Figure familière des écrans d’Al Jazeera, Anas al-Sharif n’avait que 28 ans. Né en 1996 dans le camp de réfugiés de Jabalia, ce journaliste palestinien avait choisi de rester dans l’enclave pour raconter, jour après jour, la guerre et la vie sous blocus.
Diplômé de l’université al-Aqsa, il a su s’imposer comme l’un des rares témoins directs du conflit, dans un territoire interdit aux reporters étrangers. Son engagement lui avait valu en 2024 le Prix des défenseurs des droits humains d’Amnesty International.
Dimanche 10 août, il a été tué avec quatre collègues d’Al Jazeera et un journaliste indépendant dans une frappe israélienne près de l’hôpital al-Shifa. L’armée israélienne a revendiqué l’attaque, qualifiant le reporter de « terroriste » et affirmant qu’il dirigeait une cellule du Hamas.
« La voix de la souffrance imposée par Israël »
Ces accusations, déjà répétées depuis 2023, avaient suscité l’inquiétude d’organisations comme le Comité pour la protection des journalistes et la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la liberté d’expression, qui dénonçaient une campagne de dénigrement.
Sur X, où il diffusait quotidiennement images et témoignages, Anas al-Sharif s’était présenté comme un simple journaliste, « la voix de la souffrance imposée par Israël », selon Reporters sans frontières.
Dans un message posthume, il demandait : « Ne nous oubliez pas ! » Ses funérailles ont eu lieu lundi au cimetière Cheikh Redouane, laissant derrière lui sa compagne et deux enfants.
This is my will and my final message. If these words reach you, know that Israel has succeeded in killing me and silencing my voice. First, peace be upon you and Allah’s mercy and blessings.
Allah knows I gave every effort and all my strength to be a support and a voice for my…
— أنس الشريف Anas Al-Sharif (@AnasAlSharif0) August 10, 2025
