La radiologie sous pression du lobbying et de la voracité des actionnaires

Radiologie : spécialité qui génère le plus de revenus pour les médecins - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO
Radiologie : spécialité qui génère le plus de revenus pour les médecins - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO

La radiologie est une des spécialités qui génère le plus de revenus pour les médecins dans le secteur libéral. Cette situation est catastrophique pour l’hôpital public qui a vu fuir au fil du temps les radiologues. Conséquence : seuls 22 % des radiologues travaillent à l’hôpital et on estime que près de 50 % des postes de titulaires restent vacants.

Deux raisons à cela. D’une part un différentiel très important de rémunération : un praticien hospitalier gagne par an en moyenne environ 80 000 euros, alors que le revenu moyen d’un radiologue libéral dépasse 210 000 euros. D’autre part, dans le public, les médecins doivent assurer des gardes de nuit et de week-end pour assurer la continuité du service public, alors qu’en libéral, cette contrainte est exceptionnelle.

Sur-compensation des investissements par la Sécurité sociale et priorité donnée au secteur privé

Dans ce contexte, les inspections générales des affaires sociales et des finances ont publié un rapport portant sur la pertinence et l’efficience des dépenses de l’activité des radiologues. Elles mettent l’accent sur le montant des forfaits techniques qui sur-compensent les investissements engagés par les radiologues et préconisent une modification de leur mode de rémunération. Un autre élément important à souligner est le lobbying exercé ces dernières années par le secteur libéral, notamment des cliniques privées, concernant les autorisations d’équipements. Ainsi, entre 2019 et 2024, sur les 250 nouveaux scanners installés, 150 sont allés dans le privé et seulement 100 dans le public. Pour ce qui est des IRM, les pouvoirs publics ont servi quasi exclusivement le secteur privé pendant la même période : plus 276 appareils contre seulement 27 dans le public !

Donc, n’en déplaise aux radiologues libéraux qui ont poussé des cris d’orfraie lors de la publication du rapport, la Sécurité sociale rémunère très grassement leur profession du fait d’un mécanisme qui associe un forfait pour l’investissement et un paiement à l’acte pour le médecin.

Nécessaire maîtrise de la gestion du parc d’appareils de radiologie

La question qui se pose est la suivante : est-ce au médecin de posséder son outil de travail ? Dans un secteur comme la radiologie où les investissements peuvent se compter aujourd’hui en millions d’euros, cela ne paraît plus tenable. Ce d’autant que dans le cadre de la financiarisation du système, des sociétés d’investissement extérieures au monde médical se proposent d’acheter les machines pour les mettre à disposition des médecins, contre une redevance leur permettant bien entendu de générer des bénéfices intéressants pour leurs actionnaires. Il semble donc souhaitable tant pour les finances de la Sécurité sociale que pour les médecins de changer de systèmes.

Pour les médecins, le danger à très court terme est de se retrouver comme de simples employés de sociétés de gestion de parc d’appareils de radiologie avec une forte pression pour assurer la meilleure productivité possible. En ce qui concerne la Sécurité sociale, une évolution possible et souhaitable est qu’elle maîtrise les investissements. Cela aurait comme intérêt d’assurer une juste répartition des machines sur le territoire, de pouvoir les acheter en grand nombre et de négocier les prix à la baisse, et surtout de ne rémunérer que l’acte médical intellectuel et non, pas l’amortissement d’investissements dans le cadre d’entreprises à but lucratif.

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