Toute personne censée devrait s’interroger 5 minutes sur cet étrange phénomène : le « Mélenchon bashing » qui se traduit par une Mélenchophobie maladive qui semble gagner jusqu’aux militant·es de gauche à peu près sincères. Le caractère plus ou moins amène du personnage justifie-t-il un tel déchainement ? N’est-ce pas plutôt la pertinence de ses analyses et l’énergie qu’il a mise à construire un mouvement alternatif crédible qui lui vaudrait un tel traitement ?
Que le bloc bourgeois, affolé à l’idée que la gauche ait retrouvé son identité radicale à travers le programme l’Avenir en Commun porté par Jean-Luc Mélenchon et surtout qu’elle puisse un jour prendre le pouvoir en devienne hystérique est dans l’ordre du combat politique. Ce n’est pas pour rien que les 9 milliardaires français les plus puissants aient fait main basse sur les médias. Cela leur permet de promouvoir un jour le “Mozart de la finance” Emmanuel Macron, le lendemain le gendre idéal Jordan Bardella ou bien le beau ténébreux Raphaël Glucksman… et pendant tout ce temps, de taper allègrement sur le méchant Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise. Le terme LFI sonne sur leurs plateaux comme une insulte.
Que des partis, leurs dirigeants ou des électeur.trices de gauche se fassent avoir par cette grossière propagande au point d’en perdre leur boussole de classe est assez déconcertant. Certes, mis·es KO par son score de 22% lors des élections présidentielles de 2022, les candidat·es « de gauche » qui avaient mené leur campagne essentiellement contre lui, ou les néo-prétendant·es au trône présidentiel , rêvent de pouvoir tirer bénéfice de sa mort politique, régulièrement annoncée mais nullement réalisée.
Ce faisant, ils courent le risque d’affaiblir ce qui constitue bel et bien la renaissance et la centralité de la gauche, dont l’idéal avait été pourtant salement discrédité, pour ne pas dire anéanti , par le quinquennat Hollande/El Khomri/Macron/Valls… qui préfigurait la descente dans les abîmes de la soumission aux intérêts des dominants.
Ce faisant, ils renforcent l’outrageuse personnalisation de la politique institutionnalisée par une 5ème république moribonde, et contribuent à la dépolitisation des enjeux. Ainsi, un tout petit Cadet Roussel peut-il se permettre de remplacer le débat sur les stratégies politiques par le « nombril » de Jean-Luc Mélenchon qui lui serait, parait-il, « monter au cerveau« . Bouc émissaire parfait, Mélenchon est présenté tout à la fois comme le responsable du chaos, de la désunion à gauche ou de la montée de l’antisémitisme… qui peut y croire ?
Ce faisant, iels participent à détourner le débat démocratique de son vrai sujet : quelle politique faut-il mettre en œuvre pour stopper les ravages du capitalisme financier et faire face à la catastrophe climatique ? Et avec qui ? Avec le peuple exploité dans sa diversité toujours fragmentée et hiérarchisée, ou avec les gens dits « raisonnables » qui toujours défendent l’ordre établi et leurs situations acquises en son sein ?
Ce faisant, ils accréditent toutes les fadaises réactionnaires comme le supposé antisémitisme des soutiens du droit international et de la paix, ou les pseudo excès des militant·es antiracistes, féministes, et même écologistes…. alors que la gauche a besoin de davantage de voix fortes qui ne vacillent pas et gardent le cap, à l’exemple de Jean-Luc Mélenchon.
Valider un tant soit peu la novlangue de l’adversaire, ses cibles et campagnes de diffamation, ses distorsions du langage comme du réel, c’est se soumettre à ses diktats.
