Montpellier : « Automobilistes excusez-nous, le maire nous y oblige », le collectif les 4 Boulevards bloque Rabelais

Montpellier mobilisation collectif des 4 Boulevards - Photo - Matthieu Duffaux
Montpellier mobilisation collectif des 4 Boulevards - Photo - Matthieu Duffaux

Samedi 8 février 2025, malgré une pluie persistante, le collectif des 4 Boulevards a organisé une manifestation sur le boulevard Rabelais à Montpellier, interrompant partiellement la circulation pendant plus d’une heure en début d’après-midi avec un die-in pour illustrer toute leur souffrance.

Les membres du collectif avaient sorti les pancartes dont une très remarquée : « automobilistes, excusez-nous, le maire nous y oblige ». Ils ont exprimé leur exaspération qui dure depuis 2022 et ils dénoncent le transfert massif de circulation sur les boulevards Berthelot, Vieussens, Rabelais et d’Orient. Ces changements ont entraîné « une augmentation insupportable du trafic et de la pollution » dans ces zones résidentielles. Les habitant·es appellent sans cesse la mairie à revoir sa copie et à engager de vraies négociations pour trouver des solutions adaptées.

Danger, bruit et pollution

Danger, bruit et pollution, un résident, visiblement découragé, témoigne : « La situation a débuté en juin 2022, lorsque le maire a décidé de couper le boulevard de Strasbourg, l’avenue Clemenceau ou encore l’avenue Albert Dubout. Le trafic s’est alors reporté sur les boulevards Berthelot, Vieussens, Rabelais et d’Orient, soit sur deux kilomètres. Nous sommes passés de 5 000 à environ 15 000 véhicules par jour, avec désormais près de 900 bus et navettes de la TaM. Nous sommes bien au-delà des seuils acceptables de pollution, mais la mairie continue de communiquer sur le fait que les choses se passent bien en ville, alors qu’ici, ce n’est pas le cas. Le maire fait la sourde oreille et ne s’intéresse pas à ce que nous voulons. Il doit régler ce problème, sinon les actions s’amplifieront jusqu’en mars 2026. »

Santé : des conséquences néfastes

Alain Mankison, riverain du boulevard Rabelais et président du collectif, souligne : « si vous voulez passer au sud de Montpellier, d’est en ouest ou d’ouest en est, vous êtes obligés de passer chez nous. Les conséquences sont néfastes : nous sommes quatre fois au-dessus des seuils de dioxyde d’azote recommandés par l’OMS, doublées par la perception du bruit. L’idée aujourd’hui était d’inviter les élus et les différentes associations. »

« ils sont traités avec mépris. La bonne solution, c’est la co-construction. »

Parmi les élus présents, Nathalie Oziol, députée de la 2e circonscription de l’Hérault, explique : « ils sont traités avec mépris. La bonne solution, c’est la co-construction. L’un des enjeux actuels est de diminuer la voiture, mais cela ne peut pas se faire sans prendre en compte le besoin des gens. L’exemple des habitants des 4 boulevards est emblématique de ce manque de concertation, mais on pense aussi aux projets de rénovations urbaines à la Paillade et aux Cévennes, où les habitants se plaignent du manque de concertation. Le maître mot est concertation. »

« Le maire s’entête dans l’erreur et a peur de la reconnaître »

Jean-Louis Roumégas, député de la 1re circonscription de l’Hérault, ajoute : « Le choix du maire de créer un trafic de transit sur ces quatre boulevards est contraire même au principe que la ville affiche ailleurs. Ici, on recrée du transit et à côté, on referme une voie faite pour le transit, l’avenue Albert Dubout. Le maire s’entête dans l’erreur et a peur de la reconnaître. Il pense que ce serait un aveu de faiblesse, mais la faiblesse, c’est de ne pas être capable de reconnaître quand il y a une erreur. C’est un sujet emblématique d’une mauvaise gouvernance de la ville. »

« C’est incohérent et dangereux. »

Pour Alenka Doulain, conseillère municipale d’opposition : « C’est un non-sens. C’est devenu extrêmement dangereux aussi pour les cyclistes et les piétons. C’est une contre-référence nationale de ce qu’il ne faut pas faire quand on veut lutter contre le trafic de transit. C’est incohérent et dangereux. »

Présent aux côtés des habitant·es pour un « die-in » sous la pluie, Philippe Saurel a participé à l’action en s’allongeant directement sur le goudron, bras en croix et casquette jaune, un soutien très remarqué. Un genou qui va beaucoup mieux, attention, cet attaquant semble prêt pour le match retour de 2026.

Un grand absent

Un grand absent, l’homme qui prend le pari que les automobilistes passeront au tram, au bustram et au vélo, c’est-à-dire l’actuel maire de Montpellier : Michaël Delafosse. Avec un schéma de circulation, très critiqué, la mairie défend ces aménagements, mais le bras de fer entre le collectif et la municipalité semble loin d’être terminé. Les habitant·es des 4 boulevards, déterminé·es à se faire entendre, promettent d’intensifier de nouvelles actions si aucune solution n’est apportée à leurs revendications.

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