Katy Perry et cinq autres femmes privilégiées sont parties dans l’espace à bord d’une fusée de Blue Origin, propriété du fondateur d’Amazon Jeff Bezos… pendant 11 minutes. 11 minutes où chacune des passagères aura émis 15 tonnes de CO2. Les 10% les plus riches de la planète sont déjà responsables de près de la moitié des émissions totales de gaz à effet de serre. Mais voilà, pour eux, ce n’est pas assez.
Ce n’est jamais assez. Il fallait créer quelque chose d’autre, une chose aussi inutile que destructrice : le tourisme spatial.
11 minutes. 15 tonnes de Co2 par personne si l’on ne considère que le lancement. 429 tonnes de CO2 si l’on prend l’ensemble de cycle de vie du vol : « la production d’hydrogène, souvent issue d’énergies fossiles, génère d’importantes émissions de CO₂ en amont de son utilisation directe. De plus, la construction des fusées, des sites de lancement et la logistique associée alourdissent considérablement le bilan carbone global de chaque vol. »
11 minutes pour émettre autant de CO2 qu’un Français en un an et demi. Et quoi de mieux pour justifier ce voyage exaspérant que d’instrumentaliser le féminisme. Car oui, c’est ce que revendiquent Katy et ses comparses. Mais j’ose espérer que la majorité des gens ont bien compris qu’il ne s’agissait que des désirs égoïstes d’une poignée d’ultrariches en proie à l’ennui et en mal de sensations fortes.
Quant au traitement médiatique de ce tourisme spatial, entre sourires béats et commentaires dithyrambiques : c’est l’idiocratie dans toute sa splendeur. Des médias allant jusqu’a titrer: « Selon Katy Perry, la meilleure expérience après celle d’être mère » agrémentant leurs gros titres ou leurs posts sur les réseaux sociaux d’un petit émoji fusée 🚀 . Force est de constater que le film « don’t look up » ne caricature pas du tout les journalistes ; c’est même une représentation fidèle de l’abrutissement des médias mainstream.
Puis vint le retour sur Terre. On dirait la scène finale d’un mauvais blockbuster. Comme si tout était scénarisé, elle sort et tend le bras vers le ciel, une fleur dans sa main en hommage à sa fille, elle descend les marches sous les acclamations des journalistes, puis elle s’agenouille au sol et embrasse hypocritement la terre dans un dernier élan de cynisme. C’est quand même incroyable de se dire que la majorité de l’humanité court à sa perte à cause d’une poignée de connards ultrariches qui eux seront les derniers à crever d’une sixième extinction qu’ils auront provoquée.
Et ils quitteront cette Terre qu’ils avaient flinguée.
