Sète classée D au Touriscore : à qui profite le surtourisme ?

Sète vue depuis le Mont Saint-Clair - Photo - PLURIELLE INFO
Sète vue depuis le Mont Saint-Clair - Photo - PLURIELLE INFO

Les nuisances liées au Tourisme, ça commence à se voir. Partout dans le monde, mais aussi plus localement. À Sète par exemple.

Certes, on peut considérer une ville comme #Sète comme une vaste unité de production et de rapport. C’est ce que font généralement les décideurs de droite, instaurant comme priorité l’idée de produire et de monnayer. Dans ce cas tout va bien, la ville monnaie effectivement ses charmes au prix fort.

Mais c’est oublier que le surtourisme peut faire des ravages. Même Amsterdam, Barcelone, Venise l’ont bien compris.
Non seulement sur la qualité de vie, mais aussi sur la santé, le lien social, la possibilité même de vivre à plein temps dans une ville où l’argent impose sa loi.

Le surtourisme remet en question l’existence même des villes en tant qu’unité de vie.

Poids de la location saisonnière spéculative

Le site « Villes de Rêve », qui s’est spécialisé dans l’étude et la comparaison de la qualité de vie dans tous les territoires, a classé Sète au niveau D sur une échelle qui va de A à E, dans son étude “Tourisme”. C’est notamment dû à la note E infligée du fait de la prolifération des meublés de tourisme (AirBnB entre autres…).

La location meublée saisonnière peut être un excellent levier pour faciliter la vie de certains ménages à bas revenus, et encourager leur accession à la propriété. Il suffit pour cela de limiter fortement les périodes de location (60 jours seraient un idéal), et de concentrer cette activité sur les ménages résidents à l’année sur la ville.

Elle devient une plaie de grande ampleur lorsqu’elle est abandonnée à la spéculation. La gauche, sur proposition des Écologistes, avait déposé une motion il y a 6 mois pour appliquer la nouvelle loi entrée en vigueur en novembre 2024. Au programme : restriction des achats immobiliers dans certains quartiers à un usage de résidence principale. Sans succès. Fin de non-recevoir de la majorité en place.

Il est donc toujours possible à ce jour d’arriver à Sète avec un gros paquet d’argent, et d’acheter une dizaine d’appartements dans un but spéculatif pour les mettre en location saisonnière, sans grandes restrictions. À charge aux Sétois qui veulent se loger d’aller voir ailleurs si c’est moins cher.

Mobilités sélectives et pollution

De même, en matière de mobilité, #Sète a créé de fait, en catimini, une ZFE invisible, et pourtant bien réelle : ses vignettes sont basées sur votre richesse. Ainsi François Commeinhes, l’ancien maire, l’avait énoncé en juillet 2020 pour le lancement du parking Victor Hugo au cinéma “Le Palace” : « ceux qui auront les moyens iront se garer aux Halles ou sous le canal (en plein centre-ville, vignette crit’air 1), ceux qui auront moins d’argent iront à Victor Hugo (crit’air 2 ou 3), ceux qui n’auront pas d’argent iront au Mas Coulet à l’extérieur de la ville (crit’air 4 ou 5, les bannis)… »

À l’époque, le Mas Coulet et Cayenne étaient deux parkings gratuits. Désormais ils sont interdits au-delà de 24 h : priorité aux touristes, qui eux ne paient ni le parking de délestage (pourquoi ?) ni les navettes qui les déposent en ville…

En ce mois de juin caniculaire, la qualité de l’air était fortement dégradée. Niveau 4, « Mauvais », à de nombreuses reprises, et « Dégradée » le reste du temps. Chaleur intense + air pollué auraient dû conduire à protéger la qualité de vie des sétois. Avez-vous vu cette dégradation de l’air annoncée en ville ? Avez-vous vu des mesures de restriction de circulation * ? Des transports publics ponctuellement gratuits, ou des stationnements gratuits pour inciter à ne pas rouler ?

Rien. Car avant de prendre soin des Sétois, il importe surtout de ne pas effrayer les touristes. Alors oui, c’est clair : le citoyen sétois est désormais devenu, dans sa propre ville, la variable d’ajustement qui doit supporter tout le poids du surtourisme sur les épaules. Ce n’est même plus “le tourisme au profit des Sétois”, c’est “le tourisme au profit de quelques-uns, qu’importe les Sétois”.

* Qui se souvient qu’en avril 2020, François Commeinhes avait interdit l’entrée de la ville avec des barrières à toute personne étrangère à la ville, avant d’être rappelé à l’ordre par le préfet ? Mais il est vrai qu’à l’époque, on était en pleine campagne pour l’élection municipale.

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