Lettre ouverte de Nicolas Desagher, co-secrétaire Les Écologistes du groupe Lez-Pic-Saint-Loup à Jérôme Despey, viticulteur, céréalier, 1er vice-président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et président de la chambre d’agriculture de l’Hérault.

Face aux invectives lancées par Jérôme Despey contre les écologistes, Nicolas Desagher, co-secrétaire du groupe Lez-Pic-Saint-Loup, prend l’agriculteur au mot. Dans une lettre ouverte, il l’appelle à tenir son engagement pour un dialogue franc. Et le met au défi de confronter, publiquement, les impasses du modèle agricole dominant.

Lettre ouverte à Jérôme Despey

Bonjour monsieur Despey,

Lors de votre discours du 26 novembre 2023 à Narbonne, vous avez interpellé différents responsables écologistes : Yannick Jadot, Delphine Batho ou encore Sandrine Rousseau et « toute la clique ». En nous proposant : « venez nous aider dans nos champs, dans nos vignes, à désherber brin par brin, avec une pioche ou à la main. Je pense qu’à la fin de la journée, vous saurez enfin ce que c’est la fatigue. »

En tant que co-secrétaire du Groupe Local Les Écologistes Lez-Pic-Saint-Loup qui regroupe et fédère les militants de la zone géographique où vous résidez, je vous ai répondu favorablement. Certains de nos représentants nationaux sont prêts à venir. Nous sommes prêts « à vous aider à désherber vos champs et vos vignes ».

Certains d’entre nous connaissons cette fatigue : parlons de ce qui nous rassemble et dialoguons. Notre civilisation ne peut se passer des agriculteurs, l’humanité a besoin de manger. Le climat change et vous le voyez, car vous êtes en première ligne, la biodiversité s’effondre et nous ne pourrons y survivre si nous ne changeons rien. L’humanité a besoin d’écologie et je pense que c’est pour cela que vous nous avez interpellés.

En janvier 2024 et dans les mois qui ont suivi, vous étiez très occupé à cause des mobilisations agricoles, mais vous nous aviez répondu par l’intermédiaire de votre secrétaire de la Chambre d’Agriculture, de votre accord de principe pour une rencontre. Vous avez repoussé puis annulé une première rencontre. Après nos campagnes électorales respectives, je vous ai relancé ; vous avez à nouveau reporté puis annulé une seconde rencontre.

Que doit-on comprendre ? Vous nous demandez de connaître votre travail et vos problèmes, vous nous invectivez devant les médias, mais sans donner suite. Est-ce un stratagème politicien ? Auriez-vous peur de la confrontation ? Vous savez au fond de vous que votre modèle agricole français est à bout de souffle. Que les rendements sur les terres stérilisées par vos pesticides décroissent de décennie en décennie. Que ces pesticides tuent aussi bien les insectes que les humains, et vos adhérents de la FNSEA en sont les premières victimes (infertilité, cancers, maladies neurodégénératives).

Que l’eau commence à manquer, par vos choix de culture. Que sur le modèle espagnol, vous voyez bien que mettre à l’air libre l’eau souterraine par vos méga-bassines ne fait que l’évaporer et se détériorer par les cyanobactéries. Que dans dix ou vingt ans ces rétentions d’eau seront la plupart du temps vide ou que les communes alentours n’auront plus d’eau aux robinets !

Vous pensez que votre modèle agricole a encore un avenir ? Venez débattre avec nous et élaborons ensemble un nouveau modèle agricole, juste et sain pour les agriculteurs et les agricultrices.

Je vous mets au défi de cette rencontre, ne décevez pas les citoyens et citoyennes françaises.

Écologiquement vôtre

Nicolas Desagher
Co-secrétaire Les Écologistes, Groupe Local Lez-Pic-Saint-Loup