Discours aux armées : Emmanuel Macron acte un réarmement historique et alerte sur la fin des « dividendes de la paix »

François Bayrou, Emmanuel Macron, Patricia Mirallès, Sébastien Lecornu 13 juillet 2025 - Photo - DR Élysée
François Bayrou, Emmanuel Macron, Patricia Mirallès, Sébastien Lecornu 13 juillet 2025 - Photo - DR Élysée

À la veille de la fête nationale, Emmanuel Macron a prononcé, dimanche 13 juillet, son 9e discours aux armées dans les jardins de l’Hôtel de Brienne.

Un discours grave en 36 minutes chrono, dans lequel il a évoqué un « moment de bascule » face à des menaces multiformes. « Sans doute jamais depuis 1945, la liberté n’avait été si menacée », a-t-il affirmé, et dresse le constat d’un monde « où tout peut en effet advenir ». Comprendre ce dimanche, toute la non-nuance d’un discours martial, recentré sur l’unité nationale comme impératif de survie. Pour un esprit chagrin ou alerte, il y aurait ici l’idée sous-jacente d’un « temps de l’Histoire » qui ne souffre d’aucune contestation. Puis d’affirmer que « nous n’avons plus les dividendes de la paix dont nos parents avaient bénéficié », Emmanuel Macron inscrit son propos dans une temporalité d’exception, qui justifierait de repousser ou de neutraliser les revendications sociales pour cause d’urgence stratégique. Temps de pose donc, pour garantir ses dividendes, le capital s’en va-t-en guerre.

Ceci étant posé, le président a évoqué « une désinhibition du recours à la force », « la permanence d’une menace russe aux frontières de l’Europe » et « le retour du fait nucléaire », dans un environnement où « il n’y a plus d’arrière et il n’y a plus de front ».

« 64 milliards d’euros pour notre défense en 2027 »

Face à cette instabilité mondiale, Emmanuel Macron a confirmé un tournant budgétaire, « nous allons doubler [le budget] d’ici 2027. » « Nous consacrerons donc 64 milliards d’euros pour notre défense en 2027. C’est le double du budget dont les armées disposaient en 2017. » Un effort qualifié de « nouveau, historique et proportionné », qui fera l’objet d’une actualisation de la Loi de programmation militaire à l’automne. Le président a insisté : « nous refusons que ce réarmement passe par l’endettement. Notre indépendance militaire est indissociable de notre indépendance financière. »

« Pour être libre dans ce monde, il faut être craint »

Appelant à une mobilisation de toute la société, Emmanuel Macron a souligné que « la défense nationale exige la mobilisation interministérielle » et « un sursaut […] dans nos entreprises, nos collectivités territoriales, nos laboratoires de recherche ». Il a remercié « le général Burkhard pour sa prise de parole il y a deux jours à [sa] demande » et salué les actions menées dans les outre-mer, désormais en « première ligne des nouvelles zones de conflit ». Il a aussi rappelé que la puissance militaire repose autant sur l’organisation des forces que sur la capacité de la société à faire bloc face aux menaces. « Pour être libre dans ce monde, il faut être craint. Pour être craint, il faut être puissant », et il a appelé à renforcer la cohésion nationale face aux nouvelles formes de conflictualité.

Patricia Mirallès, saluée

Au cœur du discours, l’amélioration de la condition militaire a également occupé une place importante : « voilà pourquoi j’ai veillé à la condition militaire portée par vos chefs et éclairée par le Haut comité d’évaluation de la condition militaire. » Il a confirmé la revalorisation des soldes et des conditions de vie : « Cela est fait pour les militaires de rang et pour les sous-officiers. Cela le sera totalement d’ici la fin de l’année pour les officiers. » Il a aussi cité « la ministre déléguée, chère Patricia Mirallès, pour l’ensemble des améliorations que je souhaite voir poursuivies. »

Vers une souveraineté européenne renforcée

Macron a plaidé pour la construction d’un véritable pilier européen de l’OTAN. « Produire ensemble, acheter ensemble », a-t-il lancé, et évidemment « acheter européen en masse ». Il a salué la déclaration de Northwood signée avec le Royaume-Uni, les coopérations renforcées avec l’Allemagne, et le programme SAFe (Security for Europe), adopté par l’UE.

Enfin, il a réaffirmé le rôle central de la dissuasion nucléaire française : « Totalement et invariablement souveraine, elle garantit notre liberté. » Il a mandaté son ministre des Armées et le chef d’état-major pour initier un dialogue stratégique avec les partenaires européens.

« Le salut de la patrie suppose que nous dépensions plus »

Bref ! Emmanuel Macron l’assume : « le salut de la patrie suppose que nous dépensions plus pour notre défense et que chacun prenne sa part de cet investissement. » Puis il prévient : « Nous sommes cette génération qui n’a pas connu la guerre, déterminée à ce que nos enfants ne connaissent rien d’autre que la paix, mais soyons lucides : nous n’avons plus les dividendes de la paix dont nos parents avaient bénéficié. » Le Chef de l’État se repositionne comme chef de guerre, garant de la souveraineté, face à une menace diffuse, mais totale. Renaissance peut-être d’un président stratégique plus que démocratique, appuyé sur l’armée, l’industrie, la technologie, mais pas sur un contrat social renouvelé. À retenir donc cette semonce : « Chacun doit être à son poste de combat. » À suivre, le capital en uniforme…

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