Place de la mairie dimanche, le mouvement citoyen Nouvelle Page pour Sète affichait lors d’une conférence de presse peu protocolaire sa détermination à bâtir une alternative au système Commeinhes, et aussi son optimisme à obtenir l’union de toutes les forces politiques, associatives et citoyennes.

« Le système Commeinhes a piétiné la démocratie. Mandat après mandat , Sète a été marquée par une gestion opaque, avec des formes de clientélisme et surtout un affairisme qui a défiguré la ville et a fini par être sanctionné », souligne l’élue d’opposition Laura Seguin. Elle constate que ce système qui perdure encore malgré la démission de François Commeinhes « a privatisé la majeure partie des services publics » sans améliorer évidemment la qualité des services rendus. Ce sont toujours les intérêts particuliers qui ont primé sur les intérêts généraux de la ville et de ses habitant·es

Rendre le pouvoir aux citoyen·nes, c’est à la fois une méthode et un engagement

Le coordonnateur du collectif, Régis Catinaud, récapitule le nombre d’initiatives de rencontre et d’échange organisées depuis janvier 2025 : 96 ! « on s’est vraiment mis au travail » : groupes thématiques, assemblées citoyennes, déambulations urbaines, porteur de parole sur des lieux publics en précisant bien : « porteur de parole, ça ne consiste pas à aller porter la parole, mais au contraire à la susciter et à la récupérer. »

C’est à partir de ces rencontres que se sont dégagées trois priorités qui seront portées par la future liste : le logement qui apparaît comme la principale préoccupation de très nombreux·ses sétois·es, mal logé·es ou contraint·es de quitter la ville tant la spéculation et la pression du logement saisonnier le rendent inaccessible… Mais pas seulement le logement, le commerce se met au diapason, de plus en plus destiné aux touristes ou aux plus fortunés. Tout en respectant la vocation touristique de Sète, il s’agira de trouver les moyens d’assurer à chacun de droit de vivre dans sa ville.

Deuxième axe, la mobilité, ou plus exactement à travers elle : comment en finir avec une ville asphyxiée par la voiture et le bruit pour rendre la cité vivable et respirable ?

Troisième priorité enfin : la transparence et la démocratie, ou comment donner davantage de pouvoir aux citoyen·nes dans les choix effectués à l’échelle de leur quartier et de leur commune : conseils de quartier avec des moyens dédiés, pouvoir d’interpellation, consultation préalable à tout projet.

Une chose est sûre, la manière d’élaborer le programme, collectivement et au plus près des besoins, est une préfiguration de la manière dont les personnes qui s’engagent dans la dynamique de Nouvelle Page souhaitent que leur ville soit gérée.

[VIDEO] Interview de Laura Seguin, conseillère municipale et communautaire :

Incarner et renforcer la dynamique unitaire

Dernière question évoquée dans cette conférence de presse et pas des moindres : qui conduira la liste et comment sera-t-elle constituée ? Comme pour l’élaboration du programme, les méthodes de constitution de la future liste sont débattues au grand jour avec les avantages et les inconvénients de chacune. À l’opposé de ce qui se fait traditionnellement avec les caciques de la politique qui s’autodésignent et choisissent leurs affidé·es, ici, ce sera une votation citoyenne qui tranchera les équilibres d’une liste qui appelle les bonnes volontés et aspire à être pluraliste et représentative de la population de Sète.

Soucieux de donner toutes les chances à l’union, Laura Seguin, Véronique Calueba comme Régis Catinaud ont rappelé l’objectif originel de Nouvelle page : celui de rassembler tous les partis de gauche dès le premier tour. Ielles ont constaté qu’à ce stade, des personnes de toutes ces organisations politiques étaient déjà partie prenante du mouvement Nouvelle Page, mais l’étaient « à titre individuel ». Cependant, même si aucun parti, probablement respectueux des échanges en cours, ne s’est positionné officiellement, il est clair, au vu de la participation active de leurs responsables respectifs, que les écologistes, les insoumis·es, les communistes et les membres de Place Publique ont fait le choix de contribuer à la dynamique unitaire, comme ils l’avaient d’ailleurs fait en 2020 où ces quatre formations étaient engagées avec Alternative Sétoise. À trop tergiverser, les socialistes risquent fort d’apparaître comme la 5e roue du carrosse.

Malgré cette incertitude, tout le monde se veut confiant face au risque de voir la cité maritime tomber entre les mains du RN, et tire la conclusion qui s’impose : il faut être plus fort et plus rassembleur pour donner envie à tout·es de participer à ce mouvement pour faire ensemble de Sète une ville apaisée, respectueuse de son écosystème, de ses savoir-faire et de ses traditions de solidarité, une ville où il fasse bon vivre.