Santé, abeilles, rendements : ce que cache vraiment le projet de loi Duplomb

"La santé des humains et celle du vivant ne sont pas négociables" Jean-Louis Roumégas - Photo - SH LAB_ PLURIELLE INFO
"La santé des humains et celle du vivant ne sont pas négociables" Jean-Louis Roumégas - Photo - SH LAB_ PLURIELLE INFO

Face à la menace que représente le projet de loi Duplomb pour la santé publique, la biodiversité et l’avenir de notre agriculture, les député·e·s du groupe Écologiste et Social appellent à une mobilisation dans toute la France.

Jean-Louis Roumegas, député de l’Hérault avait donné rendez-vous, la semaine dernière à Lattes, à Monsieur Christian Pons, apiculteur à Cournonterral et président de l’Union Nationale de l’Apiculture Française pour dénoncer le projet de loi Duplomb et les dangers de cette législation pour les pollinisateurs, garants de la biodiversité, et pour les filières agricoles locales déjà fortement impactées par les crises successives.

Cette rencontre a permis de réaffirmer « un refus clair de ce projet de loi rétrograde », insiste le député. Une loi qui remettrait en cause les avancées en matière de protection de l’environnement et de la santé des populations. A partir du 26 mai, cette PPL (proposition de loi) du sénateur républicain Duplomb sera examiné en séance publique à l’Assemblée nationale. Les Écologistes invitent à une véritable vigilance politique.

Santé environnementale et hécatombe des pollinisateurs

Sous couvert de « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur », cette proposition de loi s’attaque directement à la santé environnementale et à nos écosystèmes en détricotant les garde-fous environnementaux et en tournant le dos à la transition agroécologique.

L’article 2 prévoit notamment de réintroduire trois néonicotinoïdes sous prétexte que d’autres pays européens les utilisent. Ces dangereux pesticides avaient provoqué une véritable hécatombe des pollinisateurs avant d’être interdits en 2018. Ce retour en arrière est absolument scandaleux et vient contredire toutes les analyses scientifiques sur le sujet.

Alors que l’on parle déjà à une extinction de masse chez les insectes (-75% ces trente dernières années) et chez les oiseaux (-50% ces trente dernières années), les apiculteurs risquent de perdre une grande partie de leur population d’abeilles si cette loi est adoptée. La production de Miel était de 50 000 tonnes par an en France avant l’utilisation de ces néonicotinoïdes rendant autonome le marché français, aujourd’hui, la production française penne chaque année à dépasser les 15 000 tonnes. C’est pourquoi chaque année, la France importe en moyenne 35 000 tonnes de miel. Ces produits proviennent principalement d’Ukraine ou d’Espagne. Viennent ensuite l’Allemagne, l’Argentine, et enfin, la Chine.

Au-delà de cela, la dissémination de ces substances dans l’environnement affecte la santé des habitant·es. En témoigne l’explosion du nombre de pathologies en lien avec l’exposition aux pesticides ces dernières années. Et il faut noter que les premiers concernés sont les agriculteurs ! Le 14 avril 2025, plus de 1200 chercheurs et médecins ont écrit une lettre ouverte aux Ministres de l’agriculture, de la santé et de l’environnement pour alerter du danger des pesticides et s’opposer à cette loi.

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Les pesticides, on peut s’en passer !

Pour Les Écologistes, il est faux de dire que l’interdiction des néonicotinoïdes a provoqué une baisse des rendements agricoles. Au contraire, selon les données officielles du Ministère de l’Agriculture, les rendements de betteraves ont augmenté de 6% en 2023 par rapport à la moyenne des cinq années précédentes, période durant laquelle ces pesticides étaient autorisés. En outre, la filière noisette française, souvent citée en exemple par les défenseurs des néonicotinoïdes, affiche toujours des rendements supérieurs à ceux de ses concurrents italiens et turcs, qui continuent pourtant à utiliser ces pesticides.

Les pesticides, on peut s’en passer ? Côté Ècologistes, la réponse est oui ! Il existe, selon eux, des alternatives efficaces. L’agriculture biologique et « les techniques agroécologiques démontrent depuis plusieurs décennies qu’il est tout à fait possible de maintenir des niveaux de rendements élevés sans recours aux pesticides chimiques. » Ces pratiques se basent sur l’utilisation des équilibres naturels, la rotation des cultures, les haies et la biodiversité fonctionnelle pour réguler naturellement les parasites.

« En plus de s’en prendre à notre santé, à nos apiculteurs et à nos écosystèmes, les promoteurs de ce texte d’inspiration trumpiste s’attaque aussi à la science, » souligne Jean-Louis roumégas. Exemple donné, ils remettent en cause l’expertise indépendante de l’Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) en cherchant à la placer sous tutelle d’un conseil composé de représentants de filières agricoles et de l’industrie des pesticides. Cette agence, qui émet notamment des expertises scientifiques sur les pesticides, doit absolument rester indépendante. « La santé des humains et celle du vivant ne sont pas négociables, l’indépendance de la science non plus » note le député écologiste de l’Hérault.

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