[EDITO] Emmanuel Macron un funambule sans filet, à quand la chute ? Décidément, le Président du « c’est notre projet » aura tout essayé, sauf peut-être de gouverner.
Le voilà encore une fois perché sur son fil, sans Premier ministre, sans budget, et bientôt sans spectateurs. Ce qui devait être un final bancal, mais viable de son quinquennat s’est mué en un éternuement institutionnel. Lecornu, son éphémère Premier ministre, a tenu à peine 27 jours, record battu.
Le président, lui, demande 48 heures de plus pour « définir une plateforme d’action et de stabilité ». À ce stade, c’est plutôt une plateforme de streaming de deux youtubeurs en perte d’inspiration du « Portnawak » : la France regarde, incrédule, cette séquence politique affolée et affolante.
Lundi 6 octobre, c’était du burlesque. Bruno Le Maire nommé aux armées avant de battre en retraite, Retailleau un ministre de l’intérieur et président de son propre parti irrité, Lecornu qui démissionne, mais reste quand même. Les portes claquent à Matignon, les alliances s’effondrent et le « socle commun » macronien s’il a existé un jour au-delà des ambitions des uns et des autres ressemble désormais à une collaboration coupable dont il faudra savoir se justifier, entre inaction internationale et dette publique française, en date du premier trimestre 2025, évaluée à 3 345,4 milliards d’euros, soit environ 113,9 % du PIB
Ego surdimensionné, égocentrisme politique ? Depuis sa dissolution surprise de juin 2024, Emmanuel Macron vit dans le déni. Il n’a jamais vraiment accepté d’avoir perdu la main. Convaincu que tout tourne encore autour de lui, il continue d’imaginer des majorités avec des puzzles incomplets. Le résultat est à la hauteur de l’illusion : un pays suspendu, et trois Premiers ministres grillés.
Bien sûr, il n’est pas seul sur scène, mais c’est lui l’homme qui voulait « renouer le fil du destin français », l’homme qui affirmait en 2017 : « je ne suis pas là pour gérer ou réformer, je suis là pour transformer ». Reste à savoir s’il a tout cassé ou s’il est juste question du casse siècle, l’Histoire le jugera lui, comme son entourage.
Aujourd’hui, la droite et son sparadrap RN jouent les vierges offensées tout en gardant un œil sur le trône vacant. Le PS quant à lui, hésite entre dénoncer le système et s’y glisser, prendre l’air de rien le pouvoir, si une ouverture se présente. Qu’il est loin de temps du NFP, Olivier Faure agite la retraite comme d’autres un chiffon rouge, pendant que les macronistes feignent d’y voir une main tendue. Résultat : tout le monde s’indigne, personne ne gouverne.
Macron rêvait d’incarner la stabilité, il devient le symbole du chaos ordonné. Il est nu. Chaque crise devient un test de plus pour sa propre résilience narcissique. Il menace de dissoudre, sans oser le faire, comme un enfant brandissant sa boîte d’allumettes devant la poudrière. Et la France regarde, lasse, son président se débattre avec le réel qu’il a lui-même fabriqué. À ce rythme, sa prochaine allocution pourrait terminer par : « Françaises, Français… au revoir. »
