Pour le Collectif Bancs Publics, il est encore temps d’éviter la catastrophe

Interview avec Christophe Lalia. Bancs Publics fait bien plus que résister, le collectif propose de stopper « la catastrophe » que constitue le chantier du parking de la place Aristide Briand, pour contrer l’attitude irresponsable adoptée par François Commeinhes, encore maire de Sète pour plusieurs mois, en mode « après moi le déluge ».

Ce 5 novembre à 18h, rendez-vous est donné place Aristide Briand, à Sète, pour une mobilisation de grande ampleur. En interview, Christophe Lalia, président de l’association Bancs Publics, est clair : « il faut dépasser la sidération pour passer à la protestation » puis engager des propositions « faisons un moratoire sur cette situation inquiétante en cœur de ville. »

Les travaux en cours laissent une ambiance de saccage permanent et dans le quartier, le doute est dans tous les esprits. L’eau jaillit, le béton coule à flots. Le triste spectacle du chantier révèle à la fois son impréparation et toute l’importance des enjeux à la fois écologiques, économiques et sociaux. 

François Commeinhes risque de disparaitre de la scène politique en laissant un sombre décor derrière lui. « La mairie pensait qu’on jouait les Cassandre, mais on voit bien que cette eau, elle est là, elle est douce, contrairement à tous les mensonges. » Christophe Lalia accuse la municipalité et la Société publiques du Bassin de Thau (SPLBT) d’avoir minimisé, voire ignoré, l’impact du projet sur le cycle naturel des eaux.

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Le collectif, aux côtés de professionnels, associations environnementales et acteurs locaux, appelle à repenser l’aménagement urbain pour préserver l’équilibre fragile de cette zone. Christophe Lalia, l’affirme « il n’est pas trop tard » pour rétablir un espace public harmonieux et respectueux de l’environnement : « il est encore possible d’imaginer autre chose pour cette place, plutôt que des mètres cubes de béton. »

Au-delà des conséquences écologiques, la construction du parking s’annonce comme un gouffre financier, alerte le collectif. Son président propose une alternative : « nous avons chiffré le remblaiement possible de la place à 3 millions d’euros. Ramener de la terre au lieu du béton, c’est la chose la plus naturelle à faire. Ce que fait la majorité de François Commeinhes, c’est une aventure financière, une catastrophe dont les finances publiques vont pâtir. » La mobilisation du 5 novembre veut « proposer une sortie de crise pour que cette place retrouve son équilibre de vie. »

Pour l’heure, la mairie s’enferme dans le déni. Cette majorité aurait-elle tout simplement peur d’avoir tort ? « Ils n’ont aucune communication franche et claire. C’est toujours des tons péremptoires, mais ils n’amènent rien comme preuve. » Face à cette absence de transparence, le collectif a mené ses propres analyses et présenté des résultats révélant une eau majoritairement douce sous la place, contrairement aux affirmations de Vincent Sabatier, la doublure du maire de la ville, délégué entre autres aux Grands Travaux.

Comme un cancer qui ronge la nature, le sous-sol de l’île singulière est meurtri. De la place Victor Hugo en passant par le parking sous le canal jusqu’au trou d’Aristide Briand, le blabla de la croissance ne suffit plus à masquer la politique de clientélisme d’un maire en place depuis 25 ans. La mobilisation a pris une envergure territoriale. Des associations comme le Comité des usagers de l’Eau du Bassin de Thau, des professionnels avec la Prud’homie de l’étang de Thau et d’Ingril, ainsi que des ONG comme Greenpeace ou encore le Groupement National de Surveillance des Arbres (GNSA) de Montpellier et Sète, ont rejoint l’initiative du collectif Bancs publics. À leurs côtés, des figures locales, à l’image de l’ostréiculteur Stéphane Moreno et de son collectif « Cœur de Thau », entendent défendre les intérêts écologiques et sociaux de tout le Bassin de Thau.

« Bancs Publics mène une action politique ! »

On pourrait dire : enfin une prise de conscience à la hauteur des enjeux vitaux pour toute une région et aussi pour Sète. Ce que Christophe Lalia assume pleinement « Bancs publics mène une action politique ! » Il rappelle que le collectif agit en faveur de la vie quotidienne des Sétois et de l’avenir écologique de la ville et du bassin. « Effectivement, c’est une action politique, mais on ne perd pas de vue qu’il va y avoir un jugement sur le fond. Maintenant que l’instruction s’est arrêtée fin septembre, le tribunal doit prendre en considération ce qui se passe. » Christophe Lalia et ses soutiens insistent sur l’importance d’un moratoire, en attendant le jugement définitif, pour éviter des dommages écologiques irréversibles.

Il n’y a pas de fatalité. Aujourd’hui, le collectif Bancs Publics offre la possibilité d’une sortie par le haut à une majorité perdue dans le déni. Le 5 novembre 2024 pourrait bien être un moment décisif pour l’avenir de Sète.

[VIDEO] Invitation à la mobilisation à Sète le 5 novembre 2024 à 18h :