (en particulier les jeunes) de se sentir davantage musulmans que Français, ou de se replier sur une religion, si tout est fait pour les exclure (ou qu’ils se sentent exclus) du cadre commun .

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