Le SNES-FSU de l’académie de Reims a réagi avec gravité et sobriété au meurtre d’une surveillante au collège Françoise-Dolto de Nogent (Haute-Marne), tuée mardi matin par un élève de 14 ans.
Dans un communiqué diffusé peu après les faits, le syndicat évoque une « immense douleur » et « l’effroi » ressentis par l’ensemble de la communauté éducative. L’heure est d’abord « à l’émotion, au recueillement, à la solidarité avec la famille de notre collègue et l’ensemble de la communauté éducative ».
Prendre à bras-le-corps les questions de santé mentale
Refusant toute polémique immédiate, le SNES-FSU rappelle ses alertes récurrentes sur le manque de moyens humains dans les établissements : suppressions de postes d’AED, de personnels médico-sociaux, de CPE ou encore de chefs d’établissement.
Pour le syndicat, il est impératif de renforcer la présence d’adultes qualifiés auprès des élèves et de prendre à bras-le-corps les questions de santé mentale à l’école. « Il ne s’agit pas de réagir à chaud, mais de construire un avenir pour notre jeunesse. » Cette déclaration syndicale donne le ton d’une journée marquée par la stupeur et la tristesse dans une ville encore sous le choc.
Montpellier rassemblement silencieux à 18h ce jeudi
Comme dans de nombreuses villes, à Montpellier, un rassemblement aura lieu à 18h jeudi 12 juin devant le rectorat, comme à Béziers, même heure devant la sous-préfecture. Pour Diane Arvieu, secrétaire départementale SNES FSU 34 : « l’école doit rester un sanctuaire » et les agents doivent être protégés.
Demain soir, ce sera « un moment de recueillement ». Il n’y aura « pas de prise de parole, pas de revendication sur place, mais le fond reste le même : il faut plus de personnels dans l’éducation, plus d’écoute, plus de moyens, une vraie médecine scolaire avec médecins et infirmier·es présent·es dans les établissements, » explique Diane Arvieu. Puis elle précise concernant la sécurité : « les fouilles de sacs ne relèvent pas de nos missions. Ce n’est pas à des enseignants ou AED de faire du sécuritaire. Nous ne sommes pas formés. »
Rappel des faits et des dernières déclarations sur le drame de Nogent
Nogent, paisible commune de Haute-Marne, se réveille meurtrie. Mardi 10 juin, au petit matin, Mélanie G., 31 ans, surveillante au collège Françoise-Dolto, a été poignardée à mort par un élève de 14 ans.
Le drame s’est noué devant l’établissement, alors qu’un contrôle visuel des sacs, prévu de longue date en présence de gendarmes, était en cours. L’agression a eu lieu peu avant 8 heures, à l’entrée du collège, sous les yeux de plusieurs témoins. Malgré l’intervention rapide du Samu, la jeune femme est décédée des suites de ses blessures en fin de matinée.
Le suspect, scolarisé en classe de 3e, a été immédiatement interpellé et placé en garde à vue. Inconnu de la justice, décrit comme un élève « sans difficulté particulière » par ses professeurs, il avait été désigné « ambassadeur harcèlement » au sein de l’établissement.
Selon la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, il avait toutefois fait l’objet de deux exclusions temporaires en début d’année. À ce stade, ses motivations restent floues. Il est resté muet au début de sa garde à vue, prolongée ce mercredi.
Le geste, d’une violence rare, sidère une communauté tout entière. Dans ce village de 3 000 habitants, où tout le monde se connaît, l’émotion reste intense, et elle est surtout mêlée à l’incompréhension.
Le drame relance le débat sur la sécurité scolaire. Le Premier ministre François Bayrou a évoqué l’expérimentation de portiques de détection d’armes et annoncé un futur arrêté qui interdira la vente de couteaux aux mineurs.
Emmanuel Macron a condamné « un déferlement de violence insensé » et promis des sanctions contre les plateformes qui vendent des armes blanches en ligne aux jeunes. Une minute de silence sera observée jeudi midi dans tous les établissements scolaires.
Le procureur de la République a salué le sang-froid des gendarmes, qui ont maîtrisé l’agresseur malgré la violence de la scène. Une cellule d’accompagnement psychologique a été déployée pour les élèves, les familles et les personnels, tandis que les cours restent suspendus au collège jusqu’à nouvel ordre.
En dépit des mesures de sécurité croissantes, plus de 6 000 fouilles de sacs depuis mars selon le ministère de l’Intérieur, ce drame révèle l’impuissance des dispositifs face à la violence surgissant là où on ne l’attend pas.
