L’ancien député insoumis Sébastien Rome n’a pas encore officialisé sa candidature aux municipales de 2026 à Lodève. Mais dans ses mots, tout y est : diagnostic, horizon et volonté de rupture.
À commencer par sa critique frontale du modèle de développement local : « il ne faut pas confondre commerces de proximité et grandes surfaces », lâche-t-il en interview. Une punchline révélatrice d’un positionnement politique assumé contre l’extension d’un deuxième supermarché Leclerc dans une ville déjà saturée.
Aux côtés de la députée LFI-NFP Alma Dufour, il a travaillé avec François Piquemal aussi sur une série de propositions de loi visant à « reprendre un pouvoir démocratique sur les grandes surfaces ». En clair, ne pas laisser faire n’importe quoi, et retrouver l’équilibre des vrais commerces de proximité dans la cité. L’idée ? Soumettre leur implantation à un véritable débat public en conseil municipal.
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Une alimentation de qualité et de proximité
Le cas de Lodève, « beaucoup de gens souhaitent cette grande surface, car elle est proche des HLM. Mais les éléments factuels montrent que Lodève est saturée de grandes surfaces. » Et de s’interroger à voix haute : « Leclerc a-t-il fourni une étude de marché, une étude d’impact ? » Rien n’est moins sûr. Et Sébastien Rome promet d’aller vérifier le permis de travaux. D’autant que c’est une deuxième grande surface Leclerc, avec déjà un Super U, un Carrefour Market et un Aldi.
Ce projet soulève, au-delà du béton, la question du droit à une alimentation de qualité et de proximité. « Les gens veulent du commerce de proximité », insiste-t-il. Pour ce responsable politique, il y a subtilement une « confusion entretenue » entre proximité géographique et tissu économique local. « Il y a un besoin d’accès à une alimentation moins chère, parce qu’on dégrade tellement les revenus que les gens cherchent la solution la plus simple. » Une impasse, pour Sébastien Rome, qui appelle à un changement de paradigme : « ça posera la question d’un nouveau devoir : une sécurité sociale alimentaire. »
« On a besoin d’un changement radical ! » Sébastien Rome
Son projet politique s’ancre dans une philosophie plus large : « la sociabilisation des moyens d’existence. » Le commerce de proximité ? Ce n’est pas juste une question de prix, mais de lien social : « la boutique, elle fait du lien social aussi. » Face à un système trop capitaliste qu’il juge destructeur du tissu local, il défend la création de coopératives pour soutenir l’installation de commerces « qui changent véritablement la vie des gens ».
À Lodève, il voit la nécessité de mettre en place cette politique. Sans annoncer sa candidature, il précise avoir conduit une consultation citoyenne et pose déjà les bases : « on a besoin d’un changement radical, avec une union populaire des Lodévois et un nouvel élan pour la ville. » Un projet ouvert à toutes celles et ceux, même issus de la majorité actuelle, qui partagent ce besoin d’alternative : « je sais que certains voudront travailler avec moi. »
Humaniste revendiqué, Sébastien Rome n’oublie pas ses combats passés. Notamment celui mené pour une ancienne élève, Loubda El Kaddouri, victime d’une double discrimination au handicap et au patronyme. Expulsée de son logement malgré un loyer à jour, elle a finalement obtenu gain de cause : « La sous-préfecture a reconnu son droit au DaLo. » [ Droit au logement opposable Dalo, NDLR] Une victoire, là où « la réponse de la mairie, c’était : appelez le 115 quand les gendarmes viendront vous chercher. »
Sébastien Rome oppose « une vision humaniste à une vision totalement déshumanisée du rapport à la population ». Une manière de rappeler que, pour lui, la politique locale n’est pas seulement une affaire de gestion, c’est aussi une affaire de dignité.

