Castelnau-le-Lez : une ville qui efface ses terres nourricières

Face à la démolition discrète par petits bouts du site de Sablassou, Frédéric Ortiz dénonce l’absurdité d’un hyper-urbanisme.

À Castelnau-le-Lez, au bord du Réseau express vélo, un terrain de 3 000 m² va être rasé. La maison ancienne qui s’y dressait, bâtie en pierre de Castries et dotée d’un puits, a été démolie sur décision municipale. Pour Frédéric Ortiz, coprésident des semeurs de jardins, ce n’est pas un simple fait divers immobilier, mais un symbole d’une fuite en avant urbaine qui sacrifie le vivant et l’intérêt général. « On aurait pu y créer la Maison de l’alimentation solidaire de Castelnau, à l’image de celles de Montpellier », explique-t-il, encore amer.

Son projet, mûri depuis plusieurs années, proposait un modèle concret d’écologie sociale : une épicerie solidaire en circuits courts, un tiers-lieu avec des ateliers, des associations comme Le Vieux Biclou ou Compostons, et surtout un point d’ancrage pour une politique alimentaire locale. Tout cela au cœur d’un quartier traversé chaque jour par plus d’un millier de piétons et de cyclistes. « C’était un lieu de passage, de rencontres, de lien social. Aujourd’hui, c’est un terrain vide promis à des équipements sportifs dont personne n’a réellement besoin. »

Car l’absurdité, pour Frédéric Ortiz, est là : multiplier les zones de loisirs et d’immeubles alors que les terres agricoles disparaissent. « Cette terre est d’une qualité exceptionnelle », rappelle-t-il. « Les anciens y cultivaient, il y a de l’eau, à peine à huit mètres de profondeur. Chaque nouvelle construction fait baisser la nappe phréatique. » À quelques centaines de mètres, la future clinique du Parc menace elle aussi de bétonner le secteur. « Ce quartier, autrefois nourricier de Montpellier, est en train d’être défiguré. »

Un contre-modèle d’aménagement

Le projet de Maison de l’alimentation solidaire, soutenu par plusieurs partenaires (CIVAM Bio, INRAE, CCAS, SupAgro), proposait un contre-modèle d’aménagement : réhabiliter plutôt que raser, cultiver plutôt que construire, et replacer la solidarité au cœur de la ville. « Nous sommes près de 30 000 habitants et il n’existe aucun lieu digne de ce nom pour la distribution alimentaire. Les familles reçoivent les colis sur un parking, derrière une école. Ce n’est pas normal. »

En détruisant ce bâtiment avant même la validation du PLUi, la municipalité a, selon lui, fermé la porte à une expérience exemplaire. « Il suffisait d’attendre deux ans, de sécuriser le site et de tester ce modèle. C’était faisable, humainement et écologiquement sensé. » Mais voilà, à Castelnau-le-Lez, la logique comptable l’a emporté sur la vision collective. « On construit toujours plus, sans se demander pour qui ni pourquoi. Ce qu’il faut, c’est redonner vie à ces lieux, pas les effacer. »

[VIDEO] Interview avec Frédéric Ortiz :

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