[EDITO] Le 27 octobre 2005, à Clichy-sous-Bois, Zyed Benna et Bouna Traoré, 17 et 15 ans, meurent électrocutés dans un transformateur EDF où ils s’étaient réfugiés, poursuivis par la police. Cette histoire s’offre une sublime ironie. En ce mois d’octobre 2025, Nicolas Sarkozy, l’homme qui avait promis de « nettoyer les cités au Kärcher », entre en prison.
Enfin une vraie « racaille » derrière les barreaux, diront certains, celle-là même qui a soufflé sur les braises d’une génération humiliée.
Automne 2005 : deux adolescents meurent électrocutés dans un transformateur EDF, poursuivis par la police alors qu’ils n’avaient commis aucun délit. À la tête du ministère de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy attise la peur et le mépris : « racailles », « Kärcher », état d’urgence hérité de la guerre d’Algérie. Les mots, les lois, les gestes de ce pouvoir ont fait flamber les banlieues. Dix mille voitures brûlées, des centaines de jeunes incarcérés, et aucune justice pour les morts.
Vingt ans plus tard, celui qui prétendait incarner l’ordre public va en taule. Condamné pour corruption, il purge une peine ferme. Saura-t-il méditer, depuis sa cellule, ce qu’il a semé ? On peut ne pas croire aux fantômes, mais en avoir peur. À la santé, Zyed et Bouna pourront murmurer à Nicolas toute la vérité dans l’intimité de sa cellule.
Car si les quartiers populaires n’ont jamais cessé de réclamer dignité et égalité, la République, elle, n’a toujours pas réparé. Et le vrai désordre, finalement, ne venait-il pas du voyou de Neuilly-sur-Seine ?
Quand le clan Sarkozy défie la justice : entre culte du père et mépris de l’État de droit
