Lors d’une présentation publique sur l’avenir de l’avenue Jean Jaurès le 20 mars au Kiasma à Castelnau-le-Lez dans la métropole de Montpellier, les intervenant·es et les participant·es ont dressé un constat précis : « l’avenue est dangereuse, polluée et peu adaptée aux usages actuels. »
Chaque jour, au moins 14 000 véhicules y circulent et causent congestion, pollution atmosphérique et conflits récurrents entre automobilistes, cyclistes et piétons. Le diagnostic dressé reste inquiétant.
Pollution et insécurité
Plusieurs études ont été menées, notamment celles de la FUB et de l’organisme ATMO. Elles révèlent que cette avenue qi traverse le coeur de l’ancien village constitue l’un des points noirs de Montpellier Métropole en matière de sécurité pour les cyclistes, les piétions et en matière de pollution de l’air. Historiquement, plusieurs mobilisations citoyennes ont alerté les autorités locales, avec des manifestations ou encore un dossier argumenté transmis à la mairie en 2023. Pourtant, à ce jour, les décisions tardent, et les projets annoncés sont sans cesse repoussés, faute de vision ambitieuse.
Face à cette inertie, l’association Vélocité invite à l’action et propose deux scénarios principaux pour transformer durablement cette artère centrale. L’idée étant d’innover, de tester, de faire bouger les lignes.
Jean Jaurès totalement piéton
Le premier scénario est radical : rendre totalement piéton le cœur de ville, avec des accès routiers limités, supprimant ainsi le transit automobile sur cette portion. Cette solution, dite de la « double impasse », permettrait de créer une zone élargie dédiée aux modes actifs (piétons, vélos, trottinettes) tout en redynamisant le commerce local, favorisé par un espace urbain apaisé et attractif. Cette option présente toutefois des contraintes majeures qui concernent l’accès à des services essentiels comme la clinique du Parc ou le maintien d’une desserte efficace en transport public.
Jean Jaurès en sens unique
Le second scénario, jugé intermédiaire et plus pragmatique, consiste à mettre l’avenue Jean Jaurès en sens unique, libérant ainsi une partie de la chaussée pour créer une piste cyclable bidirectionnelle sécurisée. Ce scénario serait facile et rapide à expérimenter, avec la possibilité d’ajuster les aménagements au fur et à mesure selon les retours d’expérience. Il permettrait de diviser immédiatement le trafic automobile par deux, tout en facilitant un transfert modal vers le vélo. Et, l’analyse des parcours a montré que le contournement de cette zone n’était absolument pas plus chronophage que la stagnation des véhicules dans les embouteillages.

Les débats ont mis en avant la nécessité de réaliser une phase d’expérimentation avant toute décision définitive. Des propositions concrètes pour tester ces scénarios ont été soumises à la réflexion des citoyen·nes présent·es. Objectif : tester ponctuellement l’aménagement lors d’événements spécifiques, l’étendre à des périodes de vacances comme les ponts du mois de mai, ou encore l’appliquer directement en continu sur une durée plus longue pour une évaluation complète.
L’urgence est bien là, il faut imaginer des solutions aptes à redonner un cadre de vie apaisé et sécurisant aux Castelnauvien·nes, à améliorer la qualité de l’air, et à soutenir l’attractivité économique du centre-ville.
Dépasser l’immobilisme
Dépasser l’immobilisme et passer rapidement à l’action par des tests concrets, pour une véritable transformation urbaine bénéfique à tous les usagers de l’avenue Jean Jaurès, c’est l’idée.
Pour le président de Vélocité, Nicolas Le Moigne, les collectivités, tout comme l’État et des régions, doivent « repenser leur stratégie en matière de mobilités. » En effet, l’incertitude pesant sur les grands projets routiers, illustrée récemment par les difficultés autour de l’autoroute A69, ou les résistances au COM devrait pousser les décideurs à envisager « des solutions alternatives durables et économiques, comme le développement du Réseau Express Vélo. »
Transformer profondément les habitudes de déplacement
Pour Vélocité, le vélo est une réponse concrète et peu coûteuse aux crises financières que traversent les collectivités locales. Il ne s’agit pas seulement de déplacer le trafic automobile, mais bien de transformer profondément les habitudes de déplacement. Les chiffres indiquent que 60 % des usagers seraient prêts à changer leurs modes de transport si les infrastructures le leur permettaient. Pour Nicolas Le Moigne tout est une question « de choix politiques, » qui se doivent d’être « audacieux et courageux. »
Les prochaines rencontres auront lieu le mercredi 26 mars à 19h30 à la salle Malige (cinéma) de Clapiers et le mardi 1er avril à 19h30 à la salle Yves Dubruc (arrivée du tram) à Jacou.
