Montpellier : un préfet repousse les limites du droit de manifester ?

Manifestation à Montpellier avril 2025 - Photo - PLURIELLE INFO
Manifestation à Montpellier avril 2025 - Photo - PLURIELLE INFO

À la veille de la mobilisation nationale du 2 octobre, la préfecture de l’Hérault a publié un communiqué qui impose la réflexion, voire l’inquiétude. Un préfet peut-il décider qui a le droit de manifester ?

Le préfet François-Xavier Lauch, ancien chef de cabinet d’Emmanuel Macron, a validé un parcours syndical encadré dans Montpellier, mais assorti d’une mesure qui interroge sur sa légalité et sa portée démocratique.

Une restriction inédite et floue

Cette disposition semble franchir un seuil inédit et véritablement flou : « la présence de toute personne extérieure à la manifestation déclarée par l’intersyndicale, composée de ses adhérents, ses militants et ses sympathisants, est interdite au sein du cortège ». Autrement dit, seuls les adhérent·es, militant·es et sympathisant·es dûment identifié·es pourraient défiler aux côtés des syndicats.

Ce verrouillage soulève techniquement un vrai problème logistique et organisationnel. Comment distinguer un sympathisant d’un non-sympathisant ? Qui en décide ? La police pourra-t-elle contrôler l’appartenance syndicale d’un·e manifestant·e, voire lui demander sa carte d’adhérent ? En voulant éviter les « débordements », le préfet ouvre la porte à une confusion dangereuse entre maintien de l’ordre et droit constitutionnel de manifester.

Interrogé, Alban Desoutter, militant LFI et POI à Montpellier, n’hésite pas à parler d’« une première inquiétante ». Selon lui, « depuis quarante ans, les cortèges syndicaux se sont toujours ouverts à des citoyens, des mouvements politiques ou associatifs qui venaient se greffer en queue de manifestation. C’est une tradition de fraternité et de combat commun. Le préfet n’a pas à s’immiscer dans cette organisation ».

Pour Alban Desoutter, la distinction entre adhérents, militants et sympathisants « n’a aucun sens juridique » et risque au contraire de créer des tensions artificielles entre cortèges. La critique pointe aussi une possible dérive d’interprétation : en prétendant définir qui peut ou non manifester, l’État pourrait s’arroger un pouvoir qui ne relève pas de ses prérogatives. Les syndicats restent, en droit, seuls organisateurs et responsables de leurs cortèges. Bref ! L’autorité préfectorale peut fixer un itinéraire, encadrer la sécurité, interdire un secteur sensible, mais pas trier les manifestant·es selon leur proximité supposée avec les structures appelantes.

Un climat sécuritaire renforcé

Crispation et envie d’intimider ? La préfecture a multiplié les arrêtés encadrant les manifestations, autorisant notamment l’usage de drones et d’hélicoptères pour la captation d’images dans tout le département. Les autorités invoquent des « risques de troubles à l’ordre public » et insistent sur la mobilisation de moyens policiers et gendarmes renforcés. Mais pour les manifestant·es, ces décisions traduisent surtout une fuite en avant sécuritaire, voire un message subliminal, du type : « restez chez vous ! »

Une ligne rouge juridique

La journée du 2 octobre permettra de mesurer l’impact concret de cette restriction. Séquences ubuesques possibles : si les forces de l’ordre tentent réellement de filtrer les cortèges en fonction d’une appartenance syndicale, la scène pourrait tourner au blocage absurde et attiser les tensions. Au final, cette disposition apparaîtra comme un coup de semonce politique, révélateur d’une volonté d’intimidation.

Mais quoi qu’il en soit, le communiqué du préfet de l’Hérault pose une question de fond : jusqu’où peut aller l’État dans l’encadrement des mobilisations sociales ? En cherchant à définir qui peut manifester, François-Xavier Lauch s’expose à être accusé de franchir une ligne rouge : celle de la liberté de manifester. Syndicats et associations pourraient rapidement porter cela devant les tribunaux administratifs.

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