Scandale de Sainte-Soline : un déferlement de violence difficile à cacher

Mediapart et Libération viennent de révéler, deux ans et demi après les faits, quelques vidéos prises le 25 mars 2023 par les caméra-piétons des gendarmes mobilisés ce jour là à Sainte Soline. Ces images, et tout autant le son, confirment la violence déployée lors de ce rassemblement contre les méga-bassines par les forces de l’ordre à l’égard des manifestant·es de tous âges, pacifistes dans leur grande majorité.

C’est dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « violences aggravées et non-assistance à personnes en danger » après les plaintes déposées par trois blessés (dont deux ont été hospitalisés avec un diagnostic vital engagé à la suite de tirs reçu à la tête) que ces vidéos ont pu être consultées.

« T’en crèves deux-trois, ça calme les autres »

Les deux médias ont eu accès à plusieurs dizaines d’heures d’images. Elles révèlent que des gendarmes ont commis de nombreux gestes interdits, notamment des tirs tendus de grenades lacrymogènes ou explosives tirées à l’horizontale plutôt qu’en cloche, sur les manifestants, et cela sur ordre express de leurs supérieurs hiérarchiques, sans compter les tirs de LBD. Les propos tenus sont accablants pour des personnes censées incarnés la loi et la défendre : « Je ne compte plus les mecs qu’on a éborgnés », « un vrai kiff », « une GENL dans les couilles », « on va les manger, hein », « faut qu’on les tue », « t’en crèves deux-trois, ça calme les autres », le tout dans un climat presque hilare d’excitation guerrière « j’ai attendu dix ans de gendarmerie pour vivre ça », « Je suis au nirvana là, on est à l’Everest de la mobile », « On n’a jamais tiré autant de notre life. C’était exceptionnel, incroyable » . A un gendarme qui s’inquiète de la possible présence d’enfants – vus auparavant dans le cortège- un autre répond « Ah ouais ? Bah c’est le jeu, fallait pas les emmener ».

L’article souligne par ailleurs que les gendarmes concernés « n’ont jamais été confrontés » ni interrogés sur le contenu de ces images. Le rapport de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), mentionné par les deux médias, indique que « à la marge, certains gradés ont effectivement donné au cours de manœuvres des instructions pour effectuer des tirs « tendus » » mais l’IGGN n’a pas signalé au parquet les nombreuses « potentielles infractions » qu’elles prouvent alors que l’intention de provoquer des blessures graves, voir de tuer, est manifeste.

Le ministre de l’Intérieur récuse le terme de violences policières

Interrogé sur France Inter, le nouveau ministre de l’Intérieur et ancien préfet de police Laurent Nuñez rappelle que ce rassemblement était interdit « avec des gens extrêmement violents », comme pour justifier les actes qui y ont été commis par les gendarmes. Il dit avoir demandé l’ouverture d’une enquête administrative au sein de la gendarmerie. Deux ans et demi après les faits dénoncés le jour même, notamment par les parlementaires écologistes et insoumis présents sur place, c’est le moins qu’on puisse attendre.
Semblant considérer ces gestes non réglementaires et de surcroît dangereux comme marginaux, le ministre de l’Intérieur valide la position de son prédécesseur Gérald Darmanin qui affirmait que l’usage de la force était proportionnée ce jour là. Il affirme que « Jamais je ne laisserai critiquer les forces de sécurité » ni « ne reprendrai à mon compte le terme de violences policières ».
Aussi aveugle ou menteur que Macron affirmant « On ne parle pas de violence policière dans un Etat de droit », le ministre de l’Intérieur ne semble ni s’émouvoir ni s’inquiéter du déferlement de haine et de sauvagerie exprimée au sein de la gendarmerie, et vraisemblablement de la police qui n’est généralement guère plus douce à l’égard des citoyen·nes qui usent de leur droit constitutionnel à manifester, volontiers considérés comme délinquants ou comme criminels.

Relance de la demande d’une commission d’enquête parlementaire

Compte tenu des nouvelles révélations sur le déroulé de cette journée qui a fait 200 blessés chez les manifestant·es, le groupe parlementaire de la France insoumise dépose une nouvelle proposition de résolution visant à la création d’une commission d’enquête sur les choix opérés en matière de maintien de l’ordre durant la manifestation de Sainte Soline, actualisant celle qui avait été déposée en avril 2023 par Clémence Guetté. En parallèle, les députés insoumis présents à Sainte-Soline déposent collectivement un signalement au Procureur, conformément à l’article 40 du code de procédure pénale qui impose à toute autorité constituée qui acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit d’en donner avis sans délai au procureur.

Retard à enquêter sur ce qui s’est passé, dénis ou cautionnement par les gouvernements, responsabilité des hiérarchies qui décident de mettre en oeuvre des dispositifs de guerre… tout cela en dit long du niveau de dégradation des institutions en charge de faire respecter le droit et la justice. Pour ces pouvoirs, discrédités par neuf années de macronisme et gangrénés par les idées d’extrême droite, le peuple est vu comme un ennemi à soumettre, qu’il se manifeste avec des Gilets Jaunes, qu’il défende son environnement ou ses conquis sociaux comme le droit à la retraite, ou qu’il  brandisse le drapeau d’un peuple opprimé.

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