La gauche à Sète est-elle condamnée à être verrouillée au niveau institutionnel par la « gauche d’avant » (le PS et le PCF unis au Département dans une majorité « budgétaire »), avec quelques électrons libres écolo au conseil municipal et à l’agglo ? Et par extension, peut-elle être limitée à ses espaces physiques et symboliques que sont la section du PS, la section du PCF, et, plus récent, ce qui devait être le local de la Nupes, la Baraquette Citoyenne ?
Cette dernière, locataire d’un propriétaire voyou, accumule les plaques et en change [1] au gré des alliances et des aléas politiques -pour ne pas dire des trahisons-. Depuis sa création, elle reste manifestement l’écurie électorale de l’ex-futur ?- candidat Blasco. Issu d’une décision majoritaire destinée à sortir du local du PCF qui avait fait office de siège de campagne du candidat de la Nupes en Juin 22, ce local semble en devenir une annexe … tandis qu’un autre lieu de débat politique, « le 51 », risque de son côté de devoir fermer définitivement.
La question des conditions d’un nouvel élan pour la gauche et de ses incarnations dans notre ville mérite d’être posée. L’expérience de la Nupes tant au plan national qu’au plan local et le double échec de son candidat aux élections législatives devraient nous inviter à y regarder à deux fois avant de structurer de nouveaux collectifs, même présenté comme « citoyens » (voir cliché), censés incarner la volonté politique d’union et de changement, d’union pour le changement.
Quel changement ? Porté par quelles voix plurielles ? Avec quel mode de fonctionnement et quelle possibilité réelle des citoyen·nes d’y participer ? Conjointement, l’expérience du collectif local pour le Cessez-le-feu à Gaza, comme celle de la riposte à l’extrême droite ou, avec Bancs publics, au saccage de la place Aristide Briand, nous rassurent et nous forment, autant qu’elles nous désolent. « On voit toujours les mêmes » s’exclament les militant·es qui s’y croisent.
Tirer les leçons du passé
Ces partis qui ont quitté la Nupes sitôt leurs groupes parlementaires sauvés ont décidé de faire « cavalier seul » pour les élections sénatoriales et les Européennes sous les prétextes les plus divers. Les mêmes se sont raccordés en 48 heures chrono après la dissolution de l’Assemblée nationale par Macron. Il serait de bon aloi qu’ils fassent un peu leur auto-critique. Car avoir rompu la dynamique de la Nupes sitôt amorcée, en attaquant violemment LFI avec les mêmes mensonges que la droite, a eu des effets dévastateurs sur une masse importante d’électeurs et d’électrices qui avaient repris espoir en 2022 pour être aussitôt déçu·es, voire totalement écoeuré·es.
Seule la peur de l’accession du RN au pouvoir a réussi à mobiliser les forces nécessaires pour empêcher ce dangereux scénario qui nous était présenté par les médias comme inéluctable. La catastrophe est évitée mais le sentiment d’avoir gagné un répit est plus fort que celui d’avoir gagné pour changer la vie. D’autant que Macron refuse de prendre acte des résultats.
Regagner la confiance, reconstruire l’espoir, une tâche prioritaire !
Reconstruire, sur un terrain démocratique encore davantage miné par l’autoritarisme et le déni du pouvoir macroniste, miné par la désespérance sociale galopante et la banalisation des idées d’extrême droite, s’avère une tâche prioritaire.
Hormis l’alliance Place Publique – PS à qui le modeste score de 14% aux Européennes a fait pousser des ailes -au point d’exiger et d’obtenir de la France Insoumise 100 circonscriptions supplémentaires-, les organisations qui ont fait ces choix de la division n’en ont tiré aucun bénéfice (le PCF n’a toujours pas de député européen et son secrétaire national perd son mandat de député ; les Ecologistes reculent de 8 points entre les deux scrutins européens !) ; ni apparemment aucune leçon : Le poison de la division par insinuation et caricatures continuant de se propager…en lieu et place de débats constructifs pour imposer au pouvoir macroniste une 1ère Ministre et le programme du Nouveau Front Populaire.
Plombée par les années Hollande, plombée par ce faux départ de l’union en 2022, plombée par ses tergiversations et ses compromissions dans les opérations politiciennes les plus sordides (si bien orchestrées dans notre région par sa présidente Carole Delga), la gauche doit reconquérir sa crédibilité. Elle a commencé à le faire en réussissant à se mettre d’accord sur le nom d’une 1ère Ministre emblématique. Elle ne pourra continuer que portée par un mouvement social et citoyen puissant et sur des engagements et des actes clairs. C’est cela que l’on peut attendre des organisations : jouer franc jeu, ouvrir de véritables perspectives et non naviguer à vue au gré des opportunités électorales et des tempêtes médiatiques.
Émancipation et innovation
Ensuite, pour que l’union soit réelle et solide, il faut que chacun·e puisse exister sans devoir passer sous les fourches caudines de celleux qui détiennent ici les clés des locaux, ou des professionnel·les de la politique (actif·ves ou retraité·es). C’est une des conditions pour garantir la sincérité des débats et convaincre de nouvelles personnes de s’engager dans la lutte pour des conquêtes collectives positives : abroger la réforme des retraites, augmenter les salaires, bloquer les prix, sauver l’hôpital et les services publics, assurer la gratuité et la qualité de l’Ecole, obtenir l’égalité hommes/femmes, sauver nos villes et nos campagnes des mains des bétonneurs…tant de mesures largement souhaitées et tant attendues dans le pays.
Il faut s’y mettre toustes ensemble, sans place réservée ni hiérarchie, sans opposition entre partis et syndicats, entre encarté·es et non encarté·es, sans condition d’adhésion… avec ouverture, respect et curiosité. C’est le minimum pour bâtir un Front populaire… vraiment populaire !