« Certains ne veulent plus entendre parler de la Nupes, il faut faire vivre la Nupes à Sète » affirme un participant à la réunion unitaire du 2 mai 2024, en pleine campagne des élections européennes. La Nupes n’existe plus. Ce n’est ni un souhait, ni une volonté. C’est un constat.
Qu’est-ce que la Nupes ? C’est un accord signé au lendemain de l’élection présidentielle de 2022 sur un programme politique inspiré fortement de l’Avenir en Commun, avec des points de désaccords reconnus et listés entre La France Insoumise, le Parti Socialiste, les Verts et le PCF.
Cet accord a été permis par le score de Jean-Luc Mélenchon. Il a été initié et proposé aux autres forces de gauche qui l’ont adopté après des négociations menées par Manuel Bompard. Il a permis à la Nupes d’arriver en tête au premier tour des élections législatives. Plusieurs de nos partenaires ont pu former un groupe à l’Assemblée nationale grâce à cet accord.
Mais les intérêts égoïstes ont vite repris le dessus. Le PS, le PC et les Verts ont renié leurs engagements et ainsi n’ont pas respecté le vote de leurs électeurs et électrices. Au plan national, seule La France Insoumise est restée fidèle à cet accord. C’est une réalité incontestable. J’aurais évidemment préféré que La Nupes reste unie pour les élections européennes et les échéances à venir. Rappelons que La France Insoumise avait même proposé aux Verts de conduire la liste de l’Union Populaire aux européennes.
Au plan local, la Nupes a réuni trois des cinq formations signataires de l’accord national :
La France Insoumise évidemment, les Verts et le Parti communiste. Le Parti Socialiste, sous la houlette de Carole Delga, a présenté un candidat dissident aux élections législatives de 2022.
Dans le cadre des accords précités, c’est un communiste, Gabriel Blasco qui a été chargé de défendre les couleurs de la Nupes bien que le score de Fabien Roussel à Sète ne dépasse pas 3,61% (soit six fois inférieur à celui de Jean-Luc Mélenchon 24,73%). Si la pilule a pu apparaître amère à certain·es, les militant·es insoumis-es ont néanmoins mené la campagne avec détermination dans l’espoir d’obtenir la majorité des sièges à l’Assemblée. Il s’en est fallu de peu que cet objectif soit atteint. À Sète, la Nupes est arrivée en tête (50,04%) devant le candidat du Rassemblement National. La « Nupes Sète » (et non 7) a été créée à cette occasion et a poursuivi son activité. Mais, les reniements nationaux n’ont pas manqué d’être suivis d’effet sur le plan local.
Comme cela a été dit, le PS n’a jamais participé en tant que tel à la Nupes Sète. Lors des vœux de janvier 2024, Laurent Hercé, conseiller municipal écologiste, a confirmé que les Verts présentaient une liste aux Européennes et a présenté cette division comme » une nouvelle forme d’union » (!!!). Lors de la réunion « Nupes » de Mars 2024, la représentante des Ecologistes a déclaré « assumer cette division ».
La section locale du PCF a indiqué qu’elle aurait préféré une liste d’union, mais a reconnu être seule dans ce cas au niveau départemental… ce qui ne l’empêche pas de mener campagne pour la liste Léon Deffontaines [NDLR] .
La France Insoumise est restée fidèle au programme de la Nupes et bien entendu à son programme . Elle se battra donc à nouveau sous la bannière de l’Union Populaire pour ces élections européennes. Dès lors que la Nupes n’a plus d’existence au niveau national, elle n’en a plus au niveau local puisqu’une seule formation, La France Insoumise est restée fidèle à l’accord national. Des formations politiques, des citoyen·nes peuvent évidemment nourrir des desseins communs. Mais, pas au nom de la Nupes. C’est une question d’honnêteté.
Les élections municipales de 2026… déjà ?
« Un appel au rassemblement pour construire ensemble une nouvelle page qui redonne ses couleurs à Sète » a été lancé alors que nous sommes en campagne pour les élections européennes » par « des Sétois-es divers et différent-es » (sic!)présenté·es sous le nouveau label « citoyens ».
Les rédacteurs du texte, à l’origine de l’initiative ne se sont pas identifiés. Seraient-ce les mêmes qui, en janvier 2022, avaient lancé « un appel citoyen » demandant l’union aux législatives pour gommer la division de la gauche à l’élection présidentielle ? Rappelons qu’il a manqué seulement 400 000 voix pour que Jean-Luc Mélenchon soit présent au second tour.
Les deux groupes d’action de la France Insoumise n’ont pas été associés à cette nouvelle initiative. Ils ont été mis devant le fait accompli. Il leur a simplement été demandé de jouer les facteurs et de recueillir des signatures. C’est pour le moins maladroit et irrespectueux. Le caractère de cette soudaine urgence ne manque pas de surprendre. Pourquoi maintenant ?
La question n’est pas naïve. Faut-il occuper le terrain à tout prix ? Occulter la décision prise nationalement par les écologistes, les communistes et les socialistes de rompre l’union au risque certain de voir l’extrême-droite en tête des intentions de vote ? À Sète, s’agit-il de mettre en œuvre une union qui dépasse largement le cadre de la… Nupes ? À la lecture du texte, il suffit en effet d’être opposé-e à l’équipe municipale actuelle et à l’extrême-droite pour être signataire de l’appel. Le spectre politique est très, très large.
Par ailleurs, une élection municipale n’est pas seulement locale. Le fait que les conseils municipaux des 36000 communes soient élus simultanément confère à cette élection une dimension nationale.
Dès lors, la situation politique nationale influe sur le scrutin. Des accords peuvent être signés entre les formations, des alliances peuvent être convenues contre telle ou telle formation. Récemment, lors des élections sénatoriales, le PS, les Verts et le PCF se sont alliés et ont empêché l’élection d’un seul sénateur LFI… Espérons qu’il en sera tout autrement en 2026.
Cela dépendra aussi du rapport des forces après les élections européennes.
La façon dont se comportent et se comporteront à notre égard les autres formations de gauche ne peut être sans conséquence sur notre motivation voire nos choix.
Un soutien timide à la France Insoumise
Depuis des mois, La France Insoumise est soumise à une campagne médiatique d’une férocité inouïe. Des menaces de mort pèsent sur JLM et nombre de nos élu·es. Le député Aymeric Caron, le souligne : cela se fait dans l’indifférence des médias et des dirigeants des autres formations politiques.
Lors d’une cérémonie, quand Fabien Roussel choisit de se mettre à côté du sinistre Meyer Habib après que celui-ci a provoqué Manuel Bompard, cela inspire le mépris.
Quand Léon Deffontaines déclare que Jean-Luc Mélenchon flirte avec l’antisémitisme, cela inspire le dégoût ; un dégoût partagé bien au-delà des rangs de la France Insoumise.
Enfin, quand Gabriel Blasco, la très suggérée tête de liste aux prochaines élections municipales, apporte sa solidarité lors du dernier rassemblement pour le Cessez-le-feu en Palestine à « un membre d’une liste aux élections européennes et son soutien à la responsable d’un groupe à l’Assemblée Nationale », sans dire leurs noms ni qu’ils appartiennent l’une et l’autre à La France Insoumise, comme si c’était un gros mot, a blessé, à juste titre, nombre de camarades. A-t-il peur de froisser une partie de son électorat ou je ne sais qui en déclarant « J’apporte mon soutien dans cette épreuve à la France Insoumise » ?
Pour conclure : Vive l’Union Populaire, à toutes les élections, sur des bases claires et de rupture avec le capitalisme ! Vive l’Avenir en Commun ! Et, qui sait, vive le retour à la Nouvelle Nouvelle Union Populaire, écologique et Sociale (NNUPES) !
